«La volonté de dominer aboutit souvent à la violence, comme le démontrent les guerres et les féminicides.» Léon XIV : «Que l’Esprit d’amour et de paix ouvre les frontières, abatte les murs, dissipe la haine et nous aide à vivre en enfants (S.I.)

«Par l’intercession de la Vierge Marie, implorons de l’Esprit Saint le don de la paix. Avant tout, la paix dans les cœurs : seule une âme paisible peut diffuser la paix dans la famille, dans la société, dans les relations internationales. Que l’Esprit du Christ ressuscité ouvre des chemins de réconciliation partout où il y a la guerre ; qu’Il éclaire les gouvernants et leur donne le courage de poser des gestes de détente et de dialogue.» Avec cette invocation, le pape Léon XIV a conclu la solennelle célébration de la Pentecôte sur la place Saint‑Pierre, pleine à craquer de plus de 100 000 fidèles, dont plus de la moitié avaient participé ces jours‑ci au Jubilé des Mouvements et Agrégations laïques.

«Nous implorons l’Esprit d’amour et de paix car, a‑t‑il expliqué dans l’homélie, qu’il ouvre les frontières, abatte les murs, dissipe la haine et nous aide à vivre en enfants de l’unique Père qui est aux cieux.» À ce propos, dénonçant les péchés qui abîment nos sociétés, le pape Prevost a rappelé «avec beaucoup de douleur» les violences familiales : «je pense, a‑t‑il scandé, à ces moments où une relation s’infecte par la volonté de dominer l’autre, une attitude qui débouche souvent sur la violence, comme malheureusement le démontrent les nombreux et récents cas de féminicide.»

Et dans son propos, ce Pasteur a puisé dans ces innombrables expériences pastorales grâce auxquelles, il y a deux ans, il est arrivé à Rome depuis le Pérou à la demande de Bergoglio, et il y a exactement un mois a été élu par les cardinaux pour lui succéder, mais aussi dans le magistère de ses deux prédécesseurs. De François, il a repris l’image des relations numériques comme emblématique, soulignant que «nous sommes tous connectés et pourtant déconnectés entre nous, anesthésiés par l’indifférence et oppressés par la solitude. Et de tout cela, les guerres qui agitent notre planète sont un signe tragique». Puis il a ajouté, citant Benoît XVI : «L’Esprit Saint nous donne de comprendre. Il surmonte la rupture commencée à Babel — la confusion des cœurs, qui nous oppose les uns aux autres — et ouvre les frontières.
L’Église doit sans cesse redevenir ce qu’elle est déjà : elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et briser les barrières entre classes et races. En elle, il ne peut y avoir ni oubliés ni méprisés. Dans l’Église, il n’y a que des frères et sœurs libres en Jésus Christ.»

«L’Esprit — a proclamé lui-même le pape Léon — ouvre d’abord les frontières en nous. Il est le Don qui éveille notre vie à l’amour. Et cette présence du Seigneur dissout nos duretés, nos fermetures, nos égoïsmes, nos peurs qui nous paralysent, les narcissismes qui nous font tourner uniquement autour de nous-mêmes. L’Esprit Saint vient défier en nous le risque d’une vie atrophiée, aspirée par l’individualisme. Il est triste de constater que dans un monde où se multiplient les occasions de socialiser, nous risquons d’être paradoxalement plus seuls, toujours connectés et pourtant incapables de ‘créer du réseau’, plongés dans la foule tout en restant des voyageurs dépaysés et solitaires.»

Selon le Pontife hispano‑américain, «au contraire, l’Esprit de Dieu nous fait découvrir une nouvelle manière de voir et de vivre la vie : Il nous ouvre à la rencontre avec nous-mêmes au-delà des masques que nous portons ; Il nous conduit à la rencontre avec le Seigneur, nous éduquant à expérimenter sa joie ; Il nous convainc que seulement si nous demeurons dans l’amour, nous recevons aussi la force d’observer sa Parole et donc d’en être transformés. Il ouvre les frontières en nous, afin que notre vie devienne un espace accueillant.»

«L’Esprit, en outre, ouvre les frontières — a assuré Léon XIV — également dans nos relations. En effet, Jésus dit que ce Don est l’amour entre Lui et le Père qui vient habiter en nous. Et lorsque l’amour de Dieu habite en nous, nous devenons capables de nous ouvrir aux frères, de vaincre nos rigidités, de surmonter la peur envers qui est différent, d’éduquer les passions qui s’agitent en nous. Mais l’Esprit transforme aussi ces dangers plus discrets qui polluent nos relations, comme les malentendus, les préjugés, les instrumentalisa­tions.» À l’inverse, l’Esprit «fait mûrir en nous les fruits qui nous aident à vivre des relations vraies et bonnes : “Amour, joie, paix, magnanimité, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi” et donc «il élargit les frontières de nos rapports avec les autres et nous ouvre à la joie de la fraternité.»

Il s’agit, a tenu à préciser le Pape — «d’un critère décisif aussi pour l’Église : nous sommes vraiment l’Église du Ressuscité et les disciples de la Pentecôte seulement si, parmi nous, il n’y a ni frontières ni divisions, si dans l’Église nous savons dialoguer et nous accueillir mutuellement en intégrant nos différences, si, en tant qu’Église, nous devenons un espace accueillant et hospitalier envers tous.»

Mais — et nous en avons vraiment besoin en ces passages tragiques de l’histoire — «l’Esprit ouvre aussi les frontières entre les peuples.» En effet, «à la Pentecôte, les Apôtres parlent les langues de ceux qu’ils rencontrent et le chaos de Babel est enfin pacifié par l’harmonie générée par l’Esprit. Les différences, quand le Souffle divin unit nos cœurs et nous fait voir dans l’autre le visage d’un frère, ne deviennent pas une occasion de division et de conflit, mais un patrimoine commun auquel tous nous pouvons puiser, et qui nous met tous en chemin ensemble, dans la fraternité.»

En somme, «l’Esprit brise les frontières et abat les murs de l’indifférence et de la haine, parce qu’il “nous enseigne chaque chose” et nous rappelle les paroles de Jésus ; et, par conséquent, d’abord il enseigne, rappelle et grave dans nos cœurs le commandement de l’amour, que le Seigneur a placé au centre et au sommet de tout. Et là où il y a l’amour, il n’y a pas de place pour les préjugés, pour les distances de sécurité qui nous éloignent du prochain, pour la logique de l’exclusion que nous voyons malheureusement émerger aussi dans les nationalismes politiques.»

Paroles encore de François, Léon a donc conclu son homélie extraordinaire de la Pentecôte : «Aujourd’hui dans le monde il y a tant de discorde, tant de division. Frères et sœurs, c’est la Pentecôte qui renouvèle l’Église et le monde ! Que le vent puissant de l’Esprit vienne sur nous et en nous, ouvre les frontières du cœur, nous donne la grâce de la rencontre avec Dieu, élargisse les horizons de l’amour et soutienne nos efforts pour la construction d’un monde où règne la paix.»

Lors du Regina Coeli, dernier de cette année liturgique car dès dimanche prochain reprend l’Angélus, le nouveau Pape a enfin rappelé que «en Italie et dans d’autres pays se termine en ces jours l’année scolaire. Je désire saluer — a‑t‑il dit — tous les étudiants et professeurs, spécialement ceux qui dans les prochains jours passeront les examens de fin de cycle d’études».

Salvatore Izzo