“Ne faites pas justice avec les mêmes armes du mal reçues”. Francesco à Barhein: “briser la spirale de la vengeance, désarmer la violence, démilitariser le cœur”

“De nos jours, dans de nombreuses régions du monde, nous assistons à des exercices de pouvoir qui se nourrissent de l’oppression et de la violence, qui cherchent à augmenter leur propre espace en restreignant celui des autres, en imposant leur propre domination et en limitant les libertés fondamentales, en opprimant les faibles” .

Cette photographie réaliste du monde d’aujourd’hui à nouveau déchiré par les guerres et les conflits a été prise par le pape François devant environ 30 000 fidèles venus des quatre pays du vicariat apostolique d’Arabie du Nord – Bahreïn, Koweït, Qatar et Arabie saoudite – mais aussi d’autres Pays du Golfe et autres territoires. Dans le stade national Barhein, il y a surtout des migrants des Philippines et d’autres pays asiatiques, dont l’Afghanistan.
La proposition du christianisme face à tout cela “est surprenante, audacieuse, audacieuse”: “Elle nous demande de rester toujours, fidèlement, amoureux, malgré tout, même face au mal et à l’ennemi”. La simple réaction humaine “nous cloue œil pour œil, dent pour dent”. Mais cela signifie “obtenir justice avec les mêmes armes que le mal reçu”.

La logique de l’Evangile nous propose “quelque chose de nouveau, de différent, d’impensable, qui lui soit propre : ‘Je vous dis de ne pas vous opposer aux méchants; au contraire, si l’un te gifle sur la joue droite, tu lui offres aussi l’autre. C’est ce que le Seigneur nous demande: ne pas rêver iréniquement d’un monde animé par la fraternité, mais nous engager à partir de nous-mêmes, commencer à vivre concrètement et courageusement la fraternité universelle, persévérer dans le bien même quand nous recevons le mal, briser la spirale de la vengeance, désarmer la violence, démilitariser le cœur”.

L’invitation de Jésus “ne concerne pas d’abord les grandes questions de l’humanité, mais les situations concrètes de notre vie: nos relations dans la famille, les relations dans la communauté chrétienne, les liens que nous cultivons dans le travail et dans la société”. “Celui qui suit le Prince de la Paix doit toujours lutter pour la paix”. “Et la paix ne peut pas être restaurée – a dit le Pontife – si un mauvais mot est répondu par un mot encore pire, si une gifle est suivie d’une autre : non, il faut ‘désamorcer’, briser la chaîne du mal, briser la spirale de la violence, arrête d’avoir du ressentiment, arrête de te plaindre et de te pleurer”.

“Il faut rester dans l’amour, toujours : c’est la manière de Jésus de rendre gloire au Dieu du ciel et de construire la paix sur la terre”. Mais l’amour, rappelle le Pape, ne suffit pas “si nous le confinons à la sphère restreinte de ceux dont nous recevons le même amour”.

Le véritable défi, être enfants du Père et construire un monde de frères, est d’apprendre à aimer tout le monde, même l’ennemi: “Vous avez entendu qu’il a été dit: Vous aimerez votre prochain et haïrez votre ennemi. Mais je vous le dis: aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent », dit l’Evangile. “Cela, en réalité, signifie – a conclu François – choisir de ne pas avoir d’ennemis, de ne pas voir dans l’autre un obstacle à surmonter, mais un frère et une sœur à aimer. Aimer l’ennemi, c’est apporter le reflet du Ciel sur la terre, c’est faire descendre sur le monde le regard et le cœur du Père, qui ne fait pas de distinctions, ne discrimine pas, mais “fait lever son soleil sur les mauvais et les bons, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes”.