L’Européen Wolfgang Schauble, héritier de Kohl qu’une attaque l’a contraint à battre en retraite en tant que numéro deux de Merkel (V. Mosco)

ARCHIV - Bundesfinanzminister Wolfgang Schäuble (CDU) kommt am 25.04.2013 in den Bundestag in Berlin. Foto: Maurizio Gambarini/dpa (zu dpa:"Letzte Lösung Behinderten-Quote? Politik fernab der UN-Konvention" vom 28.07.2013) +++(c) dpa - Bildfunk+++

13 octobre 1990. Oppenbau, sud de l’Allemagne. Wolfgang Schauble, alors dauphin de longue date d’Helmut Kohl, entre dans une brasserie à l’issue d’un rallye. Un homme dérangé l’agresse par derrière, lui déchargeant plusieurs coups de feu, le blessant à la joue et à la nuque.

Si Helmut Kohl était le cerveau de la réunification allemande, Schauble, à l’époque ministre de l’Intérieur et protagoniste des négociations, en était le bras. A ce titre dans le collimateur de la RAF – la Rote Armee Fraktion ou la formation terroriste marxiste-léniniste apparue dans les années 1970 (les « brigades rouges ») allemandes. Les biographes de Merkel attribuent à ce triste épisode un rôle non négligeable dans son ascension au sommet de la CDU et, donc, à la chancellerie. S’il est vrai que l’histoire est déterminée par le contexte, par les individus et par le hasard, on peut certainement dire que l’histoire de l’Allemagne unie a été produite par ces deux derniers facteurs, en particulier par deux individus: précisément Angela Merle et Wolfgang Schauble.

Considéré par le Financial Times et – pour ce qu’il compte – en Italie, par les milieux conservateurs comme Bruno Leoni (dernièrement en la personne de son directeur Alberto Mingardi), l’homme politique le plus brillant d’Europe, Schauble est connu dans la vulgate comme un bourru ministre des finances, défenseur des finances publiques, de l’austérité des larmes et du sang au moment de la crise grecque. C’est plutôt un pro-européen aux convictions profondes, l’artisan de la réunification des années 90 des deux Allemagnes, selon le tournant décidé, du jour au lendemain, par le chancelier Kohl.

La réunification a eu lieu en arrachant l’approbation de la Bundesbank sur le taux de change égal à celui de la RDA. En cas de réunification, Schauble est également déterminant en cas de transfert de la capitale à Berlin depuis Bonn. Et encore, c’est Schauble, dans la nuit noire de la pandémie, qui plaide la cause des euro-obligations lors des négociations du Fonds de relance à l’hiver 2021. Des fonds indispensables pour faire le pas vers les problèmes communs de la dette – et là on ne veut pas abuser de la question bien connue de la langue allemande sur la double valeur sémantique de Schuld (au singulier, faute) et de Schulden (au pluriel, dette) ; mais nous préférons insister sur la valeur politique des euro-obligations comme élément pivot sur la voie de l’intégration européenne, pas moins que l’union bancaire, la conquête merkelienne ou la défense commune à venir.

C’est pourquoi nous pensons, le jour de l’anniversaire de son attentat, et l’année de clôture de l’ère Merkel, pouvoir consacrer à juste titre – et dans le silence général de la presse – une mention à ce sujet peut-être trop peu apprécié – en Italie – Fabricant européen . On pourrait dire – pour rester aux latitudes teutoniques – que dans l’histoire de Schauble – à la fois humaine et politique – l’histoire européenne, après s’être présentée pour la première fois sous forme de tragédie, ne s’est pas répétée sous forme de farce mais plutôt , l’un de ses principaux architectes s’est montré à la hauteur. Quand la vieillesse apporte parfois des conseils.

Vieri Mosco