“L’Église est un hôpital de campagne” car “le monde est une urgence permanente”

“Dans une société sécularisée, il ne suffit pas de dire que la brebis s’est égarée: il faut ressentir l’absence de la brebis perdue” a affirmé le cardinal italien Matteo Maria Zuppi, archevêque de Bologne dans une intervention à Madrid à l’Université ecclésiastique San Damaso à l’occasion des journées de mise à jour pastoral pour les prêtres de l’archidiocèse espagnol sur le thème “Evangéliser la grande ville”.
“Certains se demandent quand l’Eglise arrêtera-t-elle d’être un hôpital de campagne”, a déclaré le cardinal. “Mais le monde est une urgence permanente. Parfois nous croyons être les seuls survivants du passé et nous nous prenons pour des soldats en guerre contre un monde de non croyants”. Dans son discours, Mgr Zuppi a lancé un appel à s’engager via l’amour et la vérité: “la vérité a besoin d’amour et réciproquement. Les deux sont inséparables. Sans amour la vérité devient froide, impersonnelle, oppressante pour la vie concrète des gens, comme l’affirme Lumen fidei”, l’encyclique sur la foi du Pape François.

Dans le débat mené avec le cardinal Carlos Osoro de Madrid et le cardinal Sean Patrick O’Malley, archevêque de Boston, sur la question des grandes zones métropolitaines, le cardinal Zuppi a affirmé que “la ville doit se conceptualiser comme un tout, pour lequel il faut développer une pastorale adaptée à partir de la contemplation. Dans ce monde il y a trop d’isolement, mais l’homme ne doit pas être isolé, malgré tous les moyens électroniques qui facilitent l’isolement digital. Le christianisme est une force de communion, au milieu de tant d’isolement”.
Le vrai disciple, a-t-il poursuivi, “ne doit pas tourner autour de lui-même, mais seulement autour de l’autre. C’est pour cela qu’il est nécessaire de s’incliner et de prendre soin de l’autre dans les nouveaux aréopages: des centres commerciaux aux universités. Plus qu’administrateurs, les prêtres doivent être des architectes de communautés pour créer des lieux et des espaces d’accueil pour l’homme qui vit isolé dans la ville, a conclu le cardinal italien rappelant l’analyse de François dans son discours à la Curie romaine en décembre dernier, pour qui la chrétienté en tant que telle est finie et il y a d’autres producteurs de culture”.