Accord Chine-Vatican : un risque d’instrumentalisation du Saint-Siège ?

La participation de Mike Pompeo à une conférence sur la liberté religieuse à Rome en pleine campagne électorale américaine représente-t-elle une tentative d’instrumentaliser le Pape ? “Oui” répond Mgr Paul Richard Gallagher, le Secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats. “Et c’est une des raisons pour lesquelles le Pape ne reçoit pas” en audience le Secrétaire d’Etat américains en visite en Italie du 29 septembre au 1er octobre, a-t-il ajouté s’adressant à des journalistes en marge de cette rencontre organisée par l’Ambassade américaine près le Saint-Siège, ouverte par Mike Pompeo en personne.
“Vous ne m’entendrez prononcer aucun nom d’aucun pays”, pas même de “la Chine”, “c’est ça l’usage dans la diplomatie vaticane, ne pas dire de nom ou porter d’accusation est un des principes de la diplomatie vaticane” a expliqué Mgr Gallagher. Un journaliste l’interrogeant pour savoir si cette initiative américaine était une forme d’ingérence dans les affaires du Saint-Siège, le prélat a prudemment assuré que “normalement, quand on prépare des visites d’officiels de si haut niveau, l’agenda est arrangé en privé et confidentiel; et une des règles de la diplomatie donne la possibilité aux deux parties de définir l’organisation”, et non de l’imposer.

De son côté, Mike Pompeo a à nouveau appelé le Pape François a faire preuve de “courage” dans le combat contre les persécutions religieuses, en particulier concernant la Chine avec laquelle le Vatican est sur le point de renouveler un accord sur la nomination des évêques. Un accord qui permet à Rome et Pékin d’écarter le risque de schisme de l’Eglise catholique en Chine, en s’entendant sur la nomination commune des prélats chinois. Et évitant ainsi, d’une part des nominations massives directement décidées par le seul PCC, sans concertation avec le Saint-Siège, et d’autre part l’apparition parallèle d’évêques chinois “clandestins” mais fidèles au Pape.

“Je fais appel à tous les leaders religieux afin qu’ils trouvent le courage pour affronter les persécutions religieuses de leur communauté ou d’autres”. Et de continuer : “les leaders chrétiens doivent défendre leurs frères et soeurs en Irak, Corée du Nord et à Cuba”. Mais selon lui, “nul n’attaque plus la liberté religieuse que la Chine”, “car comme tous les régimes communistes, le Parti communiste chinois (PCC) se considère comme l’autorité moral ultime. Le PCC est toujours plus répressif, apeuré par sa propre absence de légitimité démocratique” a dénoncé le représentant américain.