Éthiopie année 2014/2021. Une nouvelle année de guerre. L’appel du pape François (Fulvio Beltrami)

Aujourd’hui, 11 septembre 2021 en Éthiopie est célébrée la fête d’Enkutatash le nouvel an éthiopien. Une nouvelle année s’ouvre : 2014, selon le calendrier orthodoxe également utilisé en Érythrée, appelé Ge’ez. Le calendrier comprend 13 mois et a 7 ans de retard sur le calendrier grégorien depuis 525 après JC. il fut décidé d’adopter le calendrier de Dionysius Exiguus qui fixe la première année à la date de l’Annonciation de Jésus sept ans après celle fixée par le calendrier introduit par le pape Grégoire XIII en octobre 1582.
Le Pape François, il y a trois jours lors de l’audience générale au Vatican, a rappelé la grave situation humanitaire en Ethiopie ainsi que la fête de la Virgen del Cobro, patronne de Cuba.Le Saint-Père a souligné que dans la grave situation humanitaire il y a un univers d’atrocités créées par une guerre fratricide qui oppose les trois principaux partis politiques : le Paartii Badhaadhiinaa (connu en Occident sous le nom de Prosperity Party – PP), fondé par le Premier ministre Abiy Ahmed Ali et la direction nationaliste Amhara), le Həzbawi Wäyanä Harənnät Təgray (connu en Occident sous le nom : Tigray People’s Liberation Front – TPLF) fondé en 1972 par l’Association des étudiants de l’Université du Tigré qui a dirigé le pays de 1991 à 2019 et l’Adda Bilisummaa Oromoo (connu en Occident sous le nom de Front de libération Oromo / Armée de libération Oromo – OLF / OLA) fondée en 1973 par les leaders nationalistes oromos : Hussein Sora, Elemo Qiltu.

« Le Nouvel An sera célébré le 11 septembre en Éthiopie. J’adresse mes salutations les plus cordiales et les plus affectueuses au peuple éthiopien, en particulier à ceux qui souffrent du conflit en cours et de la grave situation humanitaire qu’il a provoquée. Que ce temps soit un moment de fraternité et de solidarité pour écouter le désir commun de paix. » C’est la prière du Saint-Père.
2013 (notre 2020) a vu le début de la guerre civile, d’abord dans la région du Tigré et immédiatement après dans la région d’Oromia, qui abrite la capitale Addis-Abeba. Une guerre civile voulue par le Premier ministre Abiy Ahmed Ali pour imposer le Parti de la prospérité à parti unique et soutenue par la direction nationaliste Amhara qui rêve de restaurer la domination ethnique dans le pays qui a commencé avec l’Empereur et s’est terminée avec Haillè Selassie aux premiers jours du guerre civile : le 3 novembre 2013 (2020) le dictateur érythréen Isaias Afwerki rejoint le Parti de la prospérité et la direction Amhara et en profite pour régler le compte avec le TPLF, son adversaire historique acharné.

En mai 2021, le TPLF parvient à libérer le Tigré en battant les trois armées : l’armée érythréenne, l’armée fédérale éthiopienne et l’armée régionale Amhara, tandis que l’OLF/OLA conquiert de vastes territoires en Oromia. En juin 2021, la guerre civile s’est étendue aux régions d’Amhara et d’Afar où se déroulent actuellement de violents combats. Le théâtre de guerre actuel voit une impasse entre les différents prétendants qui enregistrent une alternance de victoires et de défaites et une augmentation des crimes de guerre alors que le Tigré est isolé depuis 10 mois et que la situation humanitaire s’aggrave chaque jour qui passe par 7 millions. là.
Avec la fin de la saison des pluies en octobre, le Premier ministre éthiopien Abiy et le dictateur érythréen Afwerki ont promis une offensive militaire majeure pour anéantir le TPFL et le peuple Tigrinya à l’aide de drones de guerre vendus par la Turquie.

L’économie ruinée par la guerre civile ne permet pas aux Éthiopiens de célébrer dignement Enkutatash. Les achats traditionnels de vaches et de moutons pour les plats du Nouvel An sont devenus prohibitifs. La tradition veut que les familles se réunissent avec leurs voisins pour prier et célébrer le Nouvel An. Cela a toujours été un moment de joie profondément ressenti par la population. Au contraire, cette année 2014 voit des célébrations bien tristes. Au Tigré, la population n’a pas de nourriture. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et plus de 60 000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins. Même les familles Amhara et Oromo n’ont pas grand-chose à célébrer. Ils se sont réunis pour se souvenir de leurs proches morts sur les champs de bataille, les enfants de 14 ans contraints par le premier ministre Abiy de s’enrôler faute d’hommes dans l’armée régulière et par peur que d’autres jeunes vies soient gâchées dans la folie de la guerre civile.
Malheureusement, l’appel lancé par le pape François est ignoré des deux côtés. La guerre devrait s’intensifier dans les semaines à venir.

Fulvio Beltrami