Congo. Trafic illégal d’uranium – Vidéo (Fulvio Beltrami)

L’uranium est l’une des matières premières les plus précieuses et les plus sensibles de la planète. Ce minéral radioactif est utilisé non seulement pour faire fonctionner des centrales nucléaires pour produire de l’électricité, mais aussi pour concevoir des bombes. Bien que le commerce mondial de l’uranium soit très réglementé, les experts de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) s’alarment de l’augmentation des trafics illégaux. Au Congo, les mines à ciel ouvert sont exploitées par des « creuseurs» illégaux et le minerai est exporté vers des pays comme la Chine et l’Iran.

La ruée nucléaire dans les pays développés, et par conséquent la ruée vers l’uranium en Afrique, s’accompagne d’une série de malheurs : les populations vivent dans des territoires convoités par des entreprises, légales et illégales, qui imposent la loi de la jungle et la violence ; la corruption de l’État considère les dépôts d’uranium comme des comptes bancaires personnels, laissant les travailleurs non protégés et leurs communautés sombrer dans une pauvreté scandaleuse.

Le cas du méga mine de Shinkolobwe dans la province d’Alto Kaganta, à 145 km au nord-ouest de la ville de Lumumbaschi, est emblématique. C’est la mine où a été extraite la quantité d’uranium nécessaire à la fabrication des deux bombes atomiques américaines utilisées à la fin de la guerre avec le Japon. La mine a été officiellement fermée en 2004 à la suite d’une tragédie minière qui a fait 100 morts.

Malheureusement, dès sa fermeture, le gisement est devenu une source de trafic illicite d’uranium, grâce à la complicité des autorités congolaises. En juillet 2006, le Comité Congo du Conseil de sécurité de l’ONU a publié un rapport sur l’extraction artisanale d’uranium de la mine de Shinkolobwe et la vente de contrebande à l’Iran.

Selon l’enquête de l’ONU, environ 100 kilogrammes d’uranium-238 et d’uranium-235 stables ont été illégalement vendus à l’Iran grâce à la complicité des gouvernements du Congo, de Tanzanie et de Zambie. Les tentatives d’Interpol pour obtenir la collaboration de ces trois gouvernements africains ont sombré dans une mer de promesses et de reports constants.
Insoutenable la position du gouvernement de Kinshasa qui a ouvertement ignoré l’accord de sauvegarde de l’extraction et de la vente d’uranium signé avec la AIEA obligeait la République démocratique du Congo à rendre compte de ses activités minières et de ses exportations. ‘uranium.

Pendant longtemps, le gouvernement congolais a joué le jeu de l’hypocrisie envers la communauté internationale en n’adoptant pas de mesures utiles et durables concernant l’interdiction d’accès à cette mine d’uranium. De plus, il n’a jamais eu la volonté de prendre des mesures de sécurité pour assurer la protection des travailleurs contre les matières radioactives dangereuses de Shinkolobwe, alors que l’uranium et tous les minéraux radioactifs congolais sont considérés comme des «substances confidentielles» par le Code minier congolais et devraient être soumis à des règles particulières et réglementation pour leur exploration et leur exploitation.

Même les Nations Unies, à travers ses agences PNUE et OCHA ont leur lourde part de responsabilité car elles n’ont effectué aucun contrôle rigoureux pour s’assurer que le gouvernement congolais a pris des mesures de sûreté et de sécurité pour assurer une protection adéquate des matières nucléaires et radioactives.

De nombreuses personnes ont continué d’être irradiées par les produits miniers de contrebande de Shinkolobwe où les activités minières illégales emploient environ 20 000 personnes travaillant sans aucune protection et dans des conditions inhumaines. Les circuits mafieux tenus par des étrangers (libanais, nord-coréens, indiens, pakistanais, chinois) sont devenus les principaux «marchands» d’uranium de la mine de Shinkolobwe.

Pour tenter d’arrêter ces activités illégales, l’État congolais a signé en mars 2009 un contrat d’exploration et d’exploitation de l’uranium congolais avec le groupe nucléaire français AREVA. Un contact jusque-là tenu secret. Au moment de la signature, le Président français Nicolas Sarkozy était présent aux côtés de la présidente d’AREVA: Mme Anne Lauvergnon. Le facilitateur de l’accord était le consul honoraire de France à Lubumbashi : George Arthur Forrest, un opérateur minier bien connu au Congo proche de l’ancien président dictateur Joseph Kabila et de son parti : le PPRD (Parti populaire pour la reconstruction et le développement).

La mine de Shinkolobwe représente un atout précieux pour le groupe AREVA et une importance stratégique pour les besoins en uranium non seulement en France, dont l’électricité est produite à 80 % par des centrales nucléaires. Les besoins en uranium de l’Europe devraient doubler d’ici 2030. AREVA avec la mine de Shinkolobwe est en mesure de fournir les quantités d’uranium requises, avec des bénéfices évidents et inimaginables.

AREVA reste incontestablement le géant mondial du nucléaire 9 : sa stratégie de groupe intégrée tout au long de la chaîne nucléaire le pousse à vendre partout des réacteurs et leur combustible. AREVA exploite des mines d’uranium au Niger, au Congo-Kinshasa, en Namibie, au Canada et au Kazakhstan. Depuis 2010, elle mène des activités d’exploration dans plusieurs pays (dont le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Mongolie, l’Australie, la Jordanie).

En 2008, AREVA a extrait 6 300 tonnes d’uranium, soit 14 % de part de marché mondial. La production a augmenté en 2012 pour atteindre 12 000 tonnes. La mine congolaise représente 48 % de l’uranium total extrait et vendu à partir de 2012.

Fulvio Beltrami

Le documentaire que nous vous proposons (réalisé en 2016 par Imineo Documentaires) explique de manière exhaustive tout le contexte de l’uranium congolais nous révélant que malgré la collaboration avec AREVA le marché de l’uranium au Congo reste opaque et ouvert à toutes les possibilités de acheteurs, y compris tout groupe terroriste international.