Arménie : le chef de l’Église apostolique appelle le Premier ministre à la démission pour préserver l’unité nationale

Le Catholicos Karekin II, le chef suprême de l’Église apostolique arménienne, a adressé un message au chef du gouvernement arménien, en réaction aux semaines de guerre dans le Haut-Karabakh contre l’Azerbaïdjan, qui ont fragilisé le pays et son unité après un accord de cessez-le-feu vécu comme une lourde défaite par le peuple arménien, lésé de plusieurs territoires où il vivait depuis les années 1990.

“Il est préférable que l’actuel Premier Ministre arménien, Nikol Pashinyan, quitte ses fonctions et que son gouvernement démission pour éviter des développements traumatisants dans la vie publique et de possible conflits s’accompagnant de conséquences tragiques” a ainsi lancé le Catholicos face à la grave crise socio-politique qui traverse actuellement l’Arménie.

Après la signature de l’accord le 10 novembre dernier mettant fin au dernier conflit en date au Haut-Karabakh, région à majorité arménienne incluse dans les frontières de l’Azerbaïdjan, les mouvements de protestations se sont multipliés contre l’exécutif.  La signature du cessez-le-feu, conclu par la médiation de la Russie, a été vue par une large partie de la population et des secteurs politiques nationaux, comme une défaite destinée à renforcer le contrôle du gouvernement azerbaïdjanais sur l’enclave arménienne – où en 1991, les responsables locaux avaient proclamé la République indépendante de l’Artsakh, non reconnue par la communauté internationale, rappelle le site d’information religieuse Fides.

L’accord, obtenue en fin de soirée du 9 novembre, a mis fin à six semaines de féroces combats entre militaires azerbaïdjanais et arméniens envoyés par Erevan. Il prévoyait le retrait des forces arméniennes du territoire azerbaïdjanais, le retour des évacués à leurs zones de résidence respectives et le déploiement de troupes russes dans une fonction de maintien de la paix dans cette zone sécessionniste du Karabakh pour les cinq prochaines années.

En Arménie, les manifestations contre le gouvernement, alimentées par l’opposition, ont débuté le soir même de la signature de l’accord, présenté également par le Président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, comme une véritable capitulation d’Erevan, précise Fides.

Désormais, reconnaît Karekin II, pour l’opinion général “cette situation délicate pourra trouver sa solution seulement au travers de moyens constitutionnels, en faisant prévaloir la solidarité nationale et le bon sens”. Dans son message, le Catholicos a demandé à l’Assemblée nationale “d’agir de manière responsable pour notre patrie en ce moment critique, d’écouter les requêtes du peuple, d’élire un nouveau Premier Ministre dans le cadre de consultations avec les forces politique et de former un gouvernement par intérim”.

Nikol Pashinyan était à son tour arrivé au pouvoir sur l’onde de protestations populaires qui avait porté à la démission de Serž Sargsyan, le responsable politique qui avait guidé le pays d’abord comme Président puis, pendant quelques mois, comme Premier Ministre depuis 2008, lequel réclame à grands cris le départ de son successeur.

Source : Fides