“Le monde a besoin de portes ouvertes”. L’avertissement du pape François de Bratislava lors de sa rencontre avec la communauté juive

“Le monde a besoin de portes ouvertes. Ce sont des signes de bénédiction pour l’humanité”. Le pape François l’a dit lors de sa rencontre avec la communauté juive sur la place de Bratislava où se trouve le mémorial de l’Holocauste.

“Ici, dans cette terre slovaque, lieu de rencontre entre l’est et l’ouest, le nord et le sud, que la famille des enfants d’Israël continue à cultiver cette vocation, l’appel à être signe de bénédiction pour toutes les familles de la terre”, continua le Pontife.

“La place où nous sommes situés est très importante pour votre communauté. Il garde vivant le souvenir d’un riche passé: il fait partie du quartier juif depuis des siècles; le célèbre rabbin Chatam Sofer y travaillait. Ici, il y avait une synagogue, juste à côté de la cathédrale du couronnement. L’architecture, comme on l’a dit, exprimait la coexistence pacifique des deux communautés, un symbole rare et hautement évocateur, un merveilleux signe d’unité au nom du Dieu de nos pères”.

“Ici – confia François – je ressens moi aussi le besoin, comme tant d’entre eux, d”enlever mes sandales’, car je suis dans un lieu béni par la fraternité des hommes au nom du Très-Haut. Plus tard, cependant, le nom de Dieu a été déshonoré: dans la folie de la haine, pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de cent mille Juifs slovaques ont été tués. Et quand ils ont voulu effacer les traces de la communauté, la synagogue a été démolie ici. Il est écrit: ‘Vous ne prendrez pas le nom du Seigneur en vain’. Le nom divin, c’est-à-dire sa propre réalité personnelle, est nommé en vain lorsque la dignité unique et irremplaçable de l’homme, créé à son image, est violée”.

Un cri de douleur s’éleva du Pape: ‘Ici le nom de Dieu a été déshonoré, car le pire blasphème qu’on puisse lui infliger est de l’utiliser à ses propres fins, plutôt que de respecter et d’aimer les autres. Ici, face à l’histoire du peuple juif, marquée par cet affront tragique et indicible, nous avons honte de l’admettre : combien de fois le nom ineffable du Très-Haut a été utilisé pour des actes d’inhumanité indicibles ! Combien d’oppresseurs ont déclaré: ‘Dieu est avec nous’, mais c’étaient eux qui n’étaient pas avec Dieu”.

“Ici, ensemble, nous affirmons devant Dieu la volonté de continuer sur le chemin du rapprochement et de l’amitié. A cet égard, je garde vivant le souvenir de la rencontre à Rome en 2017 avec les représentants de vos communautés juive et chrétienne. Je me réjouis – a dit François – qu’une Commission pour le dialogue avec l’Église catholique ait été créée par la suite et que vous ayez publié ensemble des documents importants. Il est bon de partager et de communiquer ce qui unit. Et il est bon de continuer, dans la vérité et la sincérité, dans le chemin fraternel de purification de la mémoire pour panser les blessures du passé, ainsi que dans la mémoire du bien reçu et offert. Selon le Talmud, celui qui détruit un homme détruit le monde entier, et celui qui sauve un homme sauve le monde entier. Tout le monde compte, et ce que vous faites grâce à votre précieux partage compte beaucoup. Je vous remercie pour les portes que vous avez ouvertes des deux côtés”.