Des vaccins pour tous. Et un cessez-le-feu mondial. L’intervention de Parolin à l’ONU

A côté des indéniables motifs d’inquiétude, il y a dans le monde d’aujourd’hui “nombreux sont les signes d’espoir”, et ce “même dans nos sociétés fatiguées”.

“Être des bâtisseurs de paix, c’est trouver ces germes et ces germes de fraternité”. Devenir des ponts de communion, ne pas se détourner de la souffrance des migrants et des réfugiés, a déclaré le secrétaire d’État Pietro Parolin s’exprimant via le Web lors de la réunion de l’Assemblée des Nations Unies à New York sur le thème: “Construire la résilience par l’espoir”.

Espoir à retrouver aussi dans les graines semées “héroïquement” lors de la pandémie qui ont montré comment le monde n’a pas besoin d’isolement mais de “proximité fraternelle” fondée sur les “réserves de bonté présentes dans les cœurs humains”.

“Nous travaillons ensemble pour leur donner l’avenir, pour s’épanouir en paix”. “La paix – a dit le secrétaire d’Etat, rappelant les paroles du Pape en Irak – n’exige pas de gagnants ou de perdants, mais plutôt des frères et sœurs qui, malgré tous les malentendus et blessures du passé, passent du conflit à l’unité”. Parolin a cité les paroles du Pape sur la crise pandémique dont il faut sortir changé, nous exhortant à travailler ensemble pour alléger les souffrances de ceux qui n’ont pas accès aux vaccins “qui – a dit le cardinal – doivent être accessibles à tous, en particulier dans le zones de conflit et dans des contextes humanitaires”.

Central, donc, dans l’intervention du premier collaborateur du pape Bergoglio était le thème des soins de santé “largement débordés par la pandémie” et qui ont laissé “de nombreuses personnes sans soins suffisants ou sans aucun traitement”. Le secrétaire d’État nous a invités à nous attarder sur la fragilité et les lacunes des systèmes économiques avec la grave récession économique qui a rendu les pauvres encore plus vulnérables. La lutte contre la corruption, qui augmente précisément à cause de la pandémie, est également fondamentale.

Le Covid – souligne Vatican News, rendant compte de l’intervention de Parolin – a également affecté l’Agenda 2030 pour le développement durable qui a ralenti ses objectifs. L’invitation de Parolin est de “repenser la relation entre les individus et l’économie et faire en sorte que les modèles économiques et les programmes de développement restent au service des hommes et des femmes, notamment ceux en marge de la société, plutôt que d’exploiter à la fois les hommes et les ressources naturelles”. Ne pas laisser de côté les pauvres, c’est l’exhortation du cardinal. Evoquant la COP26 à Glasgow, le cardinal nous a ensuite invité à en profiter pour redémarrer après des décennies d’inactivité qui ont eu des effets dévastateurs sur le climat mais aussi sur la vie des gens. Mes pensées se tournent vers Haïti, un pays frappé par des catastrophes naturelles, avec « un peuple qui souffre déjà des défis politiques et des urgences humanitaires » auxquels il fait face. D’où l’appel lancé à la communauté internationale pour aider au développement “durable et soutenable” du pays.

L’espoir vient aussi des nombreuses avancées technologiques. La guerre et la possession d’armes de destruction massive éteignent plutôt l’espoir. “La récente situation humanitaire en Afghanistan et les tensions politiques persistantes en Syrie et au Liban, ainsi qu’en d’autres lieux, nous rappellent clairement – dit le cardinal Parolin – l’impact que les conflits ont sur les peuples et les nations”.

“Le Saint-Siège invite les États à écouter l’appel du Secrétaire général et du Pape François pour un cessez-le-feu mondial et une responsabilité humanitaire partagée”. “Un pas en avant”: c’est ainsi que se définit l’entrée en vigueur en janvier dernier du Traité d’interdiction des armes nucléaires.

“Le Saint-Siège – on l’espère – espère fermement que cela stimulera également les progrès dans la mise en œuvre du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), dont la Conférence d’examen est prévue pour janvier prochain”.

Dans le message vidéo aux Nations unies, le cardinal a dénoncé que “trop souvent, le droit humanitaire est pris comme une recommandation plutôt qu’une obligation” et pour cette raison « les réfugiés, les migrants et les déplacés internes sont de plus en plus laissés dans les limbes voire laissés à noyer”.

Parolin a également mis en garde contre le risque d’interprétations forcées des ‘nouveaux droits’ qui “non seulement contredisent les valeurs qu’ils doivent défendre, mais sont imposées malgré l’absence de consensus international”. Et “les nouvelles interprétations partielles deviennent malheureusement le point de référence idéologique d’un faux ‘progrès'” générant des polarisations et des divisions”.

Alors que l’ONU doit être revitalisée et que les membres du Conseil permanent « sont appelés à devenir les principaux artisans de la paix dans le monde », même s’ils semblent aujourd’hui bloqués dans une sorte d’impasse.

“Le Saint-Siège – Parolin conclu – voit avec inquiétude la poussée de certains à briser l’utile division du travail entre comités, commissions, réunions et processus, transformant tout le monde en organes qui se concentrent sur un nombre limité de questions controversées”.