Goma. Les funérailles virent à la manifestation anti-ONU alors que les rebelles du M23 poussent à 24 km de la capitale du Nord-Kivu (F. Beltrami)

Malgré les appels au calme de l’Église Catholique, la situation continue de dégénérer au Nord-Kivu alors que la ville florissante de Goma, sa capitale, devient l’épicentre du drame congolais recherché et contrôlé par des factions politiques au sein du gouvernement, les généraux FARDC et les terroristes rwandais FDLR.

Vendredi à Goma ont eu lieu les funérailles de 10 victimes des manifestations anti-Monusco qui ont éclaté au Nord-Kivu du 25 au 27 juillet. Les obsèques ont débuté par le ramassage public des corps à la morgue de l’hôpital provincial à 9 heures locales transportés en procession sur l’esplanade du stade de l’Unité où ils ont reçu les derniers cadeaux. Placés sous une grande tente, les cercueils en bois de ces dix hommes étaient munis chacun d’une photographie de la victime, devant laquelle était placée une croix avec l’identité du défunt. L’inhumation a eu lieu en début d’après-midi au cimetière de Makao dans le territoire du Nyiragongo.

Au-delà de la douleur compréhensible des familles des victimes, clairement démontrée, l’enterrement s’est transformé en une manifestation contre les Nations Unies et les casques bleus onusiens de la mission de maintien de la paix de la MONUSCO. Une manifestation imprégnée de haine ethnique contre la minorité tutsie congolaise et le Rwanda. Soulevé par les autorités, le public a scandé des slogans hostiles aux casques bleus de la MONUSCO.

Dans la ville toutes les activités commerciales ont été fermés par crainte de pillages par les manifestants assistant aux funérailles, tandis que des soldats de la Garde Républicaine (une unité d’élite de l’armée congolaise) ont été déployés devant les installations de la MONUSCO.

La majorité des participants aux funérailles appartenaient à la sous-classe urbaine de Goma récemment émigrée de Beni et Butembo, à l’origine des violences infligées à la population par les terroristes FDLR et les groupes armés qu’ils contrôlent. Ils ont été rejoints par les chauffeurs des moto-taxis, appelés « motards ». Autre frange marginalisée de la société souvent vouée à la petite délinquance, le trafic de drogue travaillant pour le compte des généraux congolais ou pour les terroristes FDLR, propriétaires de motos, souvent utilisées pour des manifestations violentes.

Il y avait aussi des centaines de jeunes chômeurs semi-analphabètes sans avenir vivant dans la périphérie de Goma, la plus dégradée sans infrastructure, sans égout et sans approvisionnement régulier en eau et électricité. Les familles des victimes appartenaient également aux classes les plus pauvres et les plus vulnérables de Goma. La majorité de la population n’a pas assisté aux funérailles même si elle partageait la douleur des familles des victimes et le ressentiment envers la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo.

Les funérailles ont été organisées dans le but de galvaniser la foule en déclarant les victimes héros révolutionnaires afin de déclencher des sentiments nationalistes et manifestement irrationnels contre les Nations Unies et le Rwanda. Pendant le spectacle organisé (une exploitation politique très cynique de la douleur des familles des victimes), il y a eu des scènes d’hystérie et de folie de masse. Des jeunes enveloppés du drapeau congolais jurant vengeance, les corps de victimes transformés en fétiches mystiques symbolisant la résistance et la volonté de rédemption de la population. L’air était saturé de haine et de colère primitives contre les casques bleus de l’ONU qui, avec les Rwandais, ont assumé de l’imaginaire collectif populaire le rôle de Satan grâce à des années de lavage de cerveau perpétué par des pasteurs des sectes protestantes.

Aucune noble cause ne s’est exprimée dans cette manifestation. Il ne fait pas partie d’une révolution populaire pour imposer la démocratie après des décennies de gouvernements corrompus et despotiques et de violence continue subie par les civils. C’était une arme entre les mains de manipulateurs politiques habiles qui, par le biais de jeunes chômeurs qui se sont transformés en militants de la société civile aspirant à survivre, exploitent le malaise populaire et le désespoir des jeunes pour créer le chaos et la violence utiles à leurs fins politiques et économiques. Ces manipulateurs sont les mêmes responsables depuis vingt ans de crimes contre l’humanité, de guerres et de violences qu’ils utilisent pour pouvoir continuer sans encombre à piller les ressources du pays alors que la population continue de vivre dans une misère dégradante avec un ’espérance de vie non supérieur à 50 ans.

L’idée de cette démonstration de force est née du Commandement militaire des terroristes FDLR, du Gouverneur Militaire de Goma et de divers ministres du gouvernement de Kinshasa qui, après avoir acculé le Président Félix Tshisekedi, le poussent désormais vers une politique extrémist. dans le vers les Nations Unies et la mission de paix au Congo.

Esquissant les grandes lignes et les objectifs de la manifestation, les terroristes FDLR, les généraux et ministres congolais ont confié l’organisation aux “petits”, les pions qui se sont rassemblés mardi dernier au terrain de volley de l’Institut supérieur de commerce ISC de Goma. Parmi eux se trouvait l’organisation extrémiste et xénophobe LUCHA, connue pour ses tactiques de protestation violentes et pour répandre de dangereuses incitations à la haine ethnique et au massacre de la minorité tutsie congolaise.

“Vous pouvez tuer un révolutionnaire mais vous ne pouvez jamais tuer la révolution. Nous continuerons à nous battre pour faire sortir cette armée du sol de notre pays”, a déclaré à l’AFP Josué Wallay Akuzwe, un militant de la LUCHA, arrêté par les autorités de Goma en 2020 pour propagation de la haine ethnique et des actes subversifs contre l’État. Un jeune homme comme tant d’autres sans avenir, désespéré, qui a confondu les nobles idéaux de la défense des droits de l’homme et de la lutte politique pour la démocratie et l’État de droit avec la manifestation d’une haine ancestrale et irrationnelle qui génère non pas des solutions mais la violence avegle. Un outil facile entre les mains de calculateurs cyniques qui font des fortunes colossales grâce à un état éternel de violence et de guerre de basse intensité dont seule la population paie les terribles conséquences.

La manifestation anti-ONU de vendredi a été précédée de la décision du chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula, de déclarer le porte-parole de la MONUSCO Mathias Gillmann PERSONA NON GRATA, demandant aux Nations Unies qu’il quitte au plus vite le territoire congolais. De sources internes à la MONUSCO, nous apprenons que Gillmann était déjà absent du Congo lorsque cette décision a été annoncée. Tout en reconnaissant cette décision du gouvernement congolais, la mission onusienne a déploré jeudi l’expulsion de son porte-parole et s’est engagée à continuer à travailler aux côtés de la population et des autorités congolaises pour mettre en œuvre le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité.

Suite à un rapport controversé de deux experts de l’ONU faisant état de la présence présumée de soldats rwandais dans l’est du Congo en soutien au mouvement politique armé congolais M23, Lutundula a appelé la communauté internationale à appliquer de lourdes sanctions au Rwanda, annonçant la probable expulsion de l’ambassadeur rwandais à Kinshasa.

Les preuves présentées par les experts de l’ONU sont basées sur des images aériennes de colonnes de jusqu’à 500 hommes armés en territoire congolais près des frontières avec l’Ouganda et le Rwanda qui se déplaçaient de manière très organisée avec des équipements militaires, des uniformes et des casques très similaires à ceux des RDF, les forces armées rwandaises.

“Les preuves présentées par le rapport d’expertise de l’ONU ne sont pas suffisantes pour démontrer l’implication directe de l’armée rwandaise au Congo aux côtés des M23. Il n’y a aucune preuve de troupes rwandaises traversant la frontière ou d’interceptions de communications radio du Congo vers le Rwanda. Autant que je sache, le Rwanda se limite à fournir un soutien logistique et des armes au M23 pour contrer la menace continue posée par les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, auteurs du génocide rwandais de 1994. Fait intéressant, le rapport ne mentionne pas le soutien logistique et militaire offert par l’Ouganda au M23. Un soutien bien connu des Nations Unies.

N’oublions pas que le Mouvement du 23 Mars est un mouvement politique armé exclusivement congolais qui s’oppose aux FDLR qui sont au contraire un groupe terroriste étranger originaire du Rwanda qui opère depuis 20 ans au Congo contrôlant de vastes territoires de l’Est riches en minerais et le parc des Virunga où devrait démarrer l’activité de profit petroliere de 19 millions de dollars mensuels. Les FDLR ont toujours été des partenaires commerciaux de l’ancien dictateur congolais Joseph Kabila et sont désormais soupçonnés d’être devenus des partenaires commerciaux de l’actuel président Tshisekedi. Les FDLR, avec l’état-major de l’armée congolaise et des politiciens corrompus et sans scrupules sont les instigateurs des violences contre la minorité tutsie et la MONUSCO qui perdurent dans l’Est depuis juin dernier », explique un général ougandais à la retraite protégé par l’anonymat.

Le gouvernement du Rwanda s’est opposé au rapport du Groupe d’experts de l’ONU selon lequel le Rwanda aurait attaqué les forces de la République Démocratique du Congo et soutenu les rebelles du M23.

Alors que les forces obscures du Congo tentent d’inciter la population contre la MONUSCO, la minorité tutsie et le Rwanda avec le seul objectif de se partager tranquillement le riche tourteau de l’extraction pétrolière en détruisant le parc des Virunga et en éteignant les derniers spécimens de gorilles des montagnes, les combats entre les rebelles congolais du M23 les FARDC (armée congolaise) soutenues par les terroristes rwandais des FDLR continuent. Au moins 4 villages du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) ont été occupés par les rebelles congolais du M23. Ce sont les villages de Kabaya, Kanombe, Nkokwe, Rubumba et environs se précipitent vers le monument Rumangabo, Katale, Bushenge et Bugo mba sur l’axe Goma-Rutshuru.

Après une courte pause observée lundi soir, les affrontements ont repris mardi 2 août dans la localité de Kanombe, selon plusieurs sources locales qui affirment également que le M23 a renforcé ses positions avec des autres troupes et des munitions et qu’il possède des armes lourdes et de l’artillerie. Les combats ne sont qu’à 24 km de Goma qui pourrait devenir la cible militaire du M23. Pour le moment, les soldats congolais et leurs alliés terroristes des FDLR sont incapables d’arrêter l’offensive des rebelles. Ils auraient plus d’espoir avec le soutien des casques bleus de la MONUSCO mais, vu l’hostilité exprimée à leur égard…