Le silence assourdissant du gouvernement italien sur Zaki. Pourquoi Draghi a-t-il dissimulé l’octroi de la citoyenneté à l’étudiant égyptien ?

“Le Parlement italien a voté, à une large majorité, la motion demandant l’octroi de la citoyenneté à Zaki lui-même, qui est désormais jugé après une longue et épuisante période de détention provisoire répétée (et jamais motivée).
De nombreuses villes de notre pays – de Milan à Bologne même – lui ont décerné la citoyenneté d’honneur ou ont participé à d’importantes mobilisations. Mais le gouvernement reste immobile. Pouquoi?”. Cette question est posée par Pierfrancesco Majorino, Pd MEP, sur ilfattoquotidiano.it.

“Il y a des mois on murmurait à voix basse que la stratégie était de ne pas parler trop publiquement de l’affaire en raison d’hypothétiques relations, mises en place pour obtenir la libération de Zaki lui-même”, se souvient Majorino qui insiste: “Quelle est la raison de le silence assourdissant du gouvernement Draghi sur l’affaire Patrick Zaki ? Il faut se demander. L’histoire terrifiante de l’étudiant égyptien vous laisse pantois. Nous sommes face à une impitoyabilité judiciaire qui ne fournit aucun élément plausible qui la justifie”.

“Ce n’est pas – souligne l’eurodéputé – une petite affaire”. En fait, précise-t-il, il s’agit d’arrêter une persécution contre un garçon – qui vient d’une famille de chrétiens coptes, un étudiant universitaire inscrit à l’Université de Bologne, une ville qui ne l’a jamais laissé seul – qui a manifestement pas de fautes. Sinon celui d’avoir affaire à un régime autoritaire et paranoïaque responsable en ces années d’actes atroces qui portent atteinte à la liberté de pensée et d’opinion.

Mais par le gouvernement italien comme par une bonne partie de la communauté internationale, “Al-Sisi est considéré comme un interlocuteur privilégié” malgré “la gestion terrifiante par les autorités égyptiennes de l’affaire liée à la vie brisée de Giulio Regeni”.

Et les reports qui suivent pour Zaki représentent une nouvelle gifle pour l’Italie. Alors que l’octroi de la nationalité italienne, le resserrement des relations diplomatiques, l’arrêt du commerce des armes sont des actes importants et nécessaires.
“Admis et non accordés – conclut Majorino – en tant que pays, nous croyons vraiment aux paroles que nous prononçons périodiquement sur les droits de l’homme et leur valeur”.

Le procès de Patrick Zaki à Mansura a été reporté au 7 décembre, après une deuxième audience éclair. L’avocat de l’étudiant détenu en Egypte, les interlocuteurs de l’AGI du Caire rapportent à l’AGI, a demandé une copie des documents pour préparer une meilleure stratégie de défense et répondre plus efficacement aux accusations. Se retirant pour rendre une décision, le tribunal de Mansura a décidé de reporter l’audience pour laisser un délai supplémentaire pour joindre d’autres documents au dossier du chercheur.
Zaki, arrivé menotté dans la salle d’audience, est resté silencieux et, d’après ce que rapportent les interlocuteurs, n’a révélé aucun problème physique particulier. Sa sœur et son père étaient également présents avec lui dans la classe.

Les sources entendues par l’AGI expliquent comment une délégation internationale compacte était présente dans la salle de classe. L’Italie, l’Espagne et le Canada ont participé à l’audience tandis que l’Allemagne et les États-Unis ont envoyé des lettres au tribunal dans lesquelles ils ont confirmé qu’ils suivraient très attentivement le cas de Zaki. A cela s’ajoute une lettre signée par 40 députés européens au président de la Commission européenne et au haut représentant de l’Union appelant à “la nécessité d’un engagement fort de l’UE pour la libération de Patrick Zaki”.

Pour Riccardo Noury, porte-parole d’Amnesty International Italia, c’est “un très long report, qui sent la punition. Ce jour-là sera 22 mois après son arrestation : 22 mois de cruauté et de souffrances infligées à Patrick, mais aussi de grande résistance de sa part”.