Le sang des innocents coule en Birmanie, les militaires tirent sur les manifestants faisant 18 morts et de nombreux blessés

Ils sont au moins 18 à avoir été tué, des centaines blessés et arrêtés, en ce dimanche meurtrier 28 février en Birmanie. Ce sont les victimes des affrontements avec les forces de l’ordre qui tentaient de disperser les manifestations en faveur de la démocratie et contre la violente répression après le coup d’Etat militaire qui a fait tomber la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi le 1er février.

Parmi les victimes, un manifestant de 23 ans a été tué à Rangoun selon Nyi Nyi, ancien député du parti de la dirigeante. “Sa femme est enceinte de trois mois, elle a le coeur brisé” a déclaré à l’AFP Win Ko, un assistant social qui a rencontrée cette jeune veuve. Trois autres personnes ont aussi été tuées à Dawei (dans le Sud), où environ 20 autres ont été blessés dans les violences selon les secours et médias locaux. Deux jeunes de 18 ans sont morts à Bago et , près de Rangoun, et deux hommes ont perdu la vie à Mandalay, dans le centre du pays.

Ces victimes ont été touchées par des balles réelles, les blessés par des balles en caoutchouc, affirment les secouristes sur places, craignant que le bilan s’alourdisse ces prochaines heures. Ce leur jour le plus meurtrier depuis le coup d’Etat il y a tout juste un mois. La répression avait provoqué la mort de 5 personnes jusqu’à ce jour. Les autorités ont intensifié leur usage de la force, pour disperser les rassemblements à coup de gaz lacrymogènes, canons à eau, voire des balles réelles.

Les Etats-Unis ont condamné cette répression meurtrière en Birmanie et demandent aux militaires de mettre fin immédiatement à l’usage de la force contre les manifestants pacifiques, a insisté Ravina Shamdasani, porte-parole du Bureau du Haut-commissaire pour les droits humains. Cibler les civils est atroce, a réagi l’ambassade américaine en Birmanie.”L’escalade importante de l’usage de la force meurtrière est scandaleuse et inacceptable et doit être stoppée immédiatement” a répondu Phil Robertson, directeur adjoint du département Asie de Human Rights Watch (HRW).

D’après les ONG qui travaillent auprès des prisonniers politiques, lors des manifestations, plus de 850 personnes ont été arrêtées, incriminées et condamnées pour coup d’Etat, la plupart à Rangoun, la capitale économique. Ils auraient été conduits dans l’infâme prison de Insein, où de nombreux militants pro-démocratie ont déjà purgé de longues peines lors des dictatures précédentes.Les manifestants appellent à la libération d’Aung San Suu Kyi, gagnante du Prix Nobel pour la paix en 1991, qui n’a pas été vue en public depuis son arrestation. Elle se trouverait assignée à domicile dans la capitale Naypyidaw, accusée de trafic illégal de radios, violations des restrictions contre le coronavirus. Son avocat Khin Maung Zaw n’a pas été autorisé à la voir.

La Junte militaire à l’origine du coup d’Etat a licencié l’ambassadeur birman à l’ONU Kyaw Moe Tun, dès le lendemain de son appel à “mettre fin au coup militaire”.Les révoltes populaires précédentes de 1988 et 2007 ont été réprimée dans le sang par l’armée, sous le joug de laquelle la Birmanie vit depuis près de 50 ans, et ce coup d’Etat a ainsi mis fin à une fragile et courte transition démocratique de 10 années.