Rwanda. Paul Kagame a été clair. Prêt à résoudre personnellement la menace terroriste des FDLR au Congo

Mardi 8 février, le président rwandais Paul Kagame, lors de la prestation de serment des nouveaux ministres, a tenu des propos lourds contre le groupe terroriste rwandais Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Dans son communiqué, le dirigeant rwandais a insisté sur le danger qui pèse sur le Rwanda en raison de la présence des FDLR dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo, où sont également présents les rebelles ougandais d’origine islamique ADF (Alliance des Forces Démocratiques).

Paul Kagame a dit qu’il y a un temps pour négocier et un temps pour trouver une solution sans demander la permission à personne. Des constats directs et menaçants qui n’ont toutefois pas suscité de réaction officielle de la part du gouvernement congolais.
Les FDLR, soupçonnées de l’exécution extrajudiciaire de l’ambassadeur italien Luca Attanasio et de son garde du corps, le carabinier Vittorio Iacovacci, qui a eu lieu près de Goma (Nord-Kivu, est du Congo) le 22 février 2021, sont un groupe terroriste fondé en 2000 avec le soutien militaire et financier de la France. Le groupe a réuni ce qui restait de l’armée rwandaise et des milices paramilitaires Interwame qui avaient réussi à fuir en 1994 vers le Zaïre (aujourd’hui RD Congo) après avoir perpétré le génocide rwandais où 1 million de personnes, principalement des Tutsi, ont été tuées.
Le gouvernement français les a soutenus pendant plus de 18 ans pendant la guerre froide contre le nouveau Rwanda de Kagame. Un choix cohérent étant donné que la France a participé activement à la préparation et à l’exécution du génocide de 1991 à 1994. Cette même France qui a secouru ce qui restait des forces génocidaires vaincues par Paul Kagame au Congo voisin (à l’époque Zaïre) d’où les FDLR surgissent plus tard. A partir de 2020 Paris et Kigali rétablissent progressivement des relations et des échanges commerciaux. Malheureusement, le gouvernement français n’a pas encore annoncé si le soutien financier, logistique et militaire aux terroristes des FDLR a pris fin avec la reprise des relations avec le Rwanda.

Depuis près de 20 ans ce groupe terroriste a géré au grand jour dans l’est du Congo des mines d’or, de diamants, de coltan en étroite collaboration avec le dictateur congolais Joseph Kabila créant un chiffre d’affaires milliardaire qui a été réinvesti dans l’économie congolaise devenant actuellement l’un des principaux moteurs économiques des provinces du Nord et du Sud-Kivu et l’un des principaux fournisseurs de coltan et maintenant de diverses multinationales occidentales et asiatiques. On soupçonne que les FDLR ont fourni illégalement de grandes quantités de coltan et d’or à l’Ouganda. Certains membres de la société civile congolaise affirment que le Rwanda bénéficie également du coltan vendu illégalement par ce groupe terroriste. Une accusation toujours rejetée par le gouvernement de Kigali et non étayée par des preuves convaincantes, seulement par des indices.
Depuis 2001, les FDLR ont tenté 18 invasions du Rwanda, à partir désormais à la fois du Congo et du Burundi grâce à leur alliance politique et militaire signée en 2014 avec feu le dictateur Pierre Nkurunziza et reconfirmée en 2020 par l’actuelle junte militaire dirigée par le Général Évariste Ndayishimiye ( alias le Général Neva) et par le Maréchal Général Alaine-Guillaume Bunyoni.

En mai 2021, le Président congolais Félix Tshisekedi a déclaré l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pour combattre les groupes armés et les terroristes rwandais des FDLR. Une guerre qui a réussi à éradiquer certains gangs armés mais pas les FDLR, protégés par la même population car les FDLR sont un des principaux acteurs économiques de l’est du Congo. Ces terroristes ont assez d’argent pour acheter les Généraux d’armée que le président Tshisekedi a envoyés pour les combattre. Tshisekedi est conscient qu’il ne peut pas gagner les FDLR ni s’opposer à eux. Il y a un mois il a prononcé une phrase choquante pour un Chef d’Etat : « Mon pays n’a aucun espoir ».

Gratien de Saint Nicolas Iracan, député national de l’Ituri, a récemment interpellé le gouvernement sur cette question, rappelant que la Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée Nationale avait fait des recommandations pour le rétablissement de la sécurité dans l’Est du pays. Pour le député congolais, il est très important que le Président Félix Tshisekedi s’explique devant l’Assemblée Nationale après presque un an depuis le début de l’état de siège (qui devait durer quelques mois) et les échecs militaires contre les FDLR.

“Il y a des groupes armés qui opèrent dans l’est du Congo et sur le terrain on a vu des massacres perpétrés par des Rwandais qui parlaient la langue rwandaise. Cela nous inquiète car il y a vraiment un lien entre les terroristes ougandais ADF et les FDLR. C’est une situation qui pourrait mettre le feu à toute la région et il ne serait pas bon pour nous d’entrer dans la violence. Nous voulons que le Président vienne nous dire s’il y a ou non une évolution sur les opérations militaires contre ces terroristes.” Dit le député Gratien de Saint Nicolas Iracan.

Même les partenaires internationaux qui ont jusqu’ici soutenu Tshisekedi (dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union Européenne et l’Église Catholique) commencent à douter de sa capacité à vaincre les terroristes des FDLR.
Quiconque connaît bien le Président Paul Kagame sait que le discours prononcé en kirundi lors de la nomination des ministres est à prendre au sérieux. Il s’agit d’un avertissement direct au gouvernement de Kinshasa. En pratique, Kagame a clairement indiqué que les FDLR constituaient un grave problème de sécurité nationale et a averti le Président congolais que s’il continuait à se montrer incapable de détruire cet important groupe terroriste, les troupes rwandaises entreraient dans l’est du Congo. Un avertissement similaire a également été donné par Paul Kagame au dictateur congolais Mobutu Sese Seko en 1995. Un avertissement ignoré qui a incité les troupes rwandaises à envahir le Zaïre de l’époque avec des troupes angolaises, burundaises, éthiopiennes et ougandaises, renversant Mobutu en moins de 6 mois.
L’avertissement de Paul Kagame au Congo intervient à un moment où les alliances régionales ont changé. De 2015 à 2021 l’Ouganda a soutenu les FDLR et la junte militaire du Burundi dans une logique anti-rwandaise en raison de la guerre froide entre l’Ouganda et le Rwanda basée sur le partage des richesses naturelles de l’est du Congo et sur les rivalités et querelles personnelles entre le Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni et Paul Kagame. Une guerre froide résolue par le Général ougandais Muhoozi Kainerugaba, chef des Forces de Défense ougandaises, fils de Museveni, à travers une visite officielle (la première depuis 2014) à Kigali.

Le Général Muhoozi (orienté à devenir Président en Ouganda si le vieux père décède ou il ne peut plus exercer ses fonctions en raison de sa sénilité) a précisé à son père et à Kagame l’urgente nécessité d’arrêter ce conflit absurde qui a coûté aux deux pays plus de 200 millions de dollars américains de pertes commerciales annuelles et des risques permanents de guerre ouverte. “Vous pouvez vous disputer et vous fâcher entre vous autant que vous voulez mais vous ne pouvez pas impliquer nos deux pays dans une guerre absurde”, a précisé le Général Muhoozi à son père et à Kagame avant la visite officielle à Kigali le 22 janvier dernier.

En plus de résoudre la guerre froide entre l’Ouganda et le Rwanda, évitant une guerre réelle qui aurait dévasté la région, le Général Muhoozi a revitalisé l’ancienne alliance entre Kampala et Kigali contre les FDLR et tout régime dictatorial régional qui s’inspire de l’idéologie nazie de la suprématie raciale. : le HutuPower (pouvoir aux Hutus).

Depuis 1996, l’Ouganda et le Rwanda sont les principaux acteurs de la région des Grands Lacs. Leur politique régionale converge sur trois points stratégiques : la défense contre l’extermination de la minorité ethnique tutsi, la stabilisation régionale, le contrôle des ressources naturelles dans l’est du Congo.
L’Ouganda et le Rwanda ont déjà une partie de leurs troupes dans l’est du Congo, au Nord-Kivu. L’Ouganda dans la zone de Butembo, Beni Lubero pour combattre les terroristes des ADF et le Rwanda près de Goma et Rutshuru avec des unités de police qui depuis 2017 sont entraînés par les troupes d’élite des carabiniers italiens précisément pour combattre le terrorisme des FDLR.

La déclaration du Président Kagame menaçant d’intervenir directement contre les FDLR est aussi un avertissement indirect à la junte militaire burundaise, proche alliée de ce groupe terroriste. Au-delà des déclarations officielles de paix et de dialogue que Kagame a également adressées récemment au Burundi (les deux pays ne se parlent plus depuis 2015), elles ne doivent pas être interprétées comme des actes sincères.

Paul Kagame n’est pas un idéaliste mais un politicien très pragmatique visant à développer économiquement son pays et à le préserver d’un second génocide, que les FDLR n’ont jamais caché vouloir commettre. La politique étrangère rwandaise envers le Burundi vise à briser l’alliance entre le régime burundais et les FDLR. Si la junte militaire de Gitega brisait vraiment cette alliance, elle pourrait même obtenir le plein soutien de Kigali pour rester au pouvoir. Malheureusement, cette volonté de rompre l’alliance avec les FDLR n’existe pas de la part des Généraux burundais. Les faits montrent que cette alliance perdure à ce jour puisque les FDLR, avec les milices paramilitaires burundaises «Imbonerakure » représentent en réalité les seules forces de défense des Généraux Neva et Bunyoni.
Un conflit armé entre le Rwanda et le Burundi existe déjà, tout à l’est du Congo. Depuis le 27 décembre 2021, l’armée burundaise avec les milices congolaises locales, les Imbonerakure et les FDLR tentent d’anéantir l’opposition armée burundaise RED Tabara qui tente de libérer le pays de la tyrannie du régime racial. La semaine dernière, la junte militaire burundaise a été contrainte de retirer ses forces de l’est du Congo après avoir subi une série de défaites militaires dévastatrices infligées par le RED Tabara avec l’aide de l’armée rwandaise. Les trois gouvernements : Congo, Burundi, Rwanda, ont décidé de ne rien laisser filtrer de cette guerre qui s’est déroulée dans la province du Sud-Kivu où les populations locales étaient également aux dépens.

Après l’avertissement de Kagame à Kinshasa, il faudra bien analyser les événements avant de considérer comme imminente la troisième guerre panafricaine au Congo. La première 1996 – 1997 et la seconde 1998 – 2004. Si cette troisième guerre venait à éclater, les populations congolaises en seraient les premières victimes comme cela s’est produit lors des guerres précédentes. Malheureusement, le peuple congolais est totalement incapable de résoudre ses problèmes internes et a obliger ses autorités à respecter les droits de l’homme et l’État de droit.

Cette incapacité est historiquement explicable car le peuple congolais a subi la brutale domination belge pendant un siècle. Dix millions de personnes exterminées et la population restante réduite en esclavage pour assurer le progrès et la prospérité de la Belgique. Après l’indépendance, les Congolais ont subi un demi-siècle de dictatures féroces : d’abord Mobutu Sese Seko puis Joseph Kabila. Les meilleurs patriotes, dirigeants politiques et intellectuels ont été exterminés (il suffit de penser au Premier Ministre Patrice Lumbumba) ou contraints à l’exil. L’immense richesse naturelle du Congo volée par les multinationales occidentales, asiatiques, l’Angola, le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda. Cet immense braquage a été rendu possible grâce à la complicité des différents dictateurs, Généraux et hommes politiques congolais qui s’enrichissent sous les yeux de la population affamée.
Cet horrible siècle et demi a conduit à la dégénérescence psychologique, politique et morale actuelle du peuple congolais qui, au lieu de se battre pour la démocratie et le respect des droits de l’homme au Congo, se bat contre des ennemis extérieurs identifiés principalement au Rwanda et en Ouganda, accusant leurs voisins de tous les malheurs intérieurs. Depuis 10 ans, les populations de l’est du Congo ont même accepté le règne des terroristes rwandais des FDLR responsables de centaines de milliers de civils massacrés.
D’oppresseurs, les FDLR ont été transformée par la population congolaise en protecteurs contre le danger « tutsi » leur permettent de contrôler la vie politique et économique de diverses provinces congolaises. Il faut dire que toute la population congolaise des provinces de l’Est ne soutient pas les FDLR. Il y a un grand pourcentage de Congolais qui comprennent le rôle négatif joué par ces terroristes mais n’osent pas parler (et encore moins se rebeller) de peur d’être tués.
Les intellectuels congolais d’aujourd’hui ont intériorisé la culture du gain personnel à tout prix. Depuis des années ils acceptent de devenir l’essentiel de la propagande terroriste des FDLR qui est basée sur la propagation d’une haine ethnique irrationnelle contre le Rwanda et de fausses nouvelles, généralement transmises par WhatsApp pour échapper aux contrôles des réseaux sociaux structurés tels que Twitter et Facebook. La propagande et les fausses nouvelles des FDLR sont un média puissant qui confond même les médias occidentaux.

Après la mort de l’ambassadeur italien Luca Attanasio, les FDLR, directement accusés par le gouvernement congolais comme suspects d’exécution extrajudiciaire, ont démenti cette accusation par un communiqué et diffusé la théorie du complot qui indiquait que le Président Paul Kagame était l’instigateur de l’exécution. Théorie dénuée de toute preuve tangible mais reprise sans critique par le magazine catholique italien Nigrizia. En raison de l’incohérence des accusations et de leurs origines (FDLR), le gouvernement et la justice italiennes ont décidé de ne pas considérer sérieusement la théorie du complot répandue en Italie.

A la demande de Paul Kagame de résoudre la menace terroriste des FDLR, précisant qu’en l’absence d’évolutions claires il sera contraint d’envoyer l’armée au Congo, les intellectuels et journalistes congolais ont réagi en niant ou en minimisant le danger que les FDLR, créent encore une autre myriade de théories du complot et de fausses nouvelles tournant autour des plans irréels du Rwanda pour perpétrer un génocide au Congo. Un excellent service aux FDLR qui sont très généreux en reconnaissant les récompenses financières, la protection et les privilèges à ces intellectuels pour leurs services.
Cette situation dégénérative où un peuple défend ses bourreaux (les terroristes FDLR) trouve aussi son origine dans les responsabilités spécifiques du Rwanda et de l’Ouganda. Alors que dans la première guerre panafricaine de 1996 ces deux pays ont joué un rôle positif en libérant les Congolais de la dictature féroce de Mobutu, dans la deuxième guerre panafricaine, 1998 – 2004, ils se sont concentrés sur le vol des richesses naturelles à l’est du Congo par l’occupation militaire des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les Congolais gardent encore un terrible souvenir des souffrances et des violences que leur ont infligées les armées ougandaises et rwandaises.

Pour le Rwanda et l’Ouganda, il est désormais prioritaire d’assurer la paix régionale à travers une “Pax Nilotique” capable d’éliminer les régimes et groupes terroristes qui se réfèrent à la supériorité raciale et à la gestion primitive, corrompue et violente du pouvoir. Une priorité partagée par leurs alliés occidentaux (principalement les États-Unis) qui doivent empêcher que les immenses ressources naturelles du Congo ne deviennent le monopole de la Chine.

Une guerre contre les FDLR localisées uniquement dans l’est du Congo ne résoudrait rien car ces terroristes peuvent se retirer au Burundi voisin (leur fidèle allié), se réorganiser et lancer des offensives militaires. Dès lors, une intervention militaire rwandaise et ougandaise dans le provinces est congolaise pourrait être le prélude à une intervention militaire au Burundi pour vaincre définitivement les FDLR et la junte militaire de Gitega, leur alliée.
Paradoxalement, une intervention militaire conjointe Ouganda Rwanda pourrait mettre fin à ce cauchemar dans lequel les populations congolaises des provinces de l’Est sont contraintes de vivre mais à la seule condition d’assumer le rôle de libérateurs pour instaurer la démocratie et le respect des droits de l’homme en aidant le gouvernement du Président congolais Félix Thisekedi et soutenant un gouvernement démocratique multiethnique à majorité hutu au Burundi.

Si des soldats rwandais et ougandais envahissent le Congo juste pour protéger leurs intérêts économiques en agissant comme des troupes d’occupation, alors ils ne seront pas meilleurs que les terroristes rwandais des FDLR qu’ils prétendent vaincre. C’est le choix que le Général Muhoozi Kainerugaba et le Président Paul Kagame sont appelés à faire prennent conscience qu’ils seront soumis au jugement international et à celui de l’histoire.

Fulvio Beltrami