République Démocratique du Congo. Le terrible 2021. Entre le réveil du volcan Nyiragongo et la guerre permanente contre les Rebelles

En République démocratique du Congo, on se souviendra aussi de 2021 pour le terrible réveil du volcan Nyiragongo, à Goma, province du Nord Kivu, à l’est du pays qui a aggravé la situation précaire de la Province ,déjà compromise par les effets dévastateurs de la Pandémie de Covid19 sur le plan économique et social et conflits interminables dans les Provinces de l’Est battues par une myriade de groupes armés qui contrôlent les immenses ressources naturelles qui existent.

La catastrophe naturelle s’est produite le 22 mai 2021, vers 19 h 00. Le volcan Nyiragongo, qui de par sa taille immense domine la capitale de la province du Nord-Kivu : Goma, est entré en éruption sans aucun avertissement. La lave est allée dans deux directions, l’une vers Goma et l’autre vers le Rwanda. La lave, sur son passage, a causé la perte d’environ 150 personnes, la destruction de 2 quartiers de Goma et des villages situés sur les pentes du volcan, la destruction d’infrastructures essentielles telles que les conduites d’eau et les réseaux électriques et la destruction de la flore et la faune.

La même nuit, le Gouverneur Militaire, qui avait remplacé l’administration civile à la suite de la déclaration de l’Etat de sSiège décrété quelques semaines plus tôt par le président Félix Tshisekedi pour lutter contre les différents groupes armés, décrétait l’évacuation de la ville et des dizaines de milliers de les gens se déplaçaient dans des directions différentes;,à savoir : Sake, Bukavu, Rutshuru, Grand-Nord et Gisenyi en République du Rwanda.

Le lendemain de l’éruption a suivi une forte sismicité, qui a provoqué l’ouverture de fissures dans certains quartiers de la ville de Goma et dans le Territoire du Nyiragongo. Divers dommages collatéraux ont également été signalés comme la disparition de centaines de personnes, des épidémies de fièvre typhoïde, des dizaines et des dizaines d’incidents de la route liés à la situation d’évacuation massive chaotique et improvisée. Considérez que la population touchée par l’éruption volcanique vivait avant même l’éruption dans des conditions extrêmement difficiles, dans un manque de soins sociaux et de santé et d’infrastructures urbaines.

L’éruption a laissé la ville quasiment déserte pendant une quinzaine de jours, situation irréelle, les centaines de milliers de personnes évacuées ont vécu dans des conditions extrêmement défavorisées avant de pouvoir regagner leurs foyers et reprendre petit à petit une vie normale. On estime qu’environ trois cent mille personnes se sont retrouvées sans abri. La ville de Goma est actuellement habitée, par estimations, par 2 500 000 personnes. Si l’on considère que 1 000 000 d’habitants ont été calculés en 2010, on se rend compte de l’énorme augmentation démographique provoquée par l’exode rural de la population fuyant la guerre et par l’oppression des différentes milices dans les zones intérieures de toute la Province du Nord Kivu et des villes de Beni, Butembo et Lubero.
Plus tard, en très peu de temps, grâce à l’extraordinaire capacité des Congolais à s’adapter aux difficultés et à réagir aux situations critiques, la vie à Goma a repris, avec un soutien minimal des Agences Humanitaires Nationales et Internationales qui leur a en tout cas permis de faire face , quoique de manière partielle, aux problèmes les plus urgents.

En effet, Goma est encore une ville très active, où circule beaucoup d’argent, en grande partie le résultat d’activités illégales et semi-légales liées au système d’exploitation minière qui ont un fort impact sur les activités commerciales et le développement immobilier principalement, alors que les phénomènes persistance de la corruption institutionnelle et sociale et de la situation d’injustice sociale et de misère dans laquelle vivent la plupart de ses citoyens, aggravée par l’épidémie de Covid qui perdure même si elle n’atteint pas, pour autant qu’il y paraît, les niveaux de virulence atteints en Europe ou au Brésil. Une pandémie qui cependant impose également des restrictions à la vie sociale et économique au Kivu et oblige la population à prendre des mesures d’assainissement prudentes, bien qu’approximatives.

Malheureusement, l’état de guerre demeure, en effet de nouvelles et lourdes attaques de « nouvelles » forces rebelles ont été signalées ces dernières semaines dans des zones non loin de Goma. Ces attaques ont été attribuées à la formation rebelle Banyaruanda (congolaise d’origine tutsie): le Mouvement M23 qui a déclenché en 2012 une rébellion dans l’est du Congo en conquérant plusieurs centres comprise Goma.

La rébellion a pris fin un an plus tard avec leur retrait en Ouganda et au Rwanda, les deux pays soupçonnés d’apporter leur soutien aux rebelles Banyaruanda. Le M23 est inactif depuis 2013. Ce groupe armé se distingue des autres par son orientation politique et ethnique opposée aux terroristes rwandais FDLR et aux milices Mai Mai. Le groupe armé se distinguait également par sa forte et disciplinée organisation qui en faisaient ressembler plus à une armée régulière que à une milice. Pour le moment, le M23 rejette l’accusation d’avoir mené ces attaques, mais si ces accusations s’avéraient fondées, un nouveau front s’ouvrirait au Kivu, rendant le scénario politico-militaire de toute la région encore plus complexe et dangereux.

La fin de cette guerre permanente et le dépassement de la crise de l’Est du Congo paraissent encore lointains. Tout porte à penser que l’état d’instabilité politique militaire combiné au manque d’informations et d’initiatives politiques de la Communauté Internationale dans des pays comme le Congo ou d’autres Pays Africains, comme l’Éthiopie, (où une violente guerre civile est en cours), privilégient encore les intérêts des puissances mondiales et des multinationales dans la recherche pérenne de ressources naturelles, notamment minérales à exploiter, dont le territoire de l’Est du Congo est extrêmement riche.

Une richesse qui représente une malédiction pour le peuple congolais au moins jusqu’à la résolution des gigantesques nœuds politiques, qui se sont d’abord révélés à partir de l’assassinat de Patrick Lumumba au lendemain de l’Indépendance et qui, sous des formes sans cesse renouvelées mais sensiblement similaires, perdurent jusqu’à ces jours.

Marco Tartarini