“Le Seigneur nous demandera des comptes pour tous les migrants morts lors de leur voyage de l’espérance: ils ont été les victimes de la culture du déchets” a dénoncé le Pape François après la prière de l’Angélus ce dimanche 23 août.
Ces paroles fortes au sujet des migrants sont aussi liées à une date, celle du 24 août, “dixième anniversaire du massacre des 72 migrants à San Fernando Tamaulipas au Mexique, où ont perdu la vie des migrants de différents pays qui cherchaient une vie meilleure. J’exprime ma solidarité aux familles des victimes qui invoque encore aujourd’hui justice et vérité sur ce qui s’est passé”.
En 2010 en effet, grâce au témoignage d’un jeune équatorien, qui avait réussi à échapper au massacre, la police mexicaine avait retrouvé les corps de 24 Honduriens, 14 Salvadoriens, 13 Guatémaltèques, 5 Equatoriens, 3 Brésiliens et un Indien. Il reste encore 11 corps non identifiés. Probablement torturés, tous ont été tués violemment par des narco-trafiquants, qui utilisaient la séquestration de migrants comme nouvelle source de revenus. L’année suivante, 193 restes humains ont aussi été retrouvé dans 47 fosses clandestines toujours à San Fernando.
Prières pour les victimes
Dans sa prière, le Saint-Père a aussi voulu penser à toutes les personnes mortes à cause du Covid-19. “Ce matin, confie-t-il, j’ai entendu le témoignage d’une famille qui a perdu ses grands-parents le même jour, sans pouvoir leur dire au-revoir. Il y a de si grandes souffrances, il y a tant de victimes de cette maladie, tant de bénévoles aussi, de médecins, d’infirmiers, de religieuses et religieux, qui ont perdu la vie. Souvenons-nous de ces familles qui en ont souffert”.
Alors que l’Italie commémore les quatre ans du séisme de 2016 qui avait lourdement frappé les Abruzzes, notamment la zone d’Amatrice, faisant des centaines de morts, François a tenu également à dire quelques mots. “Je renouvelle ma prière pour les familles et les communauté qui en ont subit le plus les conséquences, pour qu’elles puissent aller de l’avant grâce à la solidarité et l’espérance, et j’espère que la reconstruction va s’accélérer, pour permettre à ces personnes de retourner vivre sereinement dans ces beaux territoires de l’Apennin”.
Inquiétude pour le Mozambique
Evoquant enfin la situation au Mozambique, le Pape a voulu réaffirmer sa proximité avec “la population de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, qui est en souffrance à cause du terrorisme international”. Un appel que le Saint-Père relie aussi à son “vif souvenir” de sa “visite faite dans ce cher pays il y a environ un an”. Le Mozambique est en effet frappé, dans toute la région de Cabo Delgado, par une insurrection djihadiste. A l’occasion de la “journée mondiale en mémoire des victimes d’actes de violences basés sur la religion et les croyances” qui était célébrée la veille, le Pape a appelé à prier et soutenir ces “frères et soeurs” qui sont “persécutés à cause de leur foi”.
Aujourd’hui, a poursuivi François, dans la catéchèse du jour, “nous entendons une question de Jésus posée à chacun de nous: Et pour vous, qui suis-je ?”. Un question qui implique “la foi, donc la vie, parce que la foi est la vie!”, une question qui requiert “comme les premiers disciples, l’écoute intérieure de la voix du Père”. Il s’agit de comprendre “qui est Jésus pour nous” explique le Pape, “s’il est le centre de notre vie et la finalité de chacun de nos engagements dans l’Eglise et la société”.
Pour le Saint-Père, il est “indispensable et louable que la pastorale des communautés soit ouverte aux situations de pauvreté et d’urgence. La charité est toujours la voie maîtresse vers la perfection. Mais il est nécessaire de rappeler que les œuvres de solidarité ne nous détournent pas du contact avec le Seigneur Jésus. La charité chrétienne n’est pas une simple philanthropie mais, d’une part, c’est regarder l’autre avec les yeux mêmes de Jésus et, d’autre part, c’est voir Jésus dans le visage des pauvres”. François enfin prie la Vierge Marie afin “qu’elle soit pour tous un guide et un modèle dans le cheminement de la foi en Christ, qu’elle nous fasse prendre conscience que la confiance en Lui donne tout son sens à notre charité et à toute notre existence”.
Salvatore Izzo