Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe informe et lance une alarme à propos du syndrome post-COVID

La longue évolution de la maladie de SARS-COV-2 est désormais une réalité. Afin d’analyser ce thème, le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a organisé une conférence de presse, le 25 février dernier, présidée par le Directeur régional, M. Hans Henri P. Kluge, M. McKee de l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé et des experts techniques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Trois mois après avoir été testé positif au virus de Covid-19, 1 patient sur 10 continue à manifester les symptômes du virus pendant des semaines ou même des mois, une condition dénommée « La COVID longue» ou « syndrome post-COVID ». Un nouveau document d’orientation de l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé a analysé les symptômes post-COVID dans les différents Pays européens et a évalué comment les patients, y compris les professionnels de la santé, réagissent à ces problématiques. Le document résume ce que l’on sait des pathologies, du type et du nombre de personnes qui en souffrent, du diagnostic et du traitement, et comment les pays s’attaquent à ce problème.

« Le COVID-19 – a affirmé le directeur général de l’OMS pour l’Europe – a provoqué beaucoup de souffrances chez la population dans toute la Région, et ce que l’on rapporte sur la COVID longue est une source d’inquiétude supplémentaire.  Il est important que les patients qui signalent des symptômes de COVID longue fassent partie intégrante de la riposte à la COVID-19, afin d’atténuer certains des effets à plus long terme de la pandémie sur la santé. Ce document d’orientation expose clairement la nécessité, pour les décideurs politiques, de montrer la voie à suivre face à cette problématique ».

Plusieurs personnes qui souffrent d’un syndrome post-COVID ont déclaré de se sentir stigmatisées et de ne pouvoir pas accéder aux services de soins. Elles ont dû lutter pour que leur état de santé soit reconnu et pris au sérieux, ainsi que pour obtenir un diagnostic , et elles se sont vu administrer des soins sans cohérence ni continuité. En même temps, il existe des problèmes réels en ce qui concerne l’accès aux prestations de maladie et d’invalidité.

Les patients et ceux qui cohabitent avec un syndrome post-COVID demandent à la communauté scientifique de prendre conscience d’une large série d’effets secondaires et de répercussions de la maladie (qu’il soient de santé, psychologiques ou sociales) et que les professionnels de la santé soient mieux informés sur cette pathologie. La présence croissante de communautés de patients en ligne, y compris les travailleurs de la santé, montre le rôle très important qu’ils jouent dans l’échange des savoirs, pour un soutien mutuel et pour proposer et promouvoir des traitements appropriés.

La persistance des symptômes même une fois officiellement guéri de la maladie se traduit dans une extrême fatigue, des douleurs musculaires, des épisodes de confusion mentale, ainsi que dans un risque accru de séquelles cardiaques, pulmonaires et cérébrales. Ces effets sur la santé des patients ont été souvent sous-estimés par les médecins, notamment dans la phase initiale de la pandémie, quand on avait focalisé l’attention en grande partie sur le contraste à la pneumonie interstitielle bilatérale engendrée par le virus. Les statistiques indiquent qu’environ un quart des patients souffrant de COVID-19 présentent encore des symptômes 4 à 5 semaines après avoir été testés positifs et qu’un patient sur 10 environ ressent toujours des symptômes après 12 semaines. Tout cela peut affecter la capacité d’une personne à travailler ou de jouir d’une bonne qualité de vie.

Le document d’orientation souligne donc la nécessité de mener d’études coordonnés, multidisciplinaires, nationaux et internationaux pour comprendre mieux les conséquences cliniques du syndrome post-COVID, à effectuer avec l’aide des patients eux-mêmes, comme l’a suggéré le docteur Selina Rajan, principale auteure du document : « La COVID longue a démontré l’importance d’une mobilisation des patients dans le cadre de la recherche ». Ce document propose ainsi, dans le cadre européen, des stratégies d’intervention et des solutions possibles visant à faire face et à battre les conséquences durables du virus, en recommandant des approches inclusives et efficaces.

Arianna Barile