Italie : le président Mattarella dénonce l’”indécente” évasion fiscale

Dans les bureaux du gouvernement italien, on travaille avec ardeur sur les derniers détails de texte définitif du Budget 2020 qui doit être rendu le 31 décembre à l’Union européenne. 

La loi de finances de la coalition “jaune-rouge” (Mouvement 5 Étoiles – M5S et Parti démocrate – PD) a concentré son action, en plus du gel de l’augmentation de la TVA au 1er janvier, sur la chasse à l’évasion fiscale de grande ampleur, estimée à 109 milliards d’euros en Italie. 

Un problème de contrôle et de mentalité

À ce sujet, le président de la République Sergio Mattarella a lancé un avertissement : “l’évasion fiscale, c’est quelque chose de vraiment indécent, car ce sont les services commun et la vie commune qui sont régulés par les dépenses publiques. Si moi je me soustrais à mon devoir de contribution, je profite des autres, qui paient et de leurs taxes. C’est un problème de réglementations, de mesures, de contrôles et de vérifications – qui donnent quelques résultats en ce moment – mais surtout c’est un problème de culture et de mentalité” a insisté le chef de l’Etat italien.

Dans le même temps, le PD a voulu mettre l’accent sur l’importance des ressources prévues dans le Budget 2020 pour le secteur de la santé publique. “Un seul citoyen qui n’a pas accès aux services de santé nationaux pour des raisons économiques, c’est un échec pour l’Etat. En Italie, la santé publique est un droit fondamental à garantir et relancer. Pour faire tomber les barrières qui empêchent son accès à tant de citoyens, commençons par abolir le ‘superticket sanitaire’ (une taxe régionale de 10 euros à payer pour accéder aux examens en laboratoire et médecins spécialisés). C’est un élément de discrimination et d’inégalité qui pénalise de façon insupportable les citoyens à plus bas revenus dans de nombreuses régions. A partir de septembre 2020, les citoyens ne devront enfin plus payer d’impôt pour ces services médicaux. Moins de baratin et plus d’idées qui changent la vie des gens. Nous avons en tête une Italie plus verte, plus juste et plus compétitive et nous ferons tout pour la réaliser” a conclu Nicola Zingaretti, le patron des PD, sur Twitter.

Des réformes structurelles à mener

A partir du 1er janvier, après validation du Budget, une nouvelle phase s’ouvrira pour la coalition menée par Giuseppe Conte. En effet, le Président du Conseil a laissé entendre qu’il demanderait dans les prochaines semaines un examen informel au sein des forces du gouvernement, pour réussir à resserrer les rangs de l’exécutif en vue d’importants défis au printemps prochain, notamment lorsque l’Italie devra discuter du Mécanisme européen de stabilité (Mes) avec l’UE. 

Giuseppe Conte a affirmé : “chaque chose en son temps, en ce moment le gouvernement, les forces politique et tout le pays sont concentrés sur les mesures contenues dans la loi de finances et dans les décrets sur la fiscalité, qui nous tiendront occupés jusqu’à la toute fin du mois. Je dois ensuite porter cette initiative, c’est absolument nécessaire”.

“Nous avons pris l’engagement de gouverner jusqu’en 2023, a ajouté le Président du Conseil. Le pays nous demande des réformes structurelles en urgence et nous ne pouvons pas nous moquer des citoyens. Ces réformes ne se feront pas en deux mois, nous avons besoin de temps pour changer le pays. Si les forces politiques ont en revanche des objectifs différents, qu’elles nous le disent et l’affirment, et nous en parlerons. Mais le pays a besoin de clarté, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à tenir des propos  de sensibilités divergentes, de nuances variées et avec des accents différents. Mais tout ça, ça sera en janvier, aujourd’hui nous parlons du Budget”, a-t-il conclu.

Christian Meier