Migrants : les idées innovantes d’un archevêque italien pour valoriser les mineurs isolés

La myopie de l’État italien l’empêche de s’investir “de façon adaptée sur les jeunes migrants, qui pourtant pourraient représenter l’avenir pour notre pays”, a dénoncé l’archevêque italien de Ferrara, en Émilie-Romagne, Giancarlo Perego.

Il intervenait à Rome lors d’une conférence sur le thème “De l’accueil au droit à l’intégration” organisé par la Fondation “Protectorat de Saint-Joseph”. Mgr Perego, directeur de longue date de la Fondation Migrantes qui dépend de la Conférence des Évêques italiens (Cei), a souligné l’urgence de résoudre la question de l’accueil des mineurs isolés dans les Centres d’Accueil Extraordinaires (Cas) qui ne sont pas du tout adaptés à l’hébergement des adolescents et qui en accueillent pourtant au moins mille non accompagnés sur les 6500 présents en Italie.

Les mineurs étrangers, citoyens d’honneur

“Comment peut-on accueillir un mineur dans un foyer qui n’a pas de personnel dédié ni d’environnement et projets adaptés pour lui ?”, s’est interrogé le prélat. Le coût de cette hospitalité est élevé, mais, a-t-il répondu, les ressources prévues pour l’intégration des jeunes étrangers sont maigres. Il a souligné qu’une bourse d’étude qui permet de reconnaître et valoriser leur parcours scolaire ne coûte qu’un peu plus de la moitié que ce qu’il faudrait pour les garder dans ces centres. 

“Leur offrir des conditions de vie adaptées et des opportunités de formation est une devoir inscrit dans la Constitution. Ils ne comptent pas pour des prunes. Leur présence crée de l’avenir, c’est un cadeau parce que grâce à eux, les villes se renouvellent, et ainsi, l’histoire traverse nos villes”.

À partir de ce constat, l’archevêque de Ferrara a lancé deux idées innovantes : “accorder la citoyenneté d’honneur à tous les enfants migrants qui arrivent dans nos villes, et prévoir la possibilité des les intégrer dans le Service civique”.

Les jeunes migrants, une opportunité

Récemment, Mgr Perego a adressé une lettre aux citoyens d’une des communes de son diocèse pour les appeler à s’ouvrir à la présence des jeunes étrangers : “si nous passons d’une approche passive, comme si c’était un poids à porter, à une approche active, nous réussirions probablement à comprendre aussi les autres aspects de ce monde qui vient chez nous dans notre pays, arrivant d’autres maisons, d’autres familles et pays. Je crois, et je ne pense pas me tromper, que ces jeunes peuvent devenir la plus grande opportunité que votre commune n’a eu pour son développement, sa croissance, son renouveau depuis ces vingt dernières années”.

Le prélat a ajouté que ces jeunes “ont la volonté et l’espoir de réaliser quelque chose”. En tant que directeur général de la Fondation Migrantes, il a “lu des centaines de témoignages”. “Je vous assure qu’ils rêvent d’un avenir. Vous pouvez les considérer comme vos enfants, confiés à vos soins, mais pour cela ils ont besoin d’être accueillis mais aussi accompagnés, aidés, de sentir qu’ils font partie d’une communauté, actifs, engagés.”

Intégrer et non tolérer

Lors de l’ouverture de ce séminaire, le professeur Luciano Vasapollo, représentant du Recteur de l’Université romaine Sapienza pour les relations avec l’Amérique latine et membre du comité scientifique, a souligné la nécessité de faire “un saut culturel pour abandonner le concept de tolérance zéro qui est apparu dans notre pays, qui sous-entend le fait de devoir supporter. L’intégration en revanche, est une meilleure approche qui ouvre à la ‘contamination’ c’est à dire à un réel partage des cultures, en en découvrant et valorisant la complémentarité”.

“Le Pape François, a-t-il enfin martelé, est le témoin le plus innovant de cette vision, il suffit de penser au Synode pour l’Amazonie. La ‘green economy’ n’est rien à côté de l’encyclique ‘Laudato sì’. Nous devons suivre sa vision qui met au centre la valeur de compatibilité sociale”.