Goma. Les terroristes des FDLR relèvent la barre. 3 Casques bleus tués à Butembo tandis que des terroristes menacent d’attaquer les résidences privées des employés civils de la Mission de paix (F. Beltrami)

Le calme est revenu à Goma en fin d’après-midi du 26 juillet après l’orgie de violence qui a visé la base militaire de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo la MONUSCO et un dépôt d’aide humanitaire de l’ONU pillés par une foule de jeunes criminels. L’attaque contre la caserne de l’ONU a été si violente qu’elle a obligé les soldats de la paix de l’ONU à ouvrir le feu pour se défendre. Le bilan provisoire d’hier est de 5 morts et 50 blessés parmi les voyous qui ont attaqué la base militaire. Il n’y a pas eu de victimes parmi les casques bleus.

Malheureusement, l’attaque contre la base militaire de l’ONU à Goma n’était pas un cas isolé. Même à Butembo, ville du Nord-Kivu à majorité ethnique nande, des hooligans ont attaqué la base de la MONUSCO. Contrairement à Goma, la violente manifestation contre la mission de maintien de la paix de l’ONU à Butembo a vu une plus grande participation de la population. Grâce à une direction militaire claire du groupe terroriste rwandais FDLR, l’attaque contre la base de la MONUSCO à Butembo a été plus violente que celle qui a eu lieu dans la capitale du Nord-Kivu: Goma.

Lors de la manifestation devant la base de la MONUSCO, un groupe de jeunes hooligans a attaqué la police congolaise et s’est emparé de leurs armes. Peu de temps après, ils ont ouvert le feu, tuant un soldat et deux policiers de l’ONU. La coordination de l’attaque et la précision du tir montrent que ces jeunes n’étaient pas seulement des civils, mais des personnes formées militairement et habituées à tuer. Les tirs visaient avec une extrême précision les zones vitales des victimes qui portaient casques et gilets pare-balles.

Les casques bleus des tourelles de la base ont riposté, tuant les criminels et blessant d’autres manifestants. Le bilan provisoire d’hier soir parlait de 7 civils blessés et de plusieurs dizaines de blessés. La mort du soldat et des deux policiers de l’ONU a été confirmée par la MONUSCO. Le bilan total provisoire des victimes s’élève donc à 15 morts et plus de 80 blessés. Budget qui pourrait augmenter dans les prochaines heures tant les hôpitaux de la ville sont insuffisants pour gérer la crise et sauver les blessés graves

Dans la soirée du 27 juillet, les organisateurs de cette série de violences dans les principales villes de la région du Nord-Kivu ont mené une nouvelle attaque dangereuse contre la MONUSCO, diffusant des messages sinistres sur les réseaux sociaux et sur WhatsApp à destination des jeunes congolais pour les inciter à poursuivre la lutte et la violence au point de forcer la MONUSCO à quitter le pays. Malheureusement, les messages ne se limitent pas à inciter à la lutte, mais ils lancent une menace claire sur les employés civils de la MONUSCO. Les messages sur les réseaux sociaux et sur WhatsApp parlent clairement. « La prochaine étape, ce sont les résidences privées des employés de la MONUSCO »

La Mission de paix de la MONUSCO a déclenché l’alerte générale. Désormais, les casques bleus font face à un gros problème de sécurité car il y a environ 65 résidences privées dispersées dans 3 quartiers de la ville de Goma qui accueillent des employés civils expatriés, employés dans les bureaux administratifs, logistiques et d’aide humanitaire. Une vingtaine de résidences privées sont présentes à Butembo, deuxième foyer des activités terroristes des FDLR.

L’armée de l’ONU examine si la menace est simplement intimidante ou si elle fait partie d’un plan criminel spécifique. Malheureusement, après les violences d’hier, il faut le prendre très au sérieux. La seule possibilité de protéger les civils étrangers est de les regrouper dans les bases militaires de la MONUSCO de Goma et Butembo puis de les évacuer ensuite vers le Rwanda voisin.

« Cette fureur contre la MONUSCO a un objectif clair : contraindre les casques bleus de l’ONU à quitter le Congo puis perpétrer le génocide des Congolais d’origine tutsie sans qu’une force militaire étrangère ne puisse intervenir promptement pour l’empêcher ou l’arrêter. Goma est l’otage des brigades de jeunes chômeurs contrôlées et dirigées par les terroristes rwandais FDLR, tandis que Butembo est une ville connue pour le fanatisme et la haine ethnique de ses habitants. A noter que la majorité des hooligans qui ont attaqué la base de la MONUSCO à Goma appartiennent à l’ethnie prédominante à Butembo. Des attaques contre des expatriés de l’ONU pourraient se produire dans les prochains jours dans tout le Nord-Kivu, peut-être même dans l’Ituri voisin. Ces sous-prolétaires n’ont rien à perdre. L’incitation à attaquer les résidences privées des expatriés est une tactique militaire claire des FDLR, conscients de l’impossibilité pour les casques bleus de défendre chaque résidence.

Les chefs militaires des FDLR savent que les centaines de jeunes sous-prolétaires qu’ils utilisent pour mener ces violences auront à cœur d’attaquer les résidences privés d’expatriés pour les violer et violer des femmes blanches. La situation est très grave. Tout peut aussi arriver car la réponse du gouvernement et des forces de police congolais est extrêmement faible et inefficace, voire quasi absente », explique une source congolaise de Goma faisant autorité, jointe par téléphone.

L’ambassade américaine à Kinshasa a tiré la sonnette d’alarme invitant ses citoyens à s’éloigner de Goma et de l’est du pays alors qu’elle s’attend à ce que la violence s’étende à d’autres villes du nord dans les prochains jours : Beni, Lubero, Oicha. Les FDRL avec l’appui d’une partie de la société civile et la connivence du gouvernement et de l’armée de Kinshasa préparent des manifestations violentes également dans les principales villes de la région du Sud-Kivu : Bukavu et Uvira.

Les réactions à cette orgie de violence sont incertaines. La mission de maintien de la paix de la MONUSCO n’a réagi par aucune déclaration officielle. Le secrétaire général de l’ONU est intervenu à sa place par l’intermédiaire du porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, condamnant fermement les violences à Goma et Butembo. “Il est souligné que toute attaque directe contre les Casques bleus des Nations Unies peut constituer un crime de guerre. Les autorités congolaises sont exhortées à enquêter sur ces incidents et à traduire rapidement les responsables en justice”, a déclaré le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq.

L’ONU affirme que les manifestants ont “volé des armes” à la police congolaise et tiré sur les casques bleus. Ils ont également utilisé des bâtons à pointes, des machettes, des pierres et des cocktails Molotov. Le Secrétaire général a ordonné aux Casques bleus de l’ONU au Congo de faire preuve d’un maximum de retenue et de ne riposter qu’en cas d’attaque.

L’association des jeunes de Goma LUCHA, dont des militants sont impliqués dans les violences à Goma et Butembo, comprenant la gravité de la situation, a publié sur les réseaux sociaux un communiqué condamnant le meurtre de civils et les trois casques bleus demandant une enquête indépendante et l’arrestation des responsables des violences.

Dans la tactique congolaise bien connue et éprouvée des communiqués officiels, la LUCHA, déplorant la violence et appelant à la non-violence, insère des phrases claires dans le texte condamnant la MONUSCO dans le but d’accroître la tension et l’hostilité populaires. Par exemple, il demande aux Casques bleus de l’ONU de ne pas recourir à l’usage de la force meurtrière contre des manifestants non armés. Une claire mystification des faits telle qu’elle est désormais établie par tous que parmi les voyous qui ont participé aux manifestations de Goma et Butembo il y avait des jeunes armés ayant une expérience militaire.

L’appel de LUCHA (soupçonné d’avoir des contacts étroits avec les FDLR) se clôt sur l’encouragement à poursuivre le combat, alors que des appels au calme et au dialogue devraient être lancés. « Nous organiserons et mobiliserons les Congolais pour défendre nos droits et notre dignité par des moyens non violents. La demande populaire de départ de la MONUSCO est légitime compte tenu de l’inefficacité de la mission onusienne de défense des civils. Cette noble guerre (contre la MONUSCO) doit être menée dans la dignité et avec des moyens pacifiques ».

Une déclaration subtile étant donné que les témoignages recueillis à Goma indiquent divers dirigeants de la LUCHA qui ont incité les hooligans lors de l’attaque contre la base militaire de l’ONU. Le communiqué ne contient pas les condamnations des jeunes criminels qui ont tué les trois casques bleus et la présence désormais certaine parmi les manifestants de miliciens du groupe terroriste rwandais FDLR.

La violence primitive et horrible exercée sur les casques bleus internationaux a créé de profondes divergences au sein de la société civile congolaise. Si, d’un côté, on assiste aux incitations de la LUCHA à poursuivre « pacifiquement » la lutte alors que le caractère violent des manifestations de ces centaines de jeunes sous-prolétaires est désormais manifeste ; d’autre part, diverses associations de la société civile déploient de sérieux efforts pour rétablir la paix et faire réfléchir la population congolaise.

Coordination de la société civile de l’Ituri aujourd’hui, mercredi 27 juillet ; exhorté la population au calme Le président, Dieudonné Lossa, a déclaré avoir lancé cet appel suite aux manifestations anti-MONUSCO organisées à Goma et Butembo. “En Ituri, nous devons rester très vigilants et ne pas tomber dans le jeu de l’ennemi”, a-t-il déclaré, faisant une référence voilée aux terroristes rwandais des FDLR.

Dieudonné Lossa dit que le peuple devrait tenir le gouvernement responsable et non la mission de maintien de la paix de l’ONU. « La MONUSCO est venue à l’invitation de l’Etat congolais et nous devons orienter nos actions vers l’Etat congolais qui a invité les casques bleus. C’est profondément mal d’attaquer la MONUSCO et ses installations. Toutes les maisons habitées par les agents de la MONUSCO appartiennent aux filles et fils de l’Ituri. Nous n’avons pas besoin de détruire notre propre propriété.”

La société civile de l’Ituri h il a également demandé à l’Etat congolais d’organiser une table ronde réunissant la MONUSCO, l’Etat congolais et la société civile pour évaluer la situation sécuritaire. La mention des résidences de l’ONU était nécessaire car les terroristes des FDLR et les factions de la société civile qui les soutiennent ont appelé la population à attaquer les résidences privées du personnel civil de l’ONU également dans l’Ituri voisin, à l’est du Congo.

Le président Félix Tshisekedi, le bureau de la présidence et le gouvernement se sont pour l’instant retranchés dans un silence incompréhensible et suspect sans condamner les violences contre les casques bleus. L’intervention a été le Général de Corps d’Armée Constant Ndima qui a interdit toutes les manifestations publiques et condamné les actes de pillage et de vandalisme contre les installations de la mission MONUSCO, demandant à la police et à l’armée de faire régner l’ordre en neutralisant toutes les personnes coupables de violences en les amenant devant le tribunaux.

Le général Ndima n’a donné aucune explication à l’absence d’intervention de la police lors des manifestations d’hier à Goma et Butembo. Ni aux preuves photographiques divulguées au public de policiers congolais aidant des manifestants violents à ériger des barricades. Comme dans le cas de l’association LUCHA, même le porte-parole de l’armée congolaise ne fait aucune mention des jeunes formés militairement qui ont tué les trois casques bleus ni de la présence de terroristes FDLR parmi les voyous qui ont attaqué les bases militaires de l’ONU à Goma et Butembo.

La situation reste très tendue. Il est maintenant clair que derrière cette violence se cache une direction politique et militaire visant à faire sortir par la force la mission de maintien de la paix de l’ONU du Congo.

La situation s’est aggravée avec l’arrivée de la nouvelle que le Gouverneur militaire de Goma allait se réfugier dans la ville de Beni. Les autorités congolaises rejettent cette version, affirmant que le général de corps d’armée Costant Ndima Kongba serait à Beni pour “séjourner” au moment même où Goma, où il a son état-major, est en proie à la violence.

Divers observateurs locaux affirment que le gouverneur militaire de Goma s’est réfugié à Beni en raison de l’offensive en cours de la guérilla du M23 qui vise Goma. Aujourd’hui, les combats ont repris entre l’armée congolaise (FARDC) et le M23 dans le village de Kabingo, dans la commune de Musezero, tandis que des unités du M23 ont occupé la zone de Busanza et seraient en train d’avancer. Les zones où se déroulent les combats ne sont qu’à 60 km de Goma. Le porte-parole des FARDC dément l’avancée du M213, affirmant que les soldats congolais ont repoussé les rebelles après qu’ils aient tenté de voler les récoltes de la population.

Une autre nouvelle vient montrer que les violences organisées par les FDLR à Goma et Butembo font partie d’un plan plus vaste visant à déclencher une guerre régionale. Des unités de la milice génocidaire imbonerakure burundaise sont entrées au Congo pour soutenir les FDLR et l’armée congolaise dans les villes de Bukavu et Uvira, au Sud-Kivu. Des unités de l’armée burundaise sont également désormais présentes au Sud-Kivu prêtes à combattre.

L’armée rwandaise renforce militairement les frontières avec le Congo et le Burundi prête à repousser toute tentative d’invasion. Des sources locales nous informent que la majorité des Congolais d’origine tutsie ont fui Goma pour se réfugier dans la ville frontalière rwandaise de Gyseni.

En ces heures, la faction de la société civile rwandophobe et les terroristes FDLR font circuler les images des civils victimes des violences perpétrées à Goma et Butembo sur les réseaux sociaux et WhatsApp, les faisant passer pour des « martyrs de la nation », incitant la population pour les venger et multiplier les attaques contre les casques bleus de la MONUSCO.

Fulvio Beltrami