Pape François: “En Éthiopie, l’harmonie et la voie pacifique du dialogue prévalent”. Et il demande des prières pour les victimes de l’incendie en Sierra Leone

epaselect epa09567869 Sierra Leone residents of Freetown look at burned vehicles in the aftermath of an explosion at a junction outside Choithram Supermarket in Freetown, Sierra Leone, 06 November 2021. At least 99 people have died following a massive fuel tanker explosion in the capital Freetown, after a fuel tanker collided with a truck. EPA/MOHAMED KONNEH

Le pape François, après la récitation de l’Angélus, a fortement invoqué la paix en Éthiopie: “Je suis avec attention les nouvelles en provenance de la Corne de l’Afrique – a-t-il dit – en particulier d’Éthiopie, secouée par un conflit qui dure depuis plus de un an, ce qui a fait de nombreuses victimes et une grave crise humanitaire. J’invite tout le monde à prier pour ces personnes si durement éprouvées – a poursuivi Bergoglio – et je renouvelle mon appel pour que l’harmonie fraternelle et la voie pacifique du dialogue prévalent”.

Le Pape a ensuite conclu: “J’assure également mes prières pour les victimes de l’incendie suite à une explosion de carburant à la périphérie de Freetown, la capitale de la Sierra Leone”.

“Le drame – rapporte l’AGI – s’est produit vendredi soir lorsqu’un camion-citerne plein de carburant est entré en collision avec un camion dans une station-service. L’explosion a généré une énorme boule de feu qui a touché les dizaines de personnes qui s’étaient précipitées entre-temps dans l’espoir de récupérer du carburant. Les flammes se sont ensuite propagées aux rues avoisinantes, enveloppant voitures et passants. Le bilan est de 99 morts”.

Une tragédie donc qui touche une fois de plus les pauvres. Une considération similaire concerne la crise en Éthiopie. « La faim tue plus que les bombes dans la guerre civile fratricide obscurcie et oubliée du nord de l’Éthiopie”, écrit Paolo Lambruschi, correspondant d’Avvenire, racontant que, par exemple, “24 personnes atteintes de diabète sont mortes du manque de médicaments et il est impossible d’administrer soins aux jeunes patients hospitalisés pour malnutrition aiguë à l’hôpital Ayder de Macallè, le mieux desservi de la région, les médecins que nous avons pu joindre au téléphone confirment que 24 personnes atteintes de diabète sont décédées par manque de médicaments et qu’il est impossible de administrer un traitement adapté aux petits patients hospitalisés pour malnutrition aiguë”.

Les agents de santé, qui maintiennent le contact avec des collègues dans les structures d’autres villes et zones rurales, font état d’une situation globalement pire. Le black-out de communication voulu par le gouvernement central – zéro Internet, téléphone et déplacements dans de nombreux quartiers Tigrinya – qui a caractérisé la guerre dès le début en isolant la région rend très difficile de dresser un tableau détaillé même si les premières images d’enfants à la fin de la journée arrivent même à l’extérieur de Macallé. » Avvenire en a publié une particulièrement déchirante.

Ocha, l’agence des Nations Unies qui coordonne l’aide, a annoncé que 211 camions d’aide étaient arrivés au Tigré la semaine dernière. Encore insuffisant. De la nourriture a en effet été distribuée à 145 000 personnes, mais pour nourrir 5,2 millions de personnes dans le besoin, il faut en atteindre 870 000 par semaine. Tout aussi grave est l’urgence vaccinale pour 887 000 enfants en attente de l’anti-politique et plus de 790 000 qui ont besoin de l’anti-rougeole.

Le manque d’électricité et de carburant rend la distribution difficile. Les prix des denrées alimentaires montent en flèche. Les universitaires de l’Université de Gand, en Belgique, appliquant les méthodes de calcul du Programme alimentaire mondial et de l’agence gouvernementale américaine d’aide, Usaid, ont estimé qu’au Tigre il y a au moins 425 morts de faim par jour, oubliés dans une famine cachée qui rappelle de celui des années 1980, causé comme cela par la main de l’homme. Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien qui a reçu le prix Nobel de la paix il y a tout juste deux ans, devra répondre à la plainte d’Amnesty International concernant la guerre de l’armée fédérale d’Éthiopie, des forces armées d’Érythrée et des milices armées d’Amhara.

L’organisation de défense des droits humains a également signalé une augmentation des rapports de crimes de guerre contre le Front populaire de libération du Tigré (Tplf) et de graves violations des droits humains à caractère ethnique par l’Armée de libération oromo (Ola), qui a récemment rejoint le Tplf contre le gouvernement central. Autre évolution préoccupante, l’appel du peuple aux armes, poussé par diverses autorités régionales, contre le TPLF.

“De tels appels risquent d’entraîner la population civile dans le conflit et d’encourager la création de milices armées sur une base ethnique”, souligne l’organisation. Amnesty International s’est également déclarée alarmée par l’augmentation des discours de haine sur les réseaux sociaux. Le 3 novembre, Facebook a supprimé un message du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed pour violation des règles de la plateforme contre la violence. Sur d’autres plateformes, les expressions offensantes contre les Tigréens se multiplient, y compris de la part de journalistes et de politiciens, qui sont retirées très lentement, conclut Amnesty.

L’état d’urgence, proclamé par le gouvernement le 4 novembre et d’une durée de six mois, affecte l’ensemble de l’Éthiopie. Il autorise les autorités à procéder à des arrestations sans mandat contre ceux qui sont “raisonnablement soupçonnés” de collaborer avec des “groupes terroristes” et à les maintenir en prison jusqu’à ce que l’état d’urgence perdure, sans contrôle judiciaire. Le Conseil de sécurité de l’ONU a lancé un appel à un cessez-le-feu en Éthiopie, exprimant sa profonde préoccupation face à l’escalade de la violence dans le pays. L’invitation aux parties est d’entamer des négociations pour mettre fin aux hostilités.

Sante Cavalleri