“La souffrance des peuples dans le sud du monde”. Mardi, à l’Université “La Sapienza” de Rome, le “FarodiRoma” rappelle le prêtre martyr de Tucuman pendant la Troisième Journée Viroche

“Cet homme était et sera la véritable image du Christ sur la terre, son regard nous a transmis la lumière, la foi et l’espérance; son sourire et l’humour qui le caractérisaient étaient vraiment contagieux. Ses paroles arrivaient toujours au bon moment, il était notre Samaritain : il nous a nettoyés, lavés et a guéri nos blessures, il nous a emmenés à l’auberge qui faisait office de chapelle, avec le groupe de jeunes avec qui nous avons ri, chanté, pleuré, mais surtout, nous avons appris l’extraordinaire capacité d’aimer et de donner cet amour aux autres”.

 

Dans cette lettre adressée au pape François, les jeunes de la paroisse de La Florida décrivent leur “papa”, le père Juan Viroche, le prêtre assassiné en Argentine par les narcotrafiquants -qui ont orchestré un faux suicide- en raison de son opposition farouche au trafic de drogue et d’êtres humains, que le FarodiRoma rappellera le 6 novembre à l’Université La Sapienza de Rome lors de la Troisième Journée Viroche, intitulée “La souffrance des peuples dans le sud du monde” et qui fait suite aux deux premières Journées qui se sont déroulées à l’Université LUMSA de Rome. Cette année, la Journée est organisée en collaboration avec le Professeur Luciano Vasapollo, délégué du Président de l’Université La Sapienza pour les relations internationales avec l’Amérique latine, qui a inclus cette initiative dans ses activités de colloques et séminaires.

 

Le père Viroche, retrouvé pendu dans sa paroisse de La Florida à l’aube du 4 octobre 2016, est l’une des figures de référence de l’engagement de la rédaction du ‘Faro di Roma’, le quotidien en ligne qui fait référence au phare de Gianicolo, donné en 1911 par les Italiens d’Argentine à la ville de Rome, tout comme en 2013 cette communauté nous a donné le pape François.

 

Sa mort fut sommairement qualifiée de suicide par les autorités, une hypothèse toujours rejetée avec vigueur par ses amis, ses connaissances et ses paroissiens qui connaissaient bien la force de cet homme et la détermination spirituelle de ce prêtre, convaincus au contraire qu’il a été tué par des criminels probablement impliqués avec les “puissants pouvoirs” de Tucuman.

 

Les narcotrafiquants auxquels s’opposait Viroche avec courage pour le bien des jeunes de banlieue et qui tachèrent leurs mains de son sang, sont le même gang de criminels qui faisaient autrefois partie des services secrets argentins, lorsque régnait dans ce pays d’Amérique latine une dictature sanglante qui força Jorge Mario Bergoglio à être sous escorte quand il était archevêque de Buenos Aires (le futur pape, tout comme Viroche, avait offert une protection à des jeunes femmes pour les aider à sortir de la traite). Les institutions de Tucuman -ni civiles ni religieuses- n’ont jamais défendu le père Viroche, que ce soit losqu’il était vivant ou bien après sa mort, à l’exception du cardinal Villalba -qui est maintenant âgé- et du conseil académique de l’Université de Tucuman qui a adhéré au mouvement qui cherche à faire la lumière sur la mort du prêtre.

 

La rencontre organisée par le FaroDiRoma le 6 novembre à l’Université La Sapienza sera inaugurée à 16h45 par Stefano Asperti, doyen de la Faculté des Lettres et de Philosophie de la première Université de Rome, Francesco Bonini, Président de l’Université LUMSA, et Arianna Punzi, directrice du département d’études européennes, américaines et interculturelles de l’Université La Sapienza.

 

Les intervenants à cette rencontre sont : le cardinal Edoardo Menichelli, qui tiendra un discours sur “L’Église du pape François et le sud du monde”, Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, qui parlera de “Saint Oscar Arnulfo Romero et les martyrs de l’Amérique latine”, Nello Scavo, journaliste de Avvenire, avec son intervention sur “Le martyre de l’Argentine, après les massacres de la dictature militaire, les meurtres impunis des pères Viroche et Maldonado” et, pour terminer, l’intervention du journaliste vaticaniste de l’Agi, Salvatore Izzo, sur “Les points communs entre les pères Viroche, Puglisi et Diana, des prêtres qui défendaient leur peuple”. Luciano Vasapollo, délégué du Président de l’Université La Sapienza pour les relations internationales avec l’Amérique latine et les Caraïbes, aura l’honneur de clore la rencontre à 18h45.

 

“Ce que nous nous souviendrons de lui, c’est son dévouement, son humilité et sa patience”, conclurent dans leur lettre au pape François les jeunes de Tucuman sauvés par le père Viroche : “Viroche n’est pas mort, il est plus vivant que jamais dans nos cœurs : nous ne nous tairons pas car nous sommes sa voix et nous l’emmènerons avec nous où que nous allions, où que nous nous trouvions, partout dans le monde, nous ferons toujours nôtres ses paroles”.

 

Emanuele Amarisse