Ethiopie. C’est la guerre totale entre le Président Joe Biden et le Premier Ministre Abiy Ahmed Ali (Fulvio Beltrami)

Le Premier Ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali réagit durement au décret du Président américain Biden d’imposer de lourdes sanctions à l’Éthiopie, après que la Maison Blanche a constaté que les parties impliquées dans cette guerre civile nationale insensée (qui a commencé en novembre 2020) ont démontré leur volonté de poursuivre l’horrible massacre que au Tigray s’est transformé en génocide pur et simple. Les sanctions viseront les régimes dictatoriaux d’Éthiopie et d’Érythrée, le gouvernement extrémiste ethnique d’Amhara et le gouvernement du Tigray, dans lequel le mouvement politique Tigray People’s Liberation Front TPLF est hégémonique. La seule chance pour Biden d’éviter les sanctions est un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de négociations de paix sérieuses.

Dans une déclaration officielle du gouvernement éthiopien, Abiy refuse clairement d’interrompre le conflit qu’il a lui-même planifié, voulu et mis en œuvre en novembre dernier qui, en près d’un an, a infligé des violences horribles au Tigray et à l’Oromia, provoquant l’effondrement de l’économie nationale, favorisant un génocide contre le groupe ethnique Tegaru et violant tous les droits civils élémentaires et le droit à la liberté de la presse. Depuis juin dernier, le conflit s’est étendu aux régions d’Amhara et d’Afar.

Après une rhétorique contre les « terroristes » du TPLF qui en arrive à l’affirmation absurde de vouloir défendre la jeunesse du Tigray, massacrée depuis près de 8 mois par l’armée fédérale, les soldats érythréennes et les milices fascistes Amhara, le prix Nobel de la paix affirme de refuser la proposition de paix américaine, accusant les Ètats Unis de vouloir imposer un nouveau colonialisme.

Abiy prévient que l’Éthiopie ne succombera pas aux pressions exercées par des individus mécontents de la consolidation de la démocratie et du bien-être de millions d’Éthiopiens garantis par son Parti de la Prospérité. Selon lui, tous les crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont commis par les « terroristes » du Tigray alors que le gouvernement fédéral a tenté de défendre la population, de stabiliser la région et de répondre à l’aide humanitaire au Tigray, Amhara et Afar.

Selon cette réalité virtuelle proposée par le Premier Ministre éthiopien, toutes les bonnes intentions du gouvernement éthiopien ont été continuellement déformées et niées par les États-Unis et l’Occident en général, plagiés par la propagande astucieuse du TPLF qui incarne le mal absolu. La diabolisation de l’ennemi est faite exprès pour empêcher toute ouverture de dialogue. Alors que le TPLF a posé une série de conditions politiques pour s’asseoir à la table des négociations, le prix Nobel de la paix a choisit la voie de la guerre totale.

Le Premier Ministre éthiopien va plus loin, accusant les États-Unis d’avoir trahi leur amitié avec l’Éthiopie et le menaçant d’une résistance farouche pour défendre la souveraineté nationale et la fierté du peuple éthiopien.

“En tant qu’ami de longue date, allié stratégique et partenaire de la sécurité, la récente politique américaine contre mon pays n’est pas seulement une surprise pour notre fière nation, mais une menace pour la démocratie et la stabilité régionale à laquelle nous devrons faire face pour briser les chaînes du colonialisme. De nombreux Éthiopiens et Africains ont regardé avec optimisme votre ascension, Biden, à la Présidence plus tôt cette année.
Cet optimisme était enraciné dans la conviction qu’un renforcement des relations Afrique-États-Unis se concrétisera en 2021 et que votre Présidence introduira le respect de la souveraineté des nations africaines, consolidant des partenariats fondés sur une croissance mutuelle.
Il est essentiel de souligner que l’Éthiopie ne succombera pas aux conséquences des pressions conçues par des individus mécontents pour qui la consolidation du pouvoir est plus importante que le bien-être de millions de personnes. Notre identité en tant qu’Éthiopiens et notre identité en tant qu’Africains ne permettront pas que cela se produise. L’humiliation que nos ancêtres ont dû affronter pendant des siècles à travers le continent ne ressuscitera pas sur ces terres où le vert, les couleurs de l’indépendance, l’or et le rouge ont inspiré beaucoup à lutter avec succès pour leur liberté!”

Les mots durs de défi à la première puissance mondiale interviennent suite à la demande d’un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture de négociations de paix, avancées pour la énième fois par le Président américain. Biden précise dans son communiqué officiel que les États-Unis sont déterminés à soutenir une résolution pacifique du conflit éthiopien en soutenant également les efforts de médiation de l’Union Africaine, soulignant qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise.

“Mon administration continuera de faire pression pour un cessez-le-feu négocié, la fin des abus contre les civils innocents et l’accès humanitaire à ceux qui en ont besoin. Le décret exécutif que j’ai signé aujourd’hui établit un nouveau régime de sanctions qui nous permettra de cibler les responsables ou complices dans la prolongation du conflit en Éthiopie a, l’obstruction à l’accès humanitaire ou l’entrave au cessez-le-feu. Je donne au Département du Trésor l’autorité nécessaire pour demander des comptes et frapper ceux qui, au sein du Gouvernement éthiopien, du Gouvernement érythréen, du Front populaire de libération du Tigré et du Gouvernement régional d’Amhara, continuent de préférer le conflit aux négociations aux dépens du peuple éthiopien.
Ces sanctions ne visent pas le peuple éthiopien ou érythréen, mais plutôt les personnes et les entités qui commettent des actes de violence et provoquent une catastrophe humanitaire. Nous fournissons à l’Éthiopie plus d’aide humanitaire et de développement que tout autre pays au profit de toutes ses régions. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour répondre aux besoins fondamentaux des populations à risque en Éthiopie et dans la grande corne de l’Afrique”, déclare le président américain.

La crise ouverte entre les États-Unis et l’Éthiopie a été commanditée par le Premier Ministre Abiy convaincu du soutien total et inconditionnel de la Russie, de la Chine et de la Turquie. Ces trois nations, en plus de bloquer toute résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU défavorable au régime d’Addis-Abeba et de vendre des armes, se montrent extrêmement prudentes dans le financement de l’Éthiopie pour sauver l’économie déjà effondrée du fardeau financier de la guerre. Il y a trois semaines, Pékin a refusé un nouveau prêt de 400 millions de dollars demandé par Abiy afin de poursuivre la guerre et a prévenu qu’il procéderait à un audit financier pour vérifier la situation actuelle des prêts déjà accordés pour procéder à leur redressement progressif.
Sur le front de la région d’Amhara, les nouvelles du déroulement de la guerre sont interrompues. Aucune information ne vient officiellement du régime nationaliste Amhara du Parti de la Prospérité ou du gouvernement du Tigray.

Le seigneur de guerre Abiy est convaincu que l’offensive qu’il prépare début octobre (à la fin de la saison des pluies) anéantira l’armée régulière du Tigré et le mouvement de resistence en Oromia grâce au soutien de l’armée érythréenne et des drones de guerre Turcs.
En fait, Abiy trompe l’ensemble du peuple éthiopien, créant des ennemis internationaux et nationaux, des haines ethniques et une orgie de sang où près de 60 000 soldats fédéraux ont été tués ou blessés, sans compter le nombre de victimes civiles dans toutes les régions du pays et les actes sans précédent de nettoyage ethnique contre les citoyens du Tigray qui ont lieu chaque jour dans la capitale Addis-Abeba.

Les sanctions à l’étude par les États-Unis aggraveront la situation en mettant le Premier Ministre Abiy au pied du mur. Il espère une énième victoire totale alors que le TPLF, fort de plus de 50 ans d’expérience militaire, semble bien décidé à lui entraîner tout droit dans le piège d’une guerre de longue haleine pour le détruire économiquement comme ce fut le cas avec le dernier Empereur Amhara Hailee Selaisse et le regime stalinsite DERG de Mengistu.

La même intransigeance, les mêmes propos belliqueux, le même refus au dialogue, adressés aux États-Unis ont été adoptés par Abiy envers les Nations Unies, le Soudan et l’Égypte dans les négociations régionales sur le méga barrage éthiopien GERD sur le Nil. Abiy, désespéré de devises fortes pour financer une guerre dont la victoire est aussi incertaine que sa durée, a commandé la mise en service de deux turbines sur le barrage pour produire de l’électricité et la vendre à l’étranger. Il a délibérément ignoré l’avertissement de divers techniciens internationaux qui l’ont informé qu’une production d’électricité prématurée pourrait sérieusement compromettre le méga barrage à moyen terme.

La télévision et la radio nationales diffusent en continu des messages de haine contre le Tigray, des chants et des marches militaires, des victoires imaginaires et un message obsédant autant que blasphématoire: Abiy Ahmed Ali est l’élu de Dieu et sa victoire sur les forces du mal sera garantie par la foi.

Fulvio Beltrami