L’écoute nous aidera à surmonter les difficultés d’aujourd’hui. Pape François : ne voyez pas dans les migrants “des envahisseurs dangereux, mais les visages et les histoires de personnes concrètes”

L’écoute est “le premier ingrédient indispensable du dialogue et d’une bonne communication ». Le pape François le rappelle dans le message pour la 56e Journée mondiale des communications sociales qui est célébrée le 29 mai sur le thème “Écouter avec l’oreille du cœur”. “On ne peut pas communiquer si on ne l’a pas écouté au préalable et on ne fait pas du bon journalisme sans capacité d’écoute”, et “pour proposer une information solide, équilibrée et complète, il faut avoir écouté longtemps. Pour raconter un événement ou décrire une réalité dans un reportage, il est indispensable d’avoir su écouter, d’avoir aussi la volonté de changer d’avis, de modifier ses hypothèses de départ”. Et notamment “la capacité d’écoute de la société est extrêmement précieuse en cette période meurtrie par la longue pandémie”. Et malheureusement, “tant de méfiance accumulée jusque-là dans” l’information officielle “a aussi provoqué une ‘infodémie’, au sein de laquelle il est de plus en plus difficile de rendre le monde de l’information crédible et transparent”.

Pour François “il faut écouter et écouter profondément, surtout le malaise social accru par le ralentissement ou l’arrêt de nombreuses activités économiques”. “C’est triste quand, même dans l’Eglise, des alignements idéologiques se forment, l’écoute disparaît et laisse place à des contrastes stériles”, observe le Pape, portant son attention sur le verbe “écouter”, décisif dans la grammaire de la communication” et un condition d’un dialogue authentique ». Mais même écouter ne suffit pas, il faut “écouter avec l’oreille du cœur”, c’est-à-dire établir une empathie avec ceux qui nous expliquent leurs idées, leurs expériences et leurs besoins.

L’exemple le plus évident de cette difficulté de communication concerne les migrants et l’aversion qui se manifeste trop souvent à leur égard, alors que l’attitude chrétienne est plutôt accueillante.

“La réalité de la migration forcée – explique le pape Bergoglio – est un problème complexe et personne n’a la recette toute prête pour le résoudre. Je répète que, pour surmonter les préjugés sur les migrants et faire fondre la dureté de nos cœurs, nous devons essayer d’écouter leurs histoires. Donnez un nom et une histoire à chacun d’eux”. «Beaucoup de bons journalistes – admet le Pontife – le font déjà. Et beaucoup d’autres aimeraient, si seulement ils le pouvaient. Encourageons-les ! Écoutons ces histoires ! Chacun sera alors libre de soutenir les politiques migratoires qu’il jugera les plus adaptées à son pays. Mais nous aurons sous les yeux, en tout cas, pas des chiffres, pas des envahisseurs dangereux, mais des visages et des histoires de personnes concrètes, des regards, des attentes, des souffrances d’hommes et de femmes à écouter”.

Au lieu de cela, “le problème de la migration ne sera pas résolu si nous n’écoutons pas les histoires dramatiques de ceux qui fuient la guerre, la faim, la violence”.

Le pape François s’en prend également aux catholiques en les invitant à mettre de côté les stratégies et à écouter. “Même dans l’Église – écrit François – il y a un grand besoin d’écouter et de nous écouter. C’est le cadeau le plus précieux et le plus génératif que nous puissions nous offrir les uns aux autres. Nous, chrétiens, oublions que le service de l’écoute nous a été confié par Celui qui est l’auditeur par excellence, à l’œuvre duquel nous sommes appelés à participer ».

Dans le message, Bergoglio s’attarde également sur le synode qui impliquera des églises du monde entier au cours des trois prochaines années : « Un processus synodal vient de commencer. Prions pour que ce soit une grande opportunité d’écoute mutuelle. La communion, en effet, n’est pas le résultat de stratégies et de programmes, mais se construit sur une écoute mutuelle entre frères et sœurs. Comme dans un chœur, l’unité n’exige pas l’uniformité, la monotonie, mais la pluralité et la variété des voix, la polyphonie. En même temps, chaque voix du chœur chante en écoutant les autres voix et en rapport avec l’harmonie de l’ensemble”.

“Prions – exhorte le Pape – pour que ce soit une grande occasion d’écoute mutuelle. La communion, en effet, n’est pas le résultat de stratégies et de programmes, mais se construit sur une écoute mutuelle entre frères et sœurs. Comme dans un chœur, l’unité n’exige pas l’uniformité, la monotonie, mais la pluralité et la variété des voix, la polyphonie. En même temps, chaque voix du chœur chante en écoutant les autres voix et en rapport avec l’harmonie de l’ensemble. Cette harmonie est conçue par le compositeur, mais sa réalisation dépend de la symphonie de toutes et seules voix. Dans la conscience de participer à une communion qui nous précède et nous inclut, nous pouvons redécouvrir une Église symphonique, dans laquelle chacun est capable de chanter de sa propre voix, accueillant celle des autres comme un don, pour manifester l’harmonie de l’ensemble que Saint L’esprit compose”.