Le monde des déchets et celui de la faim. L’alarme de la FAO et de l’ONU (Christian Meier)

“Chaque année dans le monde, près d’un milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées, soit 17% de toute la production, avec un impact dévastateur sur l’environnement et le climat, ainsi que sur une économie déjà durement touchée par l’urgence Covid”. C’est ce que confirment les données de l’ONU publiées à l’occasion du G20 de Florence. Le plus grand gaspillage se produit dans les maisons privées, “où en moyenne environ 11% des aliments achetés sont jetés, tandis que les cantines et les détaillants jettent respectivement 5% et 2%”. Un chiffre qui tranche avec le contexte mondial, dans lequel “2,37 milliards de personnes n’avaient pas accès à une alimentation saine en 2020, soit une augmentation de près de 320 millions en un an”.

Il génère également des effets perturbateurs sur l’économie, la durabilité et l’environnement en raison de l’impact négatif sur les dépenses énergétiques et l’élimination des déchets. En effet, on estime que les émissions associées au gaspillage alimentaire représentent 8 à 10 % du total des gaz à effet de serre.
“Dans les foyers italiens en moyenne 67 kg de nourriture sont jetés par an et par habitant chaque année, pour un total de plus de 4 millions de tonnes qui place notre pays à la douzième place dans le classement des ‘gaspillages’ des pays du G20, qui note en en tête les cheikhs d’Arabie saoudite avec 105 kg de produits alimentaires qui finissent à la poubelle, devant l’Australie avec 102 kilos et le Mexique avec 94 kilos, tandis que les plus vertueux sont les Russes (seulement 33 kilos de nourriture jetés), les Sud-Africains (40 kilos) et indiens (50 kilos). Mais si l’on ne considère que les nations de l’Union européenne, il ressort que les citoyens du BelPaese sont plus responsables que leurs cousins ​​français qui en un an jettent de la nourriture pour 85 kilos chacun et les Allemands (75 kg) alors que les Britanniques viennent d’arriver. dehors sont à 77. kg”, rapporte l’étude réalisée par l’ONU.

Pendant ce temps, Coldiretti intervient également sur le sujet, déclarant “nous sommes confrontés à un problème dramatique d’un point de vue éthique et économique contre lequel Coldiretti s’est engagé depuis des années dans la sensibilisation des consommateurs à travers le projet des marchés Campagna Amica pour le confinement des déchets avec le plus grand réseau de fermes et de marchés à kilomètre zéro qui réduit les distances et les temps de transport et garantit une plus grande fraîcheur et des temps de stockage plus longs pour les aliments », a souligné le président de Coldiretti Ettore Prandini.

Les gaspillages perpétués par les principales puissances économiques du globe se moquent de la souffrance de plus de cent millions d’individus incapables de bénéficier d’une alimentation adéquate pour assurer une subsistance normale. En effet, selon les données les plus récentes dont dispose la FAO, un nombre croissant de pays signalent de nouveaux cas d’insécurité alimentaire, au point qu’en 2020 le nombre total de personnes exposées à une insécurité alimentaire aiguë à des niveaux critiques voire pires est devrait dépasser le chiffre record de 135 millions de personnes enregistrées en 2019. La gravité de la situation est soulignée dans le Rapport mondial sur les crises alimentaires de cette année, qui devrait être publié en avril prochain par le Réseau mondial contre les crises alimentaires.
“Les chocs de l’année dernière laisseront des séquelles pour toute l’année 2021 et au-delà. Pour éviter le pire des cas, les actions doivent être intensifiées dès que possible », a prévenu Dominique Burgeon, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.

Particulièrement alarmant est le nombre de personnes, estimées à 30 millions d’individus, qui selon le Cadre intégré de classification de la sécurité sanitaire des aliments (IPC) entreront dans la phase 4 de faim aiguë, ou phase d’urgence, et qui connaissent déjà une surmortalité et la perte irréversible. des ressources vitales de subsistance.
Dans plusieurs pays, des centaines de milliers de filles, de garçons, de femmes et d’hommes courent un risque extrême d’insécurité alimentaire aiguë. Beaucoup d’entre eux vivent dans des zones de conflit, où l’accès à l’aide humanitaire est limité ou difficile.
“Des millions de personnes vivent au bord d’un abîme ; il suffit d’un facteur de stress ou d’un choc de plus pour que la situation dégénère rapidement. Nous devons agir immédiatement, sans avoir à attendre que la famine soit officiellement déclarée”, a conclu Burgeon.

Christian Meier