Cop 26. Pape François : “agissez immédiatement, avec courage et prévoyance”. Parolin : “il nous faut une culture de la rencontre”

“Le cri des pauvres, combiné au cri de la Terre, a retenti ces derniers jours” lors de la conférence de l’ONU sur le climat, la COP26 à Glasgow. Le pape François l’a reconnu aux fidèles à la conclusion de l’Angélus. Le Pontife a encouragé « ceux qui ont des responsabilités politiques et économiques et agissent immédiatement avec courage et prévoyance ; en même temps j’invite toutes les personnes de bonne volonté à exercer une citoyenneté active pour le soin de la maison commune”. “A cette fin – a annoncé François – aujourd’hui encore, Journée mondiale des pauvres, les inscriptions sur la plateforme Laudato s’ouvrent oui, qui promeut l’écologie intégrale. Aujourd’hui, c’est aussi la Journée mondiale du diabète, une maladie chronique qui afflige de nombreux les gens, même les jeunes et les enfants. Je prie pour eux tous et pour ceux qui partagent la fatigue au quotidien, ainsi que pour les agents de santé et les bénévoles qui les assistent”.

De la fenêtre donnant sur la place Saint-Pierre, François a ensuite rappelé “la cinquième Journée mondiale des pauvres, née comme le fruit du Jubilé de Pitié. Le thème de cette année est la parole de Jésus ‘Tu as toujours les pauvres avec toi’.

Et c’est vrai: l’humanité progresse, se développe, mais les pauvres sont toujours avec nous, il y en a toujours, et le Christ est présent en eux, le Christ est présent dans les pauvres. Avant-hier, à Assise, nous avons vécu un moment fort de témoignage et de prière, que je vous invite à reprendre, cela vous fera du bien. Et je suis reconnaissant pour les nombreuses initiatives de solidarité qui ont été organisées dans les diocèses et les paroisses du monde entier”.

Il y a deux jours à Paris, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a réitéré, devant l’Unesco qui a 75 ans, la volonté du Saint-Siège de “promouvoir une culture de la rencontre entre les peuples, avec la conviction que seule la paix permet d’imaginer une plus avenir prospère pour tous”.

“En cette période encore tristement marquée par la pandémie, la possibilité de reprendre les échanges sur les défis de l’humanité en présence, constitue la grande opportunité d’exprimer notre être frères, d’être d’autres bons Samaritains qui assument la douleur des échecs, générant de nouveaux processus de transformation”, a déclaré Parolin, indiquant la nécessité de “repartir d’une éducation inclusive et de qualité”.

“Repartons – a exhorté le cardinal – du cri des nouvelles générations. Il met en évidence la nécessité et, en même temps, l’opportunité stimulante d’un parcours éducatif renouvelé, qui ne détourne pas le regard, favorisant les injustices sociales lourdes, les violations des droits, la pauvreté profonde et le gaspillage humain”.

En fait, a noté le cardinal, “la pandémie de Covid-19 a perturbé l’éducation de plus d’un milliard d’enfants dans le monde. À cet égard, les plans de relance, ainsi que les actions en faveur de l’Agenda 2030, devront accorder une attention particulière à l’éducation en tant que facteur fondamental et catalyseur d’un développement durable, ce qui n’exclut personne. En ce sens, les appels répétés du Pape François en faveur d’un Pacte mondial pour l’éducation seraient un signe concret de la volonté du Saint-Siège de raviver “l’engagement pour et avec les jeunes générations, en renouvelant la passion pour un monde plus ouvert et inclusif, capable de écoute patiente, dialogue constructif et compréhension mutuelle”. A cela s’ajoute le travail inlassable de nombreuses écoles, universités et établissements d’enseignement catholiques dans le monde, à travers lesquels le Saint-Siège continuera à exercer son rôle pour garantir l’accès à une éducation de qualité pour tous et tous pleinement respectueux de la dignité de la personne humaine. et de notre commune vocation à la fraternité”.

“A l’appui de ces intentions – a souligné Parolin – nous serons heureux de déposer dans les prochains jours l’instrument de ratification de la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur. Cela permettra au Saint-Siège de s’engager plus concrètement en tant que partenaire international, offrant aux États sa contribution pour améliorer la qualité de l’éducation”.

Éducation à l’écologie intégrale

De plus, a poursuivi le cardinal de Vicence, « tout effort visant à promouvoir une éducation de qualité est voué à l’échec s’il se limite à fournir uniquement un ensemble de connaissances techniques. En ce sens, l’UNESCO n’a pas manqué d’affirmer son attachement à une approche de l’éducation et de l’apprentissage qui dépasse les dichotomies traditionnelles entre les aspects cognitifs, émotionnels et éthiques. Il s’agira donc de s’engager à favoriser une formation humaine complète: de l’intelligence, siège du savoir; du cœur, siège de valeurs et de choix moraux; et les mains, symbole d’action”.

“Pour sa part – a rappelé Parolin – le pape François insiste sur la nécessité” d’une nouvelle approche écologique, qui transforme notre façon de vivre le monde, nos modes de vie, notre rapport aux ressources de la Terre et, en général, la façon de regarder l’homme et vivre la vie”.

En effet, seule “une écologie humaine intégrale, qui implique non seulement des questions environnementales mais l’homme dans son ensemble, devient capable d’écouter le cri des pauvres et d’être le levain d’une nouvelle société”. Pour renforcer les interconnexions entre l’éducation et la sauvegarde de la maison commune, le Saint-Père, de concert avec le Patriarche œcuménique de Constantinople, a voulu inaugurer, le 7 octobre dernier, un Département d’études sur l’écologie et l’environnement au sein du Pontifical Latran Université. Et grâce à l’accord signé par le Pape François et Mme Azoulay, une Chaire UNESCO sur l’avenir de l’éducation au développement durable sera établie dans ce nouveau parcours académique”.

Éthique de l’intelligence artificielle et science ouverte

Affirmer une vision intégrale de la vie et du monde, c’est admettre, insiste Parolin, qu'”il n’y a pas d’écologie sans une anthropologie adéquate”. Tel est le défi qui s’impose aujourd’hui avec force face à l’évolution des compétences techniques. S’il est indéniable que « le développement technologique nous a permis de résoudre des problèmes insurmontables il y a encore quelques années », il est tout aussi vrai qu’il a été possible de produire « un enchantement dangereux : au lieu de remettre à la vie humaine les outils qui améliorer leur cure, on court le risque de résigner la vie à la logique des appareils qui décident de sa valeur”. Pour le Saint-Siège, “le principe reste valable que tout ce qui est techniquement possible ou faisable n’est donc pas éthiquement acceptable”.

Par exemple “pour pouvoir parler correctement d’une éthique de l’intelligence artificielle, il faudra donc que le développement de chaque algorithme s’inscrit toujours dans une vision « algorithmique-éthique”, visant à comprendre, en dernière analyse », ce qu’ils signifient, dans ce contexte, l’intelligence, la conscience, l’émotivité, l’intentionnalité affective et l’autonomie de l’action morale”.

Par conséquent, “le Saint-Siège se positionne en faveur d’une intelligence artificielle au service de chaque personne et de l’humanité dans son ensemble; qui respecte la dignité de la personne humaine, afin que chaque individu puisse bénéficier des avancées technologiques ; et qui n’a pas pour seul objectif le plus grand profit ou le remplacement progressif des personnes sur le lieu de travail”.

Parolin a donc précisé que “l’Église n’attend pas de la science qu’elle suive uniquement des principes éthiques. Elle l’encourage à rendre un service positif, que l’on peut appeler avec saint Paul VI, la charité de la connaissance”.

Dans ce contexte, Parolin espérait enfin “une bonne possibilité de dialogue avec les principes qui sous-tendent la susdite science ouverte”. En effet, pour le Saint-Siège, il est également nécessaire que “la recherche scientifique mette ses propres indications au service de tous, en recherchant toujours de nouvelles formes de collaboration, de partage des résultats et de constitution de réseaux”.

“De cette façon – a conclu le secrétaire d’Etat – nous empêcherons l’avenir d’ajouter de nouvelles inégalités fondées sur la connaissance, et d’accroître l’écart entre riches et pauvres”.