Home ACTUALITÉS Ethiopie. Génocide d’État orchestré par les dirigeants Amhara (Fulvio Beltrami)

Ethiopie. Génocide d’État orchestré par les dirigeants Amhara (Fulvio Beltrami)

11 mois se sont écoulés depuis le début de la guerre civile en Éthiopie voulue par le président de la région Amhara Agegnehu Teshager et le chef de la police politique Temesgen Tigruneh, véritables cerveaux de toute cette horreur primitive, dont le Premier Ministre Abiy Ahmed Ali n’est que leur porte-parole et bouc émissaire. L’objectif est d’assurer la domination ethnique Amhara en détruisant l’opposant politique le plus redouté : le TPLF, au pouvoir depuis près de 30 ans. Face à la résistance populaire au Tigré, Teshager et Tiruneh ont décidé d’anéantir un peuple. Le conflit, qui a commencé au Tigré, s’est immédiatement étendu à Oromia et depuis juin dernier à Amhara et Afar.

Depuis novembre 2020, il existe des preuves considérables et crédibles de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité commis par l’armée fédérale éthiopienne ENDF, l’armée érythréenne et les milices primitives Amhara. Il est également devenu de plus en plus clair qu’il n’y a pas de solution militaire, car un cessez-le-feu et des négociations de paix sont les seuls moyens d’éviter une catastrophe totale.
Le Président américain Joe Biden a ordonné une augmentation exponentielle des sanctions après avoir considéré la volonté des parties impliquées dans le conflit de continuer jusqu’à la dernière goutte de sang. Le TPLF a répondu positivement à la demande de cessez-le-feu et d’entamer des négociations de paix, alors que le régime éthiopien a catégoriquement refusé, convaincu que l’offensive qu’il est entrain de préparer en octobre réussira à anéantir à la fois le TPLF et la résistance Oromo de l’OLF/OLA.

Ce n’est pas la première fois que le régime éthiopien rejette la paix. A chaque demande de la communauté internationale, il redouble d’efforts pour gagner militairement. De la première “opération de maintien de l’ordre” complétée par une déclaration de victoire totale faite le 28 novembre 2020, le régime nationaliste Amhara parle désormais d’une guerre pour la survie du pays. En réalité, pour la survie de la direction Amhara, qui ne recule devant rien pour imposer sa domination ethnique sur une montagne de cadavres.
En présentant le Front Populaire de Libération du Tigré (TPLF) comme l’ennemi de l’État et du peuple éthiopiens, Teshager et Tiruneh (via leur porte-parole Abiy) sont allés jusqu’à qualifier le parti régional démocratiquement élu du Tigré en septembre 2020, d’organisation terroriste, “junte” et “cancer”. Les médias pro-gouvernementaux sont en effervescence avec la propagande génocidaire.

La direction nationaliste Amhara continue de promettre aux masses une Éthiopie plus unifiée et un avenir meilleur après avoir anéanti l’ennemi Tegaru et l’ennemi Oromo. Il utilise toutes les méthodes, y compris la peur, pour laver le cerveau et forcer les jeunes Éthiopiens à mourir pour un lendemain qui ne viendra jamais. Alors que la guerre se poursuit et que les dirigeants d’Amhara détiennent désespérément le pouvoir, il sont arrivé au point d’enrôler des enfants pour combattre le TPLF dans la région d’Amhara, puis d’accuser le TPLF de recruter des enfants soldats.

Ces jours-ci, le régime diffuse sur les réseaux sociaux et les journaux gouvernementaux des images de colonnes de réfugiés fuyant les violences des « terroristes » du TPLF dans les régions d’Amhara et d’Afar. Une étude minutieuse des preuves photographiques montre que les photos sont des réfugiés Tegaru du Tigré. Tous expédientes sont acceptable pour soutenir les atrocités virtuelles de l’ennemi. Après tout, quel Farengi (occidental) peut reconnaître les traits du visage des différentes ethnies éthiopiennes et les lieux précis où les photos ont été prises ?

Des sources diplomatiques occidentales estiment qu’environ 60 000 soldats fédéraux ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre dans le Tigré et l’Oromia. Ce tribut de sang ne signifie rien pour Teshager et Tiruneh. Dans la tradition du pouvoir impérial absolu et despotique Amhara de Tewodros II à Haille Selassie, le peuple est réduit à des sujets sans droits et n’est utilisé que pour renforcer le pouvoir des dirigeants. La guerre et le sang sont devenus la seule stratégie pour imposer une domination ethnique absolue, fasciste et totalitaire.
Depuis le début de la guerre civile, le Tigré a connu l’anéantissement systématique de milliers de civils, la destruction de mosquées orthodoxes, catholiques et musulmanes, des viols (y compris des sœur catholiques) utilisés comme arme de guerre, des exécutions massives accompagnées de charniers. Les dernières atrocités ont été documentées par Human Rights Watch (HRW) qui impute le meurtre et la déportation des réfugiés érythréens au Tigré aux militaires éthiopiens et miliciens Amhara.

Après avoir subi l’humiliante défaite au Tigré, Teshager et Tiruneh ont imposé un blocus terrestre et aérien et empêché l’aide humanitaire dans le but de tuer autant de Tegaru que possible. Les ONG nationales et internationales qui veulent sauver des milliers de vies sont devenues des ennemis de l’Éthiopie, complices des « terroristes » du TPLF. Depuis novembre 2020, plus de 23 travailleurs humanitaires ont été tués comme des chiens.
Le Bureau de coordination des Nations Unies pour les activités humanitaires (OCHA) a signalé il y a deux jours que la police fédérale inspection les rares vols humanitaires autorisés à partir pour Mekelle (capitale du Tigré), en retirant tous les médicaments. Un acte criminel étant donné que dans la première phase de la guerre, les troupes d’occupation ont volé les médicaments, le matériel médical et détruit la plupart des hôpitaux.
Dans les esprits primitifs de Teshager et Tiruneh, il y a la croyance que seule l’anéantissement total de 7 millions de citoyens du Tigré permettra le “Siècle Amhara”. Le génocide de Tegaru ne se limite pas au Tigré. A Addis-Abeba, vous mourez si un soldat ou un policier fédéral entend parler en Tigrinya. Des centaines de milliers de Tegaru ont été arrêtés, des centaines ont disparu après l’arrestation. Leurs comptes bancaires suspendus, leurs entreprises fermées. La police fédérale se livre au commerce lucratif de l’extorsion. Si le Tegaru arrêté peut payer entre 1 000 et 2 000 euros, il est libéré, le sauvegardant jusqu’à la prochaine arrestation. Pas d’accusations formelles. Des camps de concentration ont également été mis en place pour le “cancer Tegaru “.

Contrairement au nazisme, qui n’a jamais caché le plan de la solution finale contre les Juifs, la direction fasciste Amhara prétend poursuivre le génocide, le niant et imputant en même temps leurs crimes à l’armée régulière du Tigré ou aux vaillants partisans Oromo. Il faut du temps à la communauté internationale pour reconnaître l’état de génocide. Bien qu’incompréhensible, ce retard est normal, dicté par des intérêts géopolitiques comme ce fut le cas pour le Rwanda en 1994. A l’époque, le génocide a d’abord été reconnu par le Pape Jean-Paul II.
Ce retard entraîne une augmentation du sentiment d’impunité de la direction nationaliste Amhara qui continue de refuser des enquêtes indépendantes pour dissimuler ses crimes et d’utiliser la commission éthiopienne des droits de l’homme, une entité financée par l’État, pour brouiller et cacher la réalité. Notez que les dirigeants de la commission sont tous Amhara et partagent l’idéologie impériale de Teshager et Tiruneh.
Le régime éthiopien, par l’intermédiaire de la commission des droits de l’homme, a empêché les experts de l’ONU de se rendre au Tigré pour enquêter sur le génocide. La Commission mixte éthiopienne de l’ONU ne s’est pas rendue à Axum, Idaga Hamus, Adigrat, Mahbere Dego, Debre Abbay et plusieurs autres centres où, selon les organisations humanitaires et les témoignages recueillis par les médias internationaux, les pires crimes de guerre ont été commis par les forces éthiopiennes et Erythréens.

La publication des résultats de l’enquête conjointe (réalisée brièvement en 5 jours à partir du 13 septembre) a été reportée au 1er novembre mais les travaux s’annoncent très incomplets. L’objectif de la direction amhara est de répartir les responsabilités sur toutes les parties impliquées dans le conflit, en soulageant celles de l’armée fédérale et en augmentant celles affectées au TPLF. Le report à novembre a été imposé par le régime éthiopien, confiant d’une victoire écrasante en octobre. Le plan est de livrer la version du gagnant.
Certains experts régionaux informent que, si le régime n’obtient pas la victoire souhaitée, il imposera un nouveau report ou une interdiction de publication. Tout en admettant la partialité de l’enquête commune, l’ONU, en acceptant l’interdiction de se rendre au Tigré et en reportant la publication des résultats, est en fait complice du régime nationaliste Amhara.

L’ONU est loin d’être un organisme supranational indépendant comme elle prétend le faire croire. Elle a toujours joué un rôle ambigu précisément dans les cas de génocide. En 1994 au Rwanda, l’ONU a empêché le commandant des Casques Bleus, le Général canadien Dellaire, d’intervenir militairement pour empêcher le génocide. Toutes ses troupes ont été retirées, ne lui laissant que 600 soldats ghanéens qui ont tenté héroïquement de défendre la population mais en vain.

En juillet 1995, les Casques Bleus chargés de protéger la ville de Bosnie, Srebrenica, ont convenu avec le Général Ratko Mladić (commandant de l’armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine) et avec le groupe paramilitaire fasciste des « Scorpions » de retirer les soldats de la Mission de maintien de la paix de l’ONU qui protégeait la ville. Plus de 8 000 musulmans bosniaques, pour la plupart des garçons et des hommes, ont été massacrés.
En République Démocratique du Congo, la population a apporté de nombreuses preuves irréfutables que la mission de l’ONU MONUSCO refuse toujours de protéger les civils des massacres commis par diverses milices. En 2013, la MONUSCO a été soupçonnée d’avoir conclu des accords clandestins avec des terroristes des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et de leur avoir fourni un soutien logistique.
Parmi les crimes du TPLF, il y aurait des meurtres de civils dans les régions d’Afar et d’Amhara. Des accusations étayées par des témoignages de citoyens éthiopiens sous le contrôle vigilant de militaires et d’agents du gouvernement… Ce qui est certain, c’est la réquisition des camions qui transportaient l’aide humanitaire au Tigré par le TPLF qui les utilise à des fins de logistique militaire.

Les dirigeants Amhara ont décidé de déclarer la guerre aux États-Unis et à l’Occident en général, convaincus que la Chine, l’Érythrée, la Russie et la Turquie sont prêtes à les défendre jusqu’au bout. Teshager et Tiruneh se sentent forts et sont prêts à augmenter la mort et la destruction pour renforcer leur pouvoir. Ils sont également prêts à affronter une éventuelle guerre régionale contre l’Egypte et le Soudan, enivrés par leur faux sentiment d’invincibilité.
L’économie éthiopienne n’existe plus. Avant la guerre, l’économie était l’une des plus dynamiques de la région, avec une croissance moyenne de 10 % par an au cours de la dernière décennie jusqu’en 2019. La guerre a rendu le pays presque invivable. Les gens, y compris les Amhara, meurent de faim. Aujourd’hui, l’Éthiopie compte sur ses alliés et la communauté de la diaspora Amhara (encore plus encline à la haine ethnique que en patrie) pour financer la guerre et en payer les frais. Malgré cela, la télévision d’État parle d’un développement social et économique sans égal, dans la conviction que les gens sont stupides et croient aux vérités virtuelles proposées par Teshager et Tiruneh.

Toute cette horreur se poursuivra jusqu’au jour où le régime génocidaire éthiopien s’effondrera sous le poids du plomb parce que la direction Amhara n’envisage pas la possibilité du dialogue et de la paix, options contraires à l’écrasante puissance impériale Amhara. Combien de centaines de jeunes innocents, Amhara, Tegaru, Oromo, Afarini devront encore mourir pour leur rêve fou de pouvoir ?
Cette guerre civile est bien pire que celles menées contre l’empereur despotique Haille Selassie et la « Terreur rouge » de Mènghistu Hailé Mariàm. La communauté internationale a le devoir moral d’intervenir vigoureusement pour imposer la paix, la démocratie et le respect des droits de l’homme. S’il ne le fait pas, il ne vaudra pas mieux que Teshager et Tiruneh, devenant leurs complices.

Fulvio Beltrami