Le résultat des élections allemandes a été connu presque immédiatement après la clôture des scrutins le 26 septembre dernier. Avec l’Union chrétienne-démocrate (CDU) humiliée par une défaite sans précédent, Olaf Scholz du Parti social-démocrate (SPD) est en pole position pour succéder à Angela Merkel à la chancellerie. Aujourd’hui, cependant, d’intenses négociations de coalition sont en cours entre les partis vainqueurs du SPD, les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP). Un point clé de ces négociations est le ministère des Finances, un poste actuellement occupé par Olaf Scholz.
La question n’est pas anodine tant pour l’avenir de l’Allemagne elle-même que pour l’Europe elle-même. En fait, Verdi et le FDP se disputent le poste mais avec des points de vue profondément différents. Les Verts ont mis le climat au premier plan et pour cette raison, ils conduisent des investissements à grande échelle, assouplissent le frein à l’endettement de l’Allemagne et privilégient une politique pro-européenne qui poursuit les démarches entreprises en 2020 vers une politique commune d’investissement financée par la dette. Le leader du FDP, Christian Lindner, aspirant au ministère, est plutôt favorable à des impôts bas, à une limitation de la dette et à une ligne dure envers les partenaires européens de l’Allemagne.
La crise climatique doit être combattue avec des investissements privés et des taxes carbone. Pour montrer à quel point ce rôle est crucial pour la zone euro, il suffit de rappeler plusieurs fois Wolfgang Schäuble comme ministre des Finances sous Angela Merkel et ses demandes constantes d’austérité pendant la crise de la zone euro et de la Grèce en particulier.
Scholz lui-même souligne la différence qu’un progressiste pro-européen à la tête du ministère allemand des Finances peut faire. Le ministère Scholz a augmenté les investissements publics et poussé la réforme fiscale. Lorsque la crise de Covid a menacé de faire exploser la zone euro au printemps 2020, Scholz a fait pression pour une collaboration avec les Français, ouvrant la porte à la percée de la Next Generation EU, le soi-disant “Recovery Fund”.
Pour l’Europe, tout retour à l’austérité serait ruineux. Soixante pour cent des citoyens de la zone euro vivent dans des pays où le ratio dette/PIB est désormais supérieur à 100%. Notre dette représente même 150 % du PIB. Dans ces conditions, forcer un retour aux critères de l’ère Maastricht, qui prévoyaient une réduction de la dette à 60 % du PIB, serait catastrophique. Cela freinerait la transition vers une économie verte et donnerait certainement de la force aux partis les plus populistes. Il faut donc espérer que le SPD ne cédera pas à la tentation de céder un siège par devoir pour former un nouveau gouvernement à un conservateur comme Christian Lindner.
Roberto Désirello