L’Église a besoin de «respirer l’air pur de l’Évangile», de chasser l’air pollué de la mondanité et de «garder le jeune cœur de la foi». C’est avec cette indication que le pape François a salué les évêques des 48 circonscriptions ecclésiastiques de la République démocratique du Congo avant de quitter Kinshasa et de rejoindre le Soudan du Sud. Au cours des trois jours de sa visite dans le pays qu’il a défini comme le “cœur vert” de l’Afrique, François a vu quelques-uns des “nombreux crucifix” dans lesquels le Christ est encore aujourd’hui “rejeté, condamné et méprisé” et en partant, il a exhorté l’Église à sécher ses larmes “en s’engageant à prendre sur elle les blessures matérielles et spirituelles du peuple”.
“Je vois Jésus souffrir – a confié le Pape – dans l’histoire de ce peuple crucifié, un peuple opprimé, dévasté par une violence qui ne l’épargne pas, marqué par une douleur innocente, forcé de vivre avec les eaux troubles de la corruption et de l’injustice qui polluent la société , et souffrir de la pauvreté chez tant de ses enfants”.
Mais François a aussi vu «un peuple qui n’a pas perdu espoir, qui embrasse avec enthousiasme la foi et se tourne vers ses bergers », qui sait se confier au Seigneur pour obtenir le don de la paix, « étouffé par l’exploitation, par l’égoïsme partisan, des poisons des conflits et des vérités manipulées».
Il s’agit de “collaborer à une nouvelle histoire que Dieu veut construire au milieu d’un monde de perversion et d’injustice”, souligne le Pontife, un monde dans lequel les évêques sont “appelés à continuer à faire entendre leur “voix prophétique”, pour que les consciences se sentent interpellées et que chacun puisse devenir protagoniste et responsable d’un avenir différent”. Sans oublier cependant que celle des évêques ne doit pas être « une action politique ». Car si « la prophétie chrétienne s’incarne dans de nombreuses actions politiques et sociales», la tâche des pasteurs est de proclamer la Parole « pour éveiller les consciences, dénoncer le mal, réconforter ceux qui ont le cœur brisé et sans espoir ». «Consolant donc, consolant le peuple non seulement par des paroles, mais aussi par la proximité et le témoignage: «proximité, avant tout, des prêtres – premiers voisins d’un évêque -, écoute des agents pastoraux, encouragement à l’esprit synodal pour travailler ensemble”; témoignage d’« être crédible avant tout, et en particulier dans la culture de la communion, dans la vie morale et dans l’administration des biens ».
En s’engageant comme Église à faire sa part pour « éradiquer les plantes vénéneuses de la haine, de l’égoïsme, de la rancœur, de la violence ; démolir les autels dédiés à l’argent et à la corruption ; construire une coexistence basée sur la justice, la vérité et la paix ; et, enfin, planter des graines de renaissance, pour que le Congo de demain soit vraiment ce dont rêve le Seigneur : une terre bénie et heureuse, jamais plus violée, opprimée et ensanglantée ».
Sante Cavalleri