Le Mécanisme européen de stabilité renvoyé, une victoire pour le gouvernement italien

Le rôle joué par l’Italie à Londres à l’occasion du sommet de l’OTAN, dont l’estime explicite exprimée par Donald Trump et les autres chefs d’Etat et de gouvernement pour le Président du Conseil italien, et le renvoi décidé à Bruxelles de la validation du Mes, le Mécanisme européen de stabilité, marquent deux succès objectifs pour Giuseppe Conte.

Alors que se poursuivent les travaux du gouvernement sur l’adhésion au traité du Mes, les polémiques sur la réforme de la justice ne se calment pas : le Mouvement 5 Étoiles réclame l’abolition de la prescription, mais Italia Viva, le nouveau parti de Matteo Renzi, soutient que “si c’est ainsi, on assistera à des procès qui durent toute la vie, justement parce qu’il ne sera pas nécessaire de présenter des preuves de culpabilités dans un temps déterminé”. L’ancien ministre de l’Économie Pier Carlo Padoan a aussi fait irruption dans le débat politique dans une longue interview à l’agence Agi, où il clarifie les aspects les plus “obscurs” craints par l’opposition sur ce nouveau fond “Salva Stati”.

Il a expliqué: “après la réunion de l’Eurogroupe sur le Mes, la situation s’est bien améliorée, à la lumière des résultats obtenus. J’espère désormais que les discussions en Italie se concentreront sur les thèmes importants, comme par exemple celui de la pondération des obligations d’Etat et ceux de la création de nouveaux instruments, comme d’un budget européen pleinement efficace ou l’introduction d’un ‘save-asset’, un titre sûr qui exprime une dette européen et non pas celui d’un seul pays”.

L’économiste a aussi souligné qu’il a “été évité d’introduire la pondération du risque des obligations d’Etat dans les budgets des banques. Une telle mesure aurait pénalisé les titres italiens par rapport aux autres, qui sont considérés plus sûrs, et ainsi les banques italiennes qui possèdent plus de titres d’Etat que les autres. Avoir évité ce risque de la part des Allemands et des pays nordiques est un fait très important et positif pour l’Italie. Il s’agit d’une proposition qui traînait depuis longtemps mais que le ministre des finances allemand, Olaf Scholz, a proposé à nouveau comme condition pour avancer sur l’union bancaire. Sinon, à tout moment, la valeur des activités aurait pu baisser dans les budgets des banques, affaiblissant les détenteurs des titres, c’est à dire les banques elles-mêmes, parce qu’elles se seraient retrouvées en possession d’un capital de valeur inférieur et ainsi n’auraient plus pu faire de prêts, ni garder leurs titres qu’elles auraient dû mettre sur le marché en les dévaluant. Sans la suppression de cette proposition, nous aurions ouvert un chapitre très dangereux pour l’Italie” a déclaré Pier Carlo Padoan.

L’ex-ministre à l’Économie a ensuite précisé que “l’intervention du Mes ne comporte aucune intervention automatique de restructuration de la dette, même s’il est dit que l’Italie n’a pas besoin d’un tel mécanisme pour le moment parce que sa dette est pleinement solvable et ne met pas danger l’accès au marché, la restructuration de la dette est un évènement extreme. C’est une situation dans laquelle un pays est obligé de s’endetter sur le marché à cause d’une dette trop élevée, et n’a plus accès à ce marché, parce que les marchés ne lui accordent plus de crédits. Dans ce cas, s’il n’y a pas d’autre issue, ce pays doit recourir au Fonds d’aide “Salva Stati”. C’est une aide qui lui est accordée, mais qui serait aussi soumise à une restructuration. Cela signifie surtout que la valeur de la dette est abaissée et donc le pays restitue qu’une part de la dette initiale, avec évidemment, un lourd coût pour sa crédibilité”, a conclu l’ancien ministre.

Ainsi, que l’éventuelle signature d’un accord sur le Mes ait été renvoyé à fin mars prochain est avant-tout une victoire pour Giuseppe Conte. Le gouvernement pourra disposer davantage de temps pour approfondir les détails, sans tomber dans des polémiques utilisées comme alibis dans les bagarres politiques.

Christian Meier