Russie. Poutine a également gagné grâce à l’autorité de Lavrov. Faire de l’ombre à Medvedev

La nette victoire, quoique plus contenue que lors des précédentes élections, rapportée par “Russie unie” témoigne de la confiance que les citoyens russes accordent à leurs institutions. Et c’était important pour obtenir ce résultat que les candidatures du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et du ministre de la Défense Sergueï Choïgou ont été présentées: deux piliers de la politique étrangère du Kremlin et de sa politique militaire.

“Un choix – commente Maurizio Vezzosi dans Mondo Economico – visant à polariser le consensus des millions de Russes qui regardent avec nostalgie et faveur le passé soviétique, le prestige international renouvelé de Moscou, ainsi que la figure de Vladimir Poutine”.

“Dans le même temps – observe Vezzosi – l’exposition médiatique de l’ancien Premier ministre Dmitri Medvedev, également membre de ‘Russie unie’, a été réduite au minimum”. L’analyse de Vezzosi révèle une nouvelle stratégie de Poutine selon laquelle “si lors des dernières élections présidentielles le président russe a essayé de se distancier le plus possible de celui du parti, lors de la campagne électorale qui a précédé les élections de la Douma il a prodigué tous les efforts en sens inverse” .

Selon l’analyste, “les inconnues sur l’avenir de la Russie post-Poutine et la succession à la présidence restent ouvertes, ainsi que celles concernant la figure de Vladimir Poutine : parmi celles-ci, un nouveau poste de Premier ministre (comme entre 2008 et 2012), la présidence du Conseil de sécurité – à l’instar de ce qui s’est passé au Kazakhstan -, la présidence d’une hypothétique Union Russie-Biélorussie et bien d’autres. En tout cas, la sortie lente de Vladimir Poutine pourrait encore réduire la taille de la Russie unifiée, rendant ses perspectives beaucoup plus problématiques”.

“Les contours tracés par le vote – conclut Vezzosi – sont ceux d’un pays avec un axe politique décalé vers la gauche, avec des millions de Russes visiblement peu enthousiastes quant à leur condition sociale – notamment dans certaines régions – et leurs perspectives de vie. La principale nouveauté du scrutin est en effet le renforcement important du second parti, le KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie) qui a atteint le seuil des 20% des voix”. Et donc “si la Russie veut rester véritablement unie, elle a un impératif catégorique à respecter: celui d’éviter des fractures nettes dans son corps social et d’empêcher la propagation des dérives idéologiques dans les nouvelles générations”.

Source: Mondo Economico