Dans le Haut-Karabakh, le meurtrier dégel de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Les bombardements dans le Haut-Karabakh, dans sa capitale auto-proclamée Stepanakert par l’Azerbaïdjan, et à Ganja, deuxième ville d’Azerbaïdjan, ont déjà fait au moins 200 morts parmi les soldats et 18 tués civils. “Nous sommes extrêmement inquiet par ce qu’il est en train de se passer et nous pensons que les parties doivent cesser le feu et s’assoir à la table des négociations”, a fait savoir le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov, qui a expliqué que, dans cette phase, “nous sommes très actifs du point de vue diplomatique”, soulignant que “la Russie est un des pays qui peut jouer les médiateurs pour trouver une solution à ce conflit”.

La guerre dans le Haut-Karabakh se joue entre les sécessionnistes arméniens, soutenus par l’Arménie qui revendique le droit à l’auto-détermination des peuples, et les forces armées de l’Azerbaïdjan. Un conflit gelé depuis près de trente ans dans cette région du Caucase, enclave séparatiste peuplée d’Arméniens mais revendiquée par l’Azerbaïdjan, a viré à l’escalade fin septembre.

L’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie et l’Iran

“Erevan (capitale arménienne) doit reconnaître l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, s’excuser avec son peuple et admettre que la région contestée ne fait pas partie de l’Arménie” a déclaré le président azéri Ilham Aliyev, qui s’est réjoui du soutien apporté par la Turquie, clairement déterminée à aider le pays à “récupérer ses terres occupées” du Haut-Karabakh, via un soutien politique et militaire, notamment en envoyant mercenaires syriens et équipements dans le Caucase sud.

Soutien aussi de Bakou, l’Iran est sur la même ligne : “nous voulons que l’Arménie restitue ces terres occupées à l’Azerbaïdjan” a affirmé Ali Akbar Velayati, influent conseiller en politique étrangère du Guide Suprême iranien. “Nous respectons l’intégrité territoriale de toutes les nations, qui est un des principes de la charte des Nations-Unies” a assuré le conseiller iranien, précisant que “dans ce cas spécifique, le territoire d’un pays est occupé par un autre pays”, “une partie du sud de la République d’Azerbaïdjan, environ sept villes sont occupées par l’Arménie”.

De son côté, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) de Strasbourg, saisie d’urgence par l’Arménie, rappelle que “tous les Etats, y compris la Turquie, impliqués plus ou moins directement dans le conflit dans le Haut-Karabakh doivent s’abstenir de toute action qui puisse contribuer à la violation des droits civils et doivent respecter les obligations imposées par la Convention européenne des droits humains”.

Des discussions auront lieu cette semaine à Genève et le 12 octobre à Moscou dans le cadre des efforts menés par la France, la Russie et les États-Unis pour tenter d’ouvrir des négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.