L’Italie s’inquiète des conséquences du virus sur son secteur touristique

“Les effets du confinement produits sur le tourisme sont dévastateurs : il suffit de penser à ces filières entières qui ont vu leurs recettes réduites à zéro et de nombreuses entreprises n’ont pas encore rouvert. Mais désormais, le temps est arrivé de prévoir une nouvelle saison de soutien et de relance économique du secteur, qui produit par ailleurs 13% du PIB italien et 15% de forces de travail, car c’est seulement ainsi que la richesse et de nouveaux emplois peuvent être créés”. C’est ce qu’a affirmé le vice-président de la confédération des commerçants italiens, Confcommercio, Lino Enrico Stoppani, représentant la filière touristique Confturismo. Il s’exprimait après une rencontre avec les membres du gouvernement dans le cadre des Etats généraux qui se tiennent à Rome pour dix jours depuis le 13 juin pour réfléchir à un plan de relance de l’économie italienne.
“Il y a cinq pistes prioritaires d’intervention pour développer un modèle de tourisme plus compétitif qui valoriserait notre pays” : “une nouvelle gouvernance du secteur qui réduit la conflictualité entre Etats et régions et permet de coordonner, programmer et promouvoir, de manière plus efficacement l’image de l’Italie; lutter à grande échelle et de façon omniprésente contre les abus dans le secteur qui, de fait, pénalisent fortement nos entreprises, revoir notre offre touristique pour privilégier une approche nationale, en mettant en oeuvre des mesures spécifiques comme un crédit d’impôts, des facilités de crédits et des bons pour rénover les structures et mettre à jour leurs offres, en mettant en avant aussi une forme de regroupement des offres; favoriser l’accessibilité numérique et territoriale, à travers une amélioration des infrastructures, pour permettre aux touristes d’accéder plus facilement toutes les destinations italiennes; mettre en valeur une plus grande connexion entre les différents types de destinations, par exemple des zones maritimes et des villes d’art, dans le but d’augmenter la durée de voyage des étrangers en Italie et séparer l’offre de la saison”.
La Confturismo considère par ailleurs que “la crise du Covid-19 a fait émerger et comprendre le rôle stratégique du tourisme dans l’économie nationale”. Cette attention particulière doit encore “se traduire en actes, comme des indemnités, des aides pour l’emploi. Il faut des réponses urgentes parce qu’il n’y a plus de temps à perdre” a conclut le président de cette branche.
Pas de vacances pour la moitié des Italiens
D’ailleurs, dans le même temps, l’Enit, agence nationale du tourisme en Italie, a publié un sondage qui révèle que moins d’un Italien sur deux a prévu de prendre des congés pendant l’été et l’automne prochain. “Parmi les 47,5% qui partiront cet été, la plus grande partie restera cette année dans le pays (83%) alors que seulement 6,9% ira à l’étranger et 3% soit en Italie soit à l’étranger. Les voyages s’étaleront jusqu’en octobre, distribuant ainsi le flux sur une période de basse saison habituellement. Les vacances se feront en famille (40,2%), en couple (46,2%) ou en amis pour seulement 16,1%”, rapporte l’agence.
Cette étude mette aussi en avant que “plus de la moitié des vacanciers italiens choisira cet été d’aller à la mer (59,8%), ou dans la nature (30%). Viennent ensuite la montagne (25,6%) et le repos (25,5%) alors que pour 23,2% la saison estivale est l’occasion d’expériences culturelles.
Des signaux positifs arrivent prudemment de l’étranger, pour venir passer des vacances en Italie : l’arrêt de la chute des réservations de vols (toujours minimales) du 1er juin au 19 juillet. Pour les Italiens qui iront, eux, à l’étranger choisiront l’Europe méditerranéenne (37%), le nord de l’Europe (29%) et l’Europe de l’Est (12,7%). Hors Europe, ils iront pour “6,9% aux Etats-Unis, 3% en Chine et en Asie, 2,7% en Amérique latine, 0,8% au Canada et 0,2% en Russie”, conclut Enit.
Christian Meier