Adieu Mgr. Lebeaupin, nonce apostolique de la vieille école, mais capable d’ouvertures extraordinaires

L’archevêque français Alain Paul Lebeaupin, actuellement consultant de la deuxième section de la Secrétairerie d’État, est décédé à Rome, où il résidait désormais, après avoir été nonce apostolique auprès de l’Union européenne à Bruxelles pendant près de 9 ans, jusqu’au 16 novembre dernier. Le décès de l’archevêque est survenu aux premières heures du 24 juin à son domicile et ses funérailles n’ont pas encore été annoncées.

Né à Paris le 2 mars 1945, il est ordonné le 28 juin 1975 prêtre du diocèse de Nice. En 1979, il entre au service diplomatique du Saint-Siège, effectuant son travail d’abord à New York dans la Mission permanente auprès des Nations Unies, puis à la nonciature apostolique en République dominicaine et ensuite au Mozambique. Ordonné évêque par Jean-Paul II en 1990, il a été nonce apostolique en Équateur, puis au Kenya et à partir de juin 2012 dans l’UE.

Le 27 mars, le pape François l’a nommé consultant à la Section des relations avec les États de la Secrétairerie d’État, reconnaissant ainsi la compétence extraordinaire du diplomate vatican. Son excellente préparation combinée à un grand équilibre et une ouverture d’esprit hors du commun ont fait de lui vraiment un personnage inimitable.
“C’est avec un profond regret et une grande tristesse que j’ai appris la nouvelle du décès soudain et inattendu de Mgr Alain Lebeaupin, ancien nonce auprès de l’Union européenne”, écrit le président de la Commission des épiscopats de l’UE (COMECE), le cardinal Jean-Claude Hollerich, du Luxembourg.

Hollerich, devenu président de la Comece en 2018, alors que Mgr. Lebeaupin était à Bruxelles, il a travaillé avec le nonce jusqu’en novembre dernier, date à laquelle l’archevêque d’origine française a démissionné conformément aux dispositions canoniques. “Je me souviendrai toujours de son incroyable expérience professionnelle et de ses précieux conseils”, écrit le cardinal, qualifiant l’ancien nonce de “fidèle serviteur du Saint-Siège et du successeur de saint Pierre”, “humble et authentique disciple du Christ” ainsi qu’un homme de « Foi inébranlable, de jovialité et d’humanité authentique », caractéristiques pour lesquelles « ils vont nous manquer ».
« Que le Seigneur lui accorde le repos éternel et qu’il trouve refuge entre vos mains », ajoute le secrétaire général de la COMECE, le père Manuel Barrios Prieto, communiquant la nouvelle du décès de l’ancien nonce aux membres et collaborateurs de la COMECE.

Le successeur de Lebaupin, Mgr. Aldo Giordano, arrivé de Caracas, une nomination soutenue par le nonce sortant, convaincu qu’il y avait une grande marge de dialogue constructif. Interrogé par Andrea Gagliarducci il y a quelques mois, Labaupin déclarait que « le but principal des relations du Saint-Siège avec l’Union européenne est d’établir un dialogue, estimant qu’il ne s’agit pas de négocier un texte ou un accord, devrait développer de plus en plus un dialogue entre le Saint-Siège et la Commission européenne, le Conseil européen et le Parlement européen. Nous souhaitons institutionnaliser le dialogue autant que possible. De plus, nous devons continuer dans cette voie d’un dialogue « structuré » . une expression, cette dernière, qui a été inventée par Federica Mogherini lors de son mandat en tant que haute représentante de l’UE pour la politique étrangère ».

«Personnellement – a ajouté le nonce – je préfère parler de l’Union européenne comme d’un processus européen. Quand l’Union européenne insiste sur la dimension démocratique des valeurs dans l’État de droit. Vous avez raison, car le continent européen a quelque chose à parler de démocratie. Et pour cette raison, dans le contexte mondial actuel, nous ne devons pas regarder le processus européen avec désillusion. Croire ou pas au processus européen n’est pas la vraie question que l’on pose aux Européens. La vraie question est de savoir si nous avons des autre choix. Voulons-nous retourner dans le passé ? Moi, nous sommes confrontés à un dilemme : les risques du passé ou le processus européen actuel. Avons-nous un choix concernant l’Union européenne ? Nous sommes arrivés à l’Union européenne après deux guerres mondiales nées en Europe, deux grandes dictatures nées également et développées en Europe. Sur le papier, l’Europe est-elle aujourd’hui : est-elle encore affectée par ce long travail de gestation ? Sur le papier, le processus est assez clair, mais il faut le faire travailler est. Pour cela, il faut donc des personnes concrètes, chacune avec sa propre histoire, son intelligence, sa volonté d’agir. Nous avons fait l’Europe, mais maintenant nous devons donner naissance à des Européens, pour paraphraser un célèbre homme d’État italien”.
Le processus européen – a conclu Mgr. Lebaupin – est entré dans un chemin, et c’est un chemin de montagne sur lequel tombent parfois des pierres. Il faut donc être prudent, s’assurer que tout le monde est sur le chemin. Le projet européen n’est pas de désunir, mais d’unir. L’Union européenne n’est pas un club que l’on peut rejoindre et quitter quand on veut. L’Union européenne est « une maison commune » à construire. Mais même ce concept de construction est dynamique qui oblige chacun à se sentir responsable ; A cet égard, je voudrais rappeler que l’idée d’une maison européenne commune a été lancée par M. Gorbatchev, qui voulait pourtant dire une maison européenne qui inclurait également l’Union soviétique ».