Dans l’Église, chacun a le droit de parler. Pape François: “écouter aussi les insultes”

Dans l’Église chacun doit être écouté «pour entendre ce qu’il ressent, même les insultes». C’est l’un des passages les plus significatifs du discours long et dense que le pape François a adressé au diocèse de Rome reçu en audience dans la salle Paul VI. Le pape Bergoglio a dressé une feuille de route pour suivre le cheminement synodal qui se déroulera entre octobre 2021 et octobre 2023.

«Ces pauvres et mendiants que la société rejette font-ils partie du Synode? Oui mon cher – Bergoglio l’a observé à l’improviste – ils font partie de l’Église, au point que si vous ne les appelez pas – et vous trouverez un moyen ou vous irez vers eux pour entendre non pas ce qu’ils disent mais pour entendre ce qu’ils ressentent, même les insultes, ou vous ne faites pas bien le Synode. Reprenez le dialogue sur nos misères, qui ont des prêtres laïcs, qui appartiennent à des associations. Si on ne s’occupe pas des « misérables», de ceux qui ont de la misère, ça ne marchera pas.

Dans le dialogue nos misères émergent sans nous justifier». Au début du discours, Bergoglio a réprimandé : «Je suis ici comme votre évêque pour partager car il est très important que le diocèse de Rome s’engage avec conviction dans le chemin synodal». Sinon, a souligné François, «ce serait un fou pour le diocèse du Pape, pour moi mais aussi pour vous!».

«Le christianisme doit toujours être humain et humanisant, concilier différences et distances, les transformer en familiarité, proximité. Saint Paul VI aimait à citer la maxime de Terence: «Je suis un homme, je ne considère rien de l’humain comme étranger à moi».

La rencontre entre Pierre et Corneille a résolu un problème, a favorisé la décision de se sentir libre de prêcher directement aux païens, dans la conviction – selon les mots de Pierre – «que Dieu ne préfère pas les gens». Au nom de Dieu on ne peut pas discriminer», a expliqué le pape François dans son discours en audience avec les fidèles du diocèse de Rome dans la salle Paul VI, précisant que «on ne peut pas comprendre la ‘catholicité’ sans faire référence à ce champ large et hospitalier, qui ne marque jamais les frontières».

«L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain». Dans cette phrase, qui recueille le témoignage du Concile de Jérusalem, il y a le déni de ceux qui s’obstinent à prendre la place de Dieu, prétendant modeler l’Église sur leurs propres convictions culturelles et historiques, la forçant à des frontières armées, à des coutumes coupables, à une spiritualité qui blasphème la gratuité de l’action engageante de Dieu », a averti le Pontife: «Lorsque l’Église est témoin, en paroles et en actes, de l’amour inconditionnel de Dieu, de sa largeur hospitalière, elle exprime véritablement sa propre catholicité. Et il est poussé, intérieurement et extérieurement, à traverser les espaces et les temps».

Selon Bergoglio, «il y aura toujours des discussions et c’est bien, mais il faut chercher des solutions en donnant la parole à Dieu et à ses voix parmi nous; prier et ouvrir les yeux sur tout ce qui nous entoure; pratiquer une vie fidèle à l’Évangile; interrogeant la Révélation selon une herméneutique pèlerine qui sait sauvegarder le chemin commencé dans les Actes des Apôtres. Sinon le Saint-Esprit serait humilié».

«Il y a toujours la tentation de faire cavalier seul, exprimant une ecclésiologie substitutive, comme si, étant monté au Ciel, le Seigneur avait laissé un vide à combler, mais les paroles de Jésus sont claires: ‘Je prierai le Père et il donnera-t-il un autre Paraclet pour rester avec vous pour toujours. Je ne vous laisserai pas orphelins’ Dans cette phrase, qui recueille le témoignage du Concile de Jérusalem, il y a le déni de ceux qui s’obstinent à prendre la place de Dieu, prétendant modeler l’Église sur leurs propres convictions culturelles et historiques, forçant cela aux frontières armées, aux coutumes coupables, à la spiritualité qui blasphèment la gratuité de l’action engageante de Dieu», a souligné François.