Pape François : « anachronismes » les questions terminologiques sur Noël. L’UE ne doit pas uniformiser les traditions et les cultures, mettant la démocratie en danger

S’adressant à des journalistes dans l’avion, le Pape a évoqué le document de l’Union européenne à l’occasion de Noël : “… c’est un anachronisme. Dans l’histoire, beaucoup, beaucoup de dictatures ont essayé de le faire. Pensez à Napoléon : à partir de là… Pensez de la dictature nazie, la communiste… c’est une mode d’une laïcité édulcorée, de l’eau distillée… Mais c’est quelque chose qui n’a pas fonctionné au cours de l’histoire”. “Mais ceci – a déclaré le Pape – me fait penser à une chose, en parlant de l’Union européenne, que je crois nécessaire : l’Union européenne doit reprendre les idéaux des Pères fondateurs, qui étaient des idéaux d’unité, de grandeur , et attention à ne pas laisser la place à la colonisation idéologique. Cela pourrait conduire à la division des pays et (provoquer) l’échec de l’Union européenne”.

Selon François, “l’Union européenne doit respecter chaque pays tel qu’il est structuré à l’intérieur. La variété des pays, et ne pas vouloir uniformiser. Je crois qu’elle ne le fera pas, ce n’était pas son intention, mais attention, car parfois ils viennent, et ils jettent là des projets comme ça et ils ne savent pas quoi faire, je ne sais pas ça me vient à l’esprit… Non, chaque pays a sa particularité, mais chaque pays est ouvert aux autres: sa souveraineté, la souveraineté des frères dans une unité qui respecte la singularité de chaque pays. Et attention à ne pas être les véhicules d’une colonisation idéologique. Pour cette raison – a-t-il répété – Noël est un anachronisme”.

Dans l’avion, François a également précisé le sens de son discours sur les risques d’une démocratie incomprise. “La démocratie – a-t-il expliqué – est un trésor, un trésor de civilisation et doit être gardé, il doit être gardé. Et pas seulement gardé par une entité supérieure mais gardé entre les pays eux-mêmes, [nous devons] garder la démocratie des autres”.

“Aujourd’hui – confiait Bergoglio – je vois peut-être deux dangers contre la démocratie: l’un est celui des populismes, qui sont un peu ici, un peu là, ils commencent à montrer leurs ongles. Je pense à un grand populisme du siècle dernier, le nazisme , qui était un populisme qui défendait les valeurs nationales, a-t-il dit, a réussi à anéantir la vie démocratique, voire la vie elle-même avec la mort du peuple, pour devenir une dictature sanglante. Aujourd’hui, je dirai, parce que vous avez posé des questions sur les gouvernements de droite, nous veillons à ce que les gouvernements, je ne dis pas de droite ou de gauche, je dis autre chose, veillent à ce que les gouvernements ne glissent pas dans cette voie des populismes, des soi-disant populismes politiquement, qui n’ont rien à voir avec les popularismes qui sont la libre expression des peuples, qui se manifestent avec leur identité, leur folklore, leurs valeurs, leur art… Le populisme est une chose, le popularisme en est une autre]. alors [ça s’affaiblit] quand les valeurs nationales sont sacrifiées, elles s’édulcorent vers, disons un gros mot, mais je n’en trouve pas d’autre, vers un empire, une sorte de gouvernement supranational et c’est quelque chose qui doit nous faire penser”.

La recommandation du Pape est donc de “ne pas tomber dans des populismes dans lesquels le peuple, ils disent le peuple mais n’est pas le peuple mais une dictature propre à ‘nous et pas les autres’, penser au nazisme, ni tomber dans un édulcoration de leur propre identité dans un gouvernement international”. A cet égard, François a cité “un roman écrit en 1903 (vous direz « comme ce Pape est archaïque en littérature » !) écrit par Benson, un écrivain anglais, Le Maître du Monde, qui rêve d’un avenir dans lequel une communauté internationale un gouvernement avec des mesures économiques et politiques gouverne tous les autres pays et quand vous avez ce type de gouvernement, explique-t-il, vous perdez votre liberté et essayez de rendre tout le monde égal”.

Le risque, donc, c’est “l’affaiblissement de la démocratie en raison du danger de populismes qui ne sont pas des popularismes, et du danger de ces références aux puissances économiques et culturelles internationales… c’est ce qui me vient à l’esprit mais je ne suis un scientifique politique, je parle en disant ce qu’il me semble”.