Appel du pape François pour ceux qui sont injustement détenus dans des pays étrangers. Des milliers en Syrie et 40 à Guantanamo

©LAPRESSE 07-02-2002 GUANTANAMO BAY ESTERI CAMP X-RAY NELLA FOTO: MARINES AMERICANI ACCOMPAGNANO UN DETENUTO r

“Je tiens à assurer mes prières aux personnes injustement détenues à l’étranger ». Cela a été dit à la fin de l’Angélus d’aujourd’hui par le Pape François qui a rappelé qu’il existe de nombreux cas dans le monde. “J’espère – a-t-il conclu – que dans l’accomplissement consciencieux de la justice, ces personnes pourront retourner dans leur patrie dès que possible”.

On ne sait pas exactement à qui fait référence le pape François, mais l’allusion aux “pays étrangers” fait d’abord penser aux milliers d’enfants de nombreuses nationalités occidentales et asiatiques qui font face à une vie d’enfermement dans des camps et des prisons du nord Syrie, avec peu d’espoir d’être libérée par les autorités kurdo-syriennes soutenues par les Etats-Unis, comme le rapporte la BBC avec un reportage en juillet dernier dans les régions du nord-est de la Syrie, administrées par les Kurdes et où se trouvent des camps de réfugiés et des centres de rééducation sont situés pour les mineurs qui ressemblent à des prisons.

Au lieu de cela, plusieurs prêtres et deux évêques orthodoxes enlevés en Syrie ces dernières années restent entre les mains de l’Etat islamique, dont le sort est en réalité inconnu. Parmi eux le père Paolo Dall’Oglio, le jésuite italien dont on est sans nouvelles définitives depuis le 29 juillet 2013.
Des enlèvements ont également eu lieu ces derniers mois en Haïti et dans plusieurs pays africains, notamment au Nigeria, où pourtant les victimes sont presque toujours des Nigérians (des centaines, si l’on pense aux étudiants enlevés par Boko Haram).

A Guantanamo, dans la base américaine illégalement présente sur le territoire cubain, il restait 40 détenus manifestement étrangers, dont 17 classés comme “détenus de grande valeur”, comme Khalid Sheikh Mohammed, qui est accusé d’être le cerveau des attentats du 11 septembre 2001. A ce jour, le nouveau président Joe Biden ne s’est pas exprimé sur l’avenir des détenus et sur celui de l’installation de Guantanamo, n’ayant pas repris l’hypothèse formulée par Barak Obama en 2009 de fermer la prison et de transférer les détenus dans des prisons nationales. Pour ce faire, il faudrait le vote favorable du Congrès et l’accord de la CIA, qui détient une force spéciale, la Task Force Platinum, chargée de la tâche de surveillance assidue.
Obama a signé l’ordre de fermer la prison (évidemment pas la base), mais le Sénat a rejeté cette hypothèse à une large majorité ; Donald Trump avait déclaré en 2018 qu’il ne poursuivrait pas le projet de son prédécesseur.

Enfin, au 31 décembre 2020, 53 364 détenus étaient présents dans les prisons italiennes, dont 17 344 étaient de nationalité autre qu’italienne. 32,5% des détenus étaient donc d’origine étrangère à cette date. Il s’agit d’une surreprésentation importante étant donné que les étrangers résidents représentent 8,7 % de la population résidente globale. Les populations les plus présentes parmi les détenus en Italie sont marocaines, albanaises, roumaines, tunisiennes, nigérianes, gambiennes, égyptiennes, algériennes, sénégalaises et pakistanaises. Venir d’Amérique latine et des Balkans est très fréquent chez les femmes.
Au 31 décembre 2020, le continent le plus représenté parmi la population carcérale étrangère en Italie était l’Afrique, avec 9 261 détenus restreints, dont la plupart provenaient d’Afrique du Nord : le Maroc (3 308) et la Tunisie (1 775), tandis que le Nigéria avec ses 1 451 détenus reste le seul État d’Afrique subsaharienne à détecter les prisonniers en Italie.
De la zone UE viennent 2 691 détenus à la même date, tandis que l’Albanie avec 1 956 détenus est l’État des Balkans non membre de l’UE avec le plus grand nombre de détenus en Italie.
Les détenus étrangers ont tendance à être plus jeunes que les Italiens. Avec les tranches d’âge les plus représentées allant de 25 à 44 ans. Près de 10 % des détenus étrangers ont entre 21 et 24 ans, alors que seulement 3,6 % des détenus italiens appartiennent à cette tranche d’âge. Les Italiens ont pour la plupart entre 35 et 59 ans.
Au 31 janvier 2021, sur un total de 17 291 détenus étrangers présents, 18,1 % des étrangers étaient en prison dans l’attente d’un premier jugement. Même dans ces cas, il s’agit souvent de détentions arbitraires.

Sante Cavalleri