“Il semble que la mer était calme. François épingle ceux qui ont laissé les migrants se noyer. Et parle de l’Ouganda et de l’Ukraine (S.C.)

“Mardi prochain, 20 juin, c’est la Journée mondiale des réfugiés, promue par les Nations unies : c’est avec une grande tristesse et beaucoup de chagrin que je pense aux victimes du très grave naufrage qui s’est produit il y a quelques jours au large de la Grèce. Et il semble que la mer était calme”. C’est par ces mots que le pape François a renvoyé à leurs responsabilités ceux qui ont laissé se noyer des centaines de migrants entre la Grèce et l’Italie.

Selon une porte-parole du gouvernement d’Athènes, les personnes à bord avaient refusé les secours en disant : “Pas d’aide, allez en Italie”. Le navire a ensuite continué à naviguer et, selon Athènes, “l’approche des garde-côtes ne peut être liée au naufrage du navire en termes de temps”. Les autorités italiennes et maltaises ont également préféré fermer les yeux.

La question est devenue un sujet de débat politique alors que la Grèce se prépare à des élections le 25 juin. 21 arrestations ont eu lieu lors des manifestations qui ont éclaté jeudi soir à Athènes (photo). Le chef de l’opposition de gauche, Alexis Tsipras, a rendu visite aux survivants et a déclaré que les garde-côtes auraient dû remorquer le navire en lieu sûr alors qu’il s’approchait des eaux grecques, un point de vue partagé par les organisations de défense des droits de l’homme.

“La justice d’Athènes, écrit Ansa, a ouvert une enquête. Dans la reconstruction grecque, l’avion de Frontex a été le premier à apercevoir le bateau de pêche à 9h37 mardi, alertant les centres de coordination voisins, y compris le centre italien : le bateau se trouvait cependant dans la zone Sar de compétence grecque, à partir de laquelle deux navires marchands ont été envoyés en guise de “premiers secours”.

Cette non-intervention est inacceptable pour Alarm phone, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et l’UNHCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés. Le devoir de secourir les personnes en détresse en mer est une norme fondamentale “quels que soient leur nationalité, leur statut ou les circonstances, même sur des navires qui ne sont pas en état de naviguer”, ainsi que “les intentions de ceux qui sont à bord”, ont-ils dénoncé dans une note.

“Je renouvelle ma prière, a poursuivi le pape, pour ceux qui ont perdu la vie et j’implore que l’on fasse tout ce qui est possible pour éviter de telles tragédies. Je prie également pour les jeunes étudiants victimes de l’attaque brutale d’une école dans l’ouest de l’Ouganda”.

“Cette lutte, cette guerre partout… prions pour la paix ! Persévérons dans la prière pour le peuple de l’Ukraine tourmentée – ne l’oublions pas ! – qui souffre tant.”
François, sorti vendredi de l’hôpital Gemelli, devrait pouvoir rencontrer son envoyé, le card. Matteo Maria Zuppi qui, après l’étape de Kiev, doit continuer à Moscou.
“Il semble que la mer était calme. François épingle ceux qui ont laissé les migrants se noyer. Et parle de sa mission de paix. La tentative exige évidemment du courage et de la force d’âme, c’est-à-dire qu’elle évoque les vertus chrétiennes : la foi, l’espérance et la charité, qui semblent indispensables.

Dans la catéchèse qui a précédé l’Angélus, le Souverain Pontife a souligné à cet égard que pour les croyants “la proximité de Dieu n’est pas une nouvelle parmi d’autres, mais la réalité fondamentale de la vie : si le Dieu du ciel est proche, nous ne sommes pas seuls sur la terre, et même dans les difficultés nous ne perdons pas la foi”. Voici la première chose à dire aux gens : Dieu n’est pas lointain, il est Père. Dieu n’est pas lointain, il est Père, il te connaît et il t’aime, il veut te tenir la main, même quand tu passes par des chemins escarpés et accidentés, même quand tu tombes et que tu as du mal à te relever et à reprendre le chemin, lui, le Seigneur, il est là, avec toi. En effet, souvent, dans les moments où vous êtes le plus faible, vous pouvez sentir sa présence plus forte. Il connaît le chemin, Il est avec toi, Il est ton Père ! Il est mon Père ! Il est notre Père !”
Si un enfant, selon l’exemple de François, “marche en tenant la main de son père, tout lui apparaît différent. Le monde, grand et mystérieux, devient familier et sûr, parce que l’enfant sait qu’il est protégé.

Il n’a pas peur et apprend à s’ouvrir : il rencontre d’autres personnes, se fait de nouveaux amis, apprend avec joie des choses qu’il ne connaissait pas et, de retour à la maison, il raconte à tout le monde ce qu’il a vu, tandis que grandit en lui le désir de devenir grand et de faire les choses qu’il a vu faire à son papa. C’est pourquoi Jésus commence par là, c’est pourquoi la proximité de Dieu est la première annonce : en étant proche de Dieu, nous surmontons la peur, nous nous ouvrons à l’amour, nous grandissons dans la bonté et nous ressentons le besoin et la joie d’annoncer”.

Sante Cavalleri