“Promouvoir le multilinguisme pour l’inclusion dans l’éducation et la société”, le thème de la Journée internationale de la langue maternelle 2021

Nelson Mandela pensait que « parler à quelqu’un dans une langue qu’il comprend c’est toucher son cerveau, mais lui parler dans sa langue maternelle, c’est le toucher au cœur ». Nous célébrons demain, le 21 février, la Journée internationale de la langue maternelle, une occasion pour promouvoir le multilinguisme et l’importance de la langue maternelle dans un monde où la diversité linguistique représente une richesse et non une limite.

La Journée a été instituée par l’UNESCO en 1999 et l’initiative était venue du Bangladesh suite à un événement tragique qui s’est passé en 1952 : le meurtre, de la part des forces de police pakistanaises, de quelques étudiants de l’Université de Dacca qui revendiquaient le bengali en tant que langue officielle.

La 22ème édition de cette journée est célébrée alors que le monde est confronté à une perturbation sans précédent de l’éducation due à la pandémie de COVID-19. Cette crise a engendré des nouvelles inégalités qui se sont traduites dans des situations de marginalisation et d’exclusion.

Le thème de la Journée internationale de la langue maternelle 2021, « Promouvoir le multilinguisme pour l’inclusion dans l’éducation et la société », reconnait que les langues et le multilinguisme peuvent faire progresser l’intégration et atteindre des objectifs de développement durable dont le principe est de ne pas laisser personne de côté. La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a souligné l’importance de cette journée dans le scénario actuel : « 40% des habitants du monde n’ont pas accès à un enseignement dans la langue qu’ils parlent ou comprennent le mieux, cela entrave leurs apprentissages, comme leur accès au patrimoine et aux expressions culturelles. Cette année, une attention particulière est d’ailleurs accordée à l’enseignement multilingue dès la petite enfance, pour que leur langue maternelle soit toujours un atout pour les enfants ». L’UNESCO invite donc les gouvernements, les éducateurs et les enseignants, les parents et les familles à s’engager davantage en faveur de l’inclusion dans l’éducation et la société, pour faire progresser la reprise de l’éducation au cours de cette période de pandémie.

« Intégrer les différences ne signifie pas rendre tous égaux, mais au contraire accroitre la dignité de ceux qui de cette diversité sont porteurs », affirme Save the Children, qui à l’occasion de cette Journée propose des écoles plus inclusives, qui soient des lieux de croissance et d’enrichissement culturel, et non pas d’exclusion ou de marginalisation. Dans des classes où des groupes minoritaires sont présents, c’est-à-dire des étudiants étrangers émigrés, qui souvent ont du mal à s’intégrer à cause des barrières linguistiques et culturelles, si des politiques linguistiques n’interviennent pas, on se trouve face au risque de la naissance de phénomènes de marginalisation difficiles à démanteler. Afin d’éviter ce risque, Save the Children appelle à des interventions dans les écoles visant à « promouvoir des liens sociaux sains, ainsi que la participation de tous, puisqu’il s’agit de respecter un droit fondamental de chaque étudiant ». De l’autre côté, comme le souligne Save the Children, « il est important que leur langue maternelle ne soit pas supprimée ou remplacée par la langue du Pays où les étudiants émigrés se trouvent, ou encore oubliée : elle est une partie de leur vie, c’est la langue du cœur, de leur famille et des émotions ».

Notre langue maternelle constitue notre identité : elle nous permet de nous exprimer, de connaitre, de nous distinguer et nous affirmer dans le monde. Elle établit qui nous sommes et d’où nous venons et elle révèle ainsi notre appartenance. L’identité est en réalité une notion qui change et s’évolue sur la base de ce que nous vivons, des lieux que nous explorons, des cultures nouvelles que nous embrassons, tout comme des nouvelles identités linguistiques et culturelles que nous faisons nôtres une fois que nous nous déplaçons de notre terre d’origine. À propos de la question complexe de l’identité, l’Université de Sienne (Italie), et en particulier sa faculté de Langues pour la communication interculturelle et d’entreprise d’Arezzo, pour célébrer la Journée de la langue maternelle, a organisé un événement en ligne, en collaboration avec le siège UNESCO d’Arezzo. Le thème du débat a été, comme l’a expliqué M.me la professeur Silvia Calamai, « comment nous pouvons raconter nous-mêmes par le biais des différents codes linguistiques à notre disposition : la langue maternelle, les dialectes, les variétés régionales et les autres langues apprises au cours des années », qui font toutes parties de notre bagage identitaire.

Arianna Barile