“L’Est et l’Ouest se rejoignent davantage”. Le pape se rend à Barhein mais n’oublie pas “l’Ukraine tourmentée”. “La paix n’est jamais armée”

“Chers frères et sœurs, s’il vous plaît, n’oublions pas l’Ukraine tourmentée : prions pour la paix, prions pour qu’il y ait la paix en Ukraine”. Telles sont les paroles du pape François lors de l’Angélus, qu’il a dirigé depuis la fenêtre du Palais apostolique donnant sur la place Saint-Pierre, où environ 20 000 fidèles étaient présents. A l’occasion, Bergoglio a annoncé qu’après-demain il partirait pour un voyage apostolique au Royaume de Bahreïn, où je resterai jusqu’à dimanche”.

“Dès maintenant – a-t-il ajouté – je souhaite saluer et remercier le Roi, les Autorités, les frères et sœurs dans la foi, et toute la population du pays, en particulier ceux qui travaillent depuis un certain temps à la préparation de ce visite”.

“Ce sera un Voyage – a expliqué François – au nom du dialogue: en effet, je participerai à un Forum qui thématise la nécessité essentielle pour l’Orient et l’Occident de se rencontrer davantage pour le bien de la coexistence humaine ; J’aurai l’occasion de discuter avec des représentants religieux, en particulier des musulmans. Je demande à chacun de m’accompagner par la prière, afin que chaque rencontre et événement soit une occasion fructueuse de soutenir, au nom de Dieu, la cause de la fraternité et de la paix, dont notre temps a un besoin criant et urgent”.

Le thème de la paix était également au centre de la catéchèse de François pour la fête de la Toussaint, qui était l’occasion de rejeter une “vision stéréotypée”, celle d’une “image sainte”. En fait, explique-t-il, “les Béatitudes de Jésus, qui sont la carte d’identité des saints, montrent exactement le contraire: elles parlent d’une vie à contre-courant, d’une vie révolutionnaire ! Les saints sont les vrais révolutionnaires”.

“Prenons par exemple une béatitude très actuelle: ‘Heureux les artisans de paix’, et nous voyons à quel point la paix de Jésus est très différente de ce que nous imaginons. Nous voulons tous la paix, mais souvent ce que nous voulons n’est pas vraiment la paix, c’est être en paix, être laissé en paix, ne pas avoir de problèmes mais la tranquillité. Jésus, par contre, n’appelle pas bienheureux les tranquilles, ceux qui sont en paix, mais ceux qui font la paix et se battent pour faire la paix, les bâtisseurs, les pacificateurs”.

Selon le Pape, “la paix doit être construite et, comme toute construction, elle demande engagement, collaboration et patience. Nous nous voudrions que la paix pleuve d’en haut, au lieu de cela la Bible parle de la ‘semence de la paix’, parce qu’elle germe du sol de la vie, de la semence de notre cœur; elle grandit en silence, jour après jour, par des œuvres de justice et de miséricorde, comme nous le montrent les témoins lumineux que nous célébrons aujourd’hui. Encore une fois, nous sommes amenés à croire que la paix vient avec force et puissance: pour Jésus, c’est le contraire. Sa vie et celle des saints nous disent que la semence de la paix, pour croître et porter du fruit, doit d’abord mourir. La paix ne s’obtient pas en conquérant ou en battant quelqu’un, elle n’est jamais violente, elle n’est jamais armée”.

“Je voyais dans l’émission ‘A son image’ – a confié le Pape – tant de saints qui se sont battus, ont fait la paix mais avec du travail, donnant leur vie, offrant leur vie. Comment devient-on alors des artisans de paix? Avant tout, il faut désarmer le cœur. Oui, parce que nous sommes tous équipés de pensées agressives, les unes contre les autres, de paroles tranchantes, et nous pensons nous défendre avec les barbelés de la plainte et les murs de béton de l’indifférence; et entre la plainte et l’indifférence nous nous défendons, mais ce n’est pas la paix, c’est la guerre. La graine de paix demande de démilitariser le champ du cœur. Comment va ton coeur? Est-ce démilitarisé ou est-ce ainsi avec ces choses, avec la plainte et l’indifférence, avec l’agression ? Et comment le cœur est-il démilitarisé ? Ouverture à Jésus, qui est ‘notre paix’; debout devant sa Croix, qui est la chaise de la paix; recevant de lui, dans la Confession, “le pardon et la paix”.

De là nous commençons, car être des artisans de paix, être des saints, ce n’est pas notre capacité, c’est son don, c’est la grâce. Frères et sœurs, regardons à l’intérieur et demandons-nous: sommes-nous des bâtisseurs de paix ? Là où nous vivons, étudions et travaillons, apportons-nous des tensions, des mots qui blessent, des paroles qui empoisonnent, des polémiques qui divisent ? Ou ouvrons-nous la voie de la paix: pardonnons-nous à ceux qui nous ont offensés, prenons soin des marginaux, réparons-nous certaines injustices en aidant ceux qui ont moins? C’est ce qu’on appelle construire la paix”.

“Cependant, une dernière question peut se poser – a poursuivi le Pape – qui vaut pour chaque béatitude : est-il convenable de vivre ainsi? Pas un perdant? C’est Jésus qui nous donne la réponse: les pacificateurs “seront appelés enfants de Dieu”: dans le monde ils semblent déplacés, parce qu’ils ne cèdent pas à la logique du pouvoir et l’emportent, au Ciel ils seront les plus proches de Dieu, le plus semblable à Lui Mais, en réalité, même ici celui qui l’emporte reste les mains vides, alors que celui qui aime tout le monde et ne fait de mal à personne gagne: comme le dit le Psaume, “l’homme de paix aura des descendants”. Que la Vierge Marie, Reine de tous les saints, nous aide à être des bâtisseurs de paix au quotidien”.

Après l’Angélus, le Pape a également rappelé que “demain est consacré à la commémoration de tous les fidèles défunts. En plus de faire la visite traditionnelle sur les tombes de nos proches, je vous invite à vous en souvenir dans la prière de suffrage, en particulier lors de la Sainte Messe”.

François a également salué les participants à la Course des Saints, promue par la Fondation “Missioni Don Bosco”, pour vivre l’anniversaire de la Toussaint dans une dimension de fête populaire. Merci pour votre bonne initiative et pour votre présence!”

S.I.