Journée européenne de lutte contre la traite humaine : stop à l’esclavage moderne

Ce 18 octobre est célébrée la 14è Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, qui commémore les victimes de ce crime contre l’humanité et souligne l’engagement des institutions dans l’éradication de ce phénomène.

La commémoration d’aujourd’hui vise à accroître la conscience commune à l’égard d’un thème très souvent invisible, mais toujours présent dans nos sociétés. L’Union européenne, grâce à ses interventions et à la coopération locale et internationale, joue un rôle de pionnier dans la lutte contre la traite des êtres humains. À l’inverse de ce qu’on devrait s’attendre de nos jours, la traite des êtres humains joue encore un rôle clé dans notre réalité. Plus de 20 millions de personnes dans le monde sont victimes de cet esclavage moderne.

“Il s’agit d’un véritable fléau qui touche la dignité des frères et des sœurs les plus vulnérables”, c’est la définition que le Pape François a donné de la traite des personnes à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains le 30 juillet dernier. “La traite défigure l’humanité des victimes, en offensant leur liberté et leur dignité. Mais, en même temps, elle déshumanise ceux qui en sont les responsables” a aussi déclaré le Saint-Père en février 2019. Des êtres humains privés de leur droit le plus précieux et inviolable, leur humanité.

L’année 2020 est celle de l’anniversaire de l’adoption du “Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants”. Il représente un pilier de notre histoire récente qui renouvelle les efforts de la communauté internationale dans l’éradication d’un crime qui ne connait pas de frontières. Si on pense à la situation actuelle, la pandémie de Coronavirus a imposé plusieurs limitations à la mobilité, avec un grand impact négatif sur les moyens de subsistance ; elle a donc réduit l’accès aux personnes les plus vulnérables. Le contrecoup du Covid-19 sur la sécurité des foyers et sur la santé des personnes dans le monde entier a été considérable, ce qui a fait augmenter encore plus les vulnérabilités et accroître le risque d’exploitation.

L’engagement de l’Union européenne dans l’éradication de ce processus déshumanisant s’est concrétisé dans le travail continu de ses organismes actifs et participatifs dans cette lutte. Dans la législation européenne, la traite est expressément interdite dans l’article 5 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. L’engament politique au niveau européen pour la gestion de ce phénomène se traduit par de nombreuses initiatives, mesures et programmes de financement élaborés au sein de l’Union et dans les pays tiers, déjà à partir des années 1990. Le champ d’application de ce cadre réglementaire de l’UE comprend la traite des êtres humains vers l’Europe tout comme la traite interrégionale à des fins d’exploitation sexuelle et d’exploitation de leur travail dans les pays hors UE.

La Commission européenne définit la traite comme “un crime grave et une violation des droits de l’homme qui peut être considéré comme une forme moderne de l’esclavage”. Elle se retrouve partout dans le monde et concerne presque tous les pays comme les pays d’origine, de transit ou de destination. À l’échelle mondiale, la traite des êtres humains est difficile à estimer, à cause de la nature cachée du crime”. Les trafiquants exploitent les personnes les plus vulnérables à des fins lucratives, en particulier en les obligeant au travail forcé ou, dans la plupart des cas, à la prostitution et à l’exploitation sexuelle.

De même, le Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains du Conseil de l’Europe (GRETA) a appelé au plein respect des droits des victimes de la traite pendant la période de restrictions liées à la pandémie de Covid-19. En relevant les défis lancés par le coronavirus, GRETA a poursuivi ses efforts visant à assurer que des milliers de femmes, hommes et enfants victimes de la traite, bien qu’invisibles, ne soient pas oubliés. Le suivi pour vérifier la mise en place de la Convention se poursuit, et un dialogue avec les autorités nationales et la société civile est en cours.

Dans ce contexte, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) reste déterminée à favoriser la protection et le soutien des victimes de la traite. L’OIM, l’organisation la plus importante d’assistance directe aux victimes de ce phénomène, lutte contre la traite des êtres humains depuis 1994. Depuis les années 1990, elle a porté secours à plus de 100 000 victimes de violence, exploitation et abus en provenance de 138 pays.

Le Secrétaire Général du COMECE a invité l’Union européenne et ses États membres à “continuer les interventions visant à faire de la lutte contre la traite des êtres humains une priorité, afin d’empêcher ce crime, de poursuivre en justice et punir les responsables, tout en protégeant les victimes et en leur assurant un soutien, en particulier aux femmes et aux enfants”.

À l’occasion de la Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, la Commissaire européenne pour les affaires intérieures a déclaré que “chaque année dans l’UE des milliers de personnes sont identifiées comme victimes de la traite, et plus de la moitié d’entre elles sont des citoyens de l’Union européenne. Les mineurs représentent un quart du total des victimes européennes et la plupart sont des filles victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle , travail forcé et activités criminelles. Trois quart des victimes à l’intérieur des frontières européennes sont des femmes, victimes d’exploitation, violences et inégalités. Toutes ces victimes ont besoin d’interventions immédiates et de soutien. Aujourd’hui, nous soulignons notre engagement pour mettre fin à la traite des êtres humains et pour combattre l’impunité de ses responsables”. Dans les prochains jours, la Commission européenne doit présenter le rapport 2020 sur les progrès de la lutte contre la traite, tout en exposant une analyse de la situation actuelle et des interventions des États membres, en réponse à ce phénomène.

Arianna Barile