États-Unis : Donald Trump révèle son programme pour 2021 s’il est élu

Lundi 10 février, le président américain Donald Trump a tenu un meeting à Manchester, dans l’Etat du New Hampshire, premier rassemblement de ses troupes depuis qu’il a échappé à l’impeachment (grâce à la majorité républicaine du Sénat) voulu par la Chambre des députés (à majorité démocrate).
Dans la longue course à l’élection présidentielle américaine 2020, l’Etat du nord-est était le second à voter aux primaires une semaine après la débâcle du caucus démocrate dans l’Iowa. Une débâcle raillée par le président américain, candidat à sa propre succession. Dans un stade bondé, Trump a encouragé ses soutiens à aller voter aux primaires démocrates dans le New Hampshire pour le candidat le plus faible, de façon à créer l’incertitude dans la compétition adverse. Et en effet, tout électeur – 415 000 dans le New Hampshire – peuvent voter aux primaires des deux partis.

Le budget 2021

Cette semaine, l’Administration Trump a présente son projet de budget pour l’an prochain, dernier budget qui sera présenté au Congrès avant le scrutin présidentiel en novembre, dernière patte blanche pour espérer un second mandat. Il s’agit d’un plan budgétaire de 4,8 billions de dollars qui, écrivent le New York Times et le Washington Post, inclut une liste d’importantes coupes dans les programmes d’aide domestique (dont les bourses scolaires, les allocations logement, les bons alimentaires et le Medicaid), d’éducation et de protection de l’environnement. Un choix qui reflète l’effort électorale de Trump pour privilégier la sécurité, l’armement et la lutte contre l’immigration.

Ainsi, il prévoit de réduire les finances du Département de la santé de presque dix milliards de dollars, le budget de l’Agence de protection de l’environnement de 26,5% (-2,4 milliards), de couper de 8% celui du Département de l’Education, etc.

Du côté des dépenses en hausse prévues, un budget grossi pour l’armée, la défense nationale et la protection renforcée des frontières (plus de deux milliards de dollars pour financer la construction du mur le long de la frontière mexicaine).

Le plan de Trump a été largement critiqué par les Démocrates, craignant spécifiquement les répercussions sur les familles à faibles revenus.

L’économie selon Trump

“Il est de plus en plus clair que le président Trump sera difficile à battre en novembre, parce que, malgré certaines réserves des électeurs, il a fait du bien à l’économie américaine. Mais rien n’est moins vrai” a estimé récemment le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz. La croissance et les montants records des actions sont des thèmes populaires. Mais ni le PIB ni les indicateurs boursiers ne sont de bonnes mesures de la performance économique ou des conditions de vie des citoyens. Toujours est-il que, selon le PIB, la croissance du dernier trimestre 2019 a été de 2,1%, largement inférieure aux 6% promis par Trump, et même inférieure aux 2,4% du second mandat de Barack Obama.

Pour avoir une bonne lecture de la santé économique du pays, d’après Joseph Stiglitz, il faut “observer la santé des citoyens. S’ils sont heureux et riches, ils seront en bonne santé et vivront plus longtemps”. Et parmi les pays les plus développés, les Etats-Unis sont en bas du classement côté espérance de vie, déjà assez basse, et qui diminue à chaque année d’administration de Trump, qui “comme aucun autre président, a travaillé à ce que les Américains ne soient pas assurés” pour les questions de santé, souligne l’économiste.

Côté environnement, les pertes liées aux changements climatiques ont atteint des records aux Etats-Unis, plus touchés que les autres pays, représentant 1,5% du PIB en 2017.

Quant au taux de chômage, qui est un des points forts de l’actuelle adiministration, il cache une fragilité économique, selon le prix Nobel. Pour les hommes et les femmes, le taux a moins augmenté que sous Obama et est encore bien inférieur aux autres pays développés. Mais les personnes handicapées ou les prisonniers (le taux de détention a été multiplié par six depuis 1970, avec environ deux millions de personnes détenues aujourd’hui), ou les personnes découragées face aux difficultés à trouver un emploi, ne sont pas comptés comme chômeurs. Et pourtant, ils sont clairement sans emploi. Finalement, il n’est pas surprenant qu’un pays qui n’offre pas d’aide à l’enfance à des prix accessibles ou qui ne garantit pas de congés de maternité, ait le taux d’emploi féminin le plus bas des pays développés.

Extraits de l’article de Francesco Luise