L’Europe en tant que mère ou belle-mère ? Pourtant avec le visage ambivalent d’Angela Merkel (C. Meier)

German Chancellor and head of the Christian Democratic Union (CDU) Angela Merkel toasts during the Trudering festival in Munich, Germany, May 28, 2017. REUTERS/Michaela Rehle

“Le pacte de stabilité tel qu’il se présente offre une multiplicité de possibilités. Je ne regarde pas avec beaucoup d’enthousiasme l’idée d’un changement de pacte. Mais ce sera une décision avec laquelle le prochain gouvernement allemand devra composer”. C’est ce qu’a déclaré Angela Merkel, lors d’une conférence de presse à Berlin, en marge d’une rencontre bilatérale avec le Premier ministre luxembourgeois. Les déclarations de la chancelière sortante confirment donc à quel point la voie de la réforme du traité économico-financier reste difficile.

“Il ne fait aucun doute que lorsque l’Allemagne aura formé un nouveau gouvernement à la suite des élections comme toujours, il apportera une contribution centrale aux nouvelles règles de l’UE sur les budgets publics”, a déclaré le commissaire européen à l’économie Paolo Gentiloni la semaine dernière, à Bruxelles en marge d’une présentation organisée par Assicurazioni Generali.

Le jeu du renouvellement du traité que l’Italie se prête à coordonner en tant que première force dans l’espace méditerranéen n’est pas du tout simple, malgré l’effondrement des principales économies européennes qui s’est produit pendant la pandémie de covid démontre au contraire la nécessité de renouveler le commun règles d’appartenance à l’UE. Pendant ce temps, Draghi a également qualifié “d’irréaliste” de réfléchir aux paramètres du Pacte de stabilité alors que nous ne sommes pas encore complètement sortis de l’urgence sanitaire.

Pour Draghi, l’obstacle le plus important, note La Stampa, pourrait être représenté par le fait que les libéraux du Fdp sont candidats à la conquête d’un rôle central dans le futur gouvernement de Berlin, conditionnant l’action du futur chancelier (Olaf Scholz ou, à titre subsidiaire Amin Laschet ) tant dans le cas du gouvernement avec les Verts et le Spd que dans celui de l’exécutif avec la CDU et les “Grunen”.

“Le ministère des Finances est le morceau précieux que Christian Lindner, le leader des libéraux allemands attend d’être servi par Olaf Scholz”, note le quotidien turinois, rappelant que « cela reviendrait à remettre le sanctuaire de la stabilité économique allemande à un faucon de rigueur. Il s’agirait de placer un obstacle considérable sur la voie de la révision du pacte. Lindner est un orthodoxe des contraintes budgétaires, celui qui ne cache pas qu’il préfère le mot d’austérité aux nouvelles modes de mutualisation de la dette”.

Mais Draghi s’est dit convaincu qu’il serait difficile pour l’Allemagne de conditionner complètement son agenda politique sur la base de la vision d’un ministre unique dans le contexte d’un tournant consolidé qui a favorisé un changement de cap significatif pour Berlin sur les investissements et à long vision à terme. En substance, le Premier ministre est prêt à créer les conditions pour qu’un virage anti-austérité arrive à maturité en Europe, montrant les effets vertueux de la suspension des règles les plus radicales, comme le seuil de 3 % du ratio dette/PIB et l’obligation pour se remettre rapidement des déficits. Une fois la marée passée, nous espérons qu’un orage n’arrive pas. Les phrases de Merkel dénotent une mauvaise vision économique, celle qui manquait à l’Union européenne dans la décennie 2010, où Berlin imposait des théories rigoristes qui abandonnaient le vieux continent, au détriment plus grand de l’espace méditerranéen. Au contraire, il est souhaitable que la classe dirigeante qui prendra la succession du château de Bellevue renverse le paradigme, car l’ensemble de l’Europe ne peut se permettre de gâcher l’opportunité de sa relance.

Christian Meier