Il ne suffit pas de proclamer solennellement les droits humains fondamentaux: ils doivent aussi être mis en pratique. Dans de nombreuses régions du monde, de graves atteintes à ces droits sont commises et même dans les pays dotés de formes de gouvernement démocratiques, “ils ne sont pas toujours pleinement respectés”.
Le Saint-Siège le dénonce dans l’une des trois Déclarations publiées par sa Mission permanente à Vienne sur divers aspects des droits de l’homme et de la sécurité, à l’occasion de la Conférence du BIDDH (Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme), qui est une institution de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
A cette occasion, la représentation vaticane recommande “d’éviter une approche sélective en prêtant attention aux formes de discrimination religieuse, notant également qu’aucune partie de la région de l’OSCE n’est à l’abri d’actes d’intolérance”. La Conférence de Varsovie, à l’occasion du 30e anniversaire du BIDDH, s’intitule “Trois décennies et prêtes pour l’avenir Démocratie, droits de l’homme et sécurité”.
Concernant les persécutions religieuses, le Vatican demande que le BIDDH, “bénéficiant de l’expérience acquise dans l’élaboration de lignes directrices pour assurer la sécurité des communautés juives et musulmanes”, entreprenne “des efforts similaires pour répondre aux besoins de sécurité des communautés chrétiennes”. En général, ce sont des défis d’intérêt mutuel car partout où une communauté religieuse est persécutée en raison de ses convictions religieuses, “le bien commun est en danger”.
L’impact négatif n’est pas seulement sur la vie quotidienne des chrétiens et des membres d’autres religions, mais aussi sur la cohésion sociale dans les États. En effet, l’OSCE a été l’une des premières organisations internationales à tirer la sonnette d’alarme sur l’intolérance envers les chrétiens, les exhortant à rester vigilants, « car les chrétiens continuent de souffrir de préjugés, d’intolérance, de discrimination et de violence, aussi bien à l’est qu’à l’ouest de Vienne”.
“Nous sommes convaincus – conclut le troisième document du Vatican – que la reconnaissance de la dignité intrinsèque et des droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine – sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion – est le fondement de la liberté, de la justice et de la paix mondiale”. Cette prise de conscience découle des paroles du principe VII de l’Acte final d’Helsinki de 1975, qui grâce au patient travail diplomatique des cardinaux Casaroli et Silvrstrini a reconnu “la liberté de l’individu de professer et de pratiquer, seul ou en commun avec d’autres, une religion ou une croyance, agissant selon les préceptes de sa conscience”.
La Conférence d’Helsinki, il y a 46 ans, était l’épilogue du processus de rapprochement des deux blocs nés après la Seconde Guerre mondiale. Ce fut le premier résultat concret de l’Ostpolitik, dans laquelle le Vatican joua un rôle décisif: le rapprochement au nom de la sécurité et de la coopération, représentait aussi la consécration des droits de l’homme au nom de la liberté religieuse, comme l’architrave d’une nouvelle politique européenne . Un rôle aujourd’hui reconfirmé à travers ces trois documents publiés à Vienne.
S.C.