Migrants. “Construire un monde de plus en plus inclusif qui n’exclut personne”. Le Pape : “veille à la fermeture même dans l’Eglise”

“Nous sommes appelés à construire un monde de plus en plus inclusif, qui n’exclut personne”. Le pape François a dit cela sur la place Saint-Pierre à l’occasion de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, nous exhortant à considérer “l’espoir que chaque migrant doit recommencer à vivre. Ne fermons pas les portes à leur espoir”.

Le Pape à l’Angélus nous a donc invités à éviter les fermetures et les exclusions. “Chaque fermeture, en fait, tient à distance – a expliqué le pape François en commentant l’Évangile d’aujourd’hui – ceux qui ne pensent pas comme nous. Ceci, nous le savons, c’est la racine de beaucoup de grands maux de l’histoire: de l’absolutisme qui a souvent engendré des dictatures et de tant de violence contre ceux qui sont différents”.

A l’occasion de la Journée mondiale des migrants, François a également rappelé le monument aux migrants qu’il a lui-même voulu sur la place Saint-Pierre, à l’occasion saluant le cardinal jésuite Michael Czerny, sous-secrétaire de la section des migrants du département du développement humain intégral.

 

Selon le pape François, « nous devons également veiller à la fermeture de l’Église. Car le diable, qui est le diviseur, c’est-à-dire le mot diable, insinue toujours des soupçons pour diviser et exclure. Essayez astucieusement, et cela peut arriver comme avec ces disciples, qui en viennent à exclure même ceux qui avaient chassé le diable lui-même ! Parfois, nous aussi, au lieu d’être des communautés humbles et ouvertes, pouvons donner l’impression d’être « au sommet de la classe » et de tenir les autres à distance ; au lieu d’essayer de marcher avec tout le monde, nous pouvons montrer notre ‘licence de croyants’ pour juger et exclure”.

“Nous demandons – a exhorté le Pape François – la grâce de surmonter la tentation de juger et de cataloguer, et que Dieu nous préserve de la mentalité du nid, celle de nous garder jalousement dans le petit groupe de ceux qui se considèrent bons : le prêtre avec ses fidèles, les agents pastoraux enfermés entre eux pour que personne ne s’infiltre, les mouvements et associations dans leur charisme particulier, etc. Tout cela risque de faire des communautés chrétiennes des lieux de séparation et non de communion. Le Saint-Esprit ne veut pas de fermetures; elle veut de l’ouverture, des communautés accueillantes où il y a de la place pour tout le monde”.

Le pape Bergoglio a ensuite rappelé que « dans l’Évangile il y a l’exhortation de Jésus : au lieu de juger tout et tous, soyons attentifs à nous-mêmes! En fait, le risque est celui d’être inflexible envers les autres et indulgent envers nous”.

“Jésus – a observé le Pontife – nous exhorte à ne pas composer avec le mal, avec des images frappantes : ‘Si quelque chose en vous fait scandale, coupez-le !’. Il ne dit pas “Pensez-y, allez un peu mieux…”. Non: ‘Coupez-le !’. Jésus est radical, exigeant, mais pour notre bien, comme un bon médecin”.

“Chaque coupe, chaque élagage – a conclu le Pape François – c’est pour grandir mieux et porter du fruit dans l’amour. Alors demandons-nous : qu’y a-t-il en moi qui contraste avec l’Évangile ? Concrètement, qu’est-ce que Jésus veut que je coupe dans ma vie ? Prions la Vierge Immaculée pour qu’elle nous aide à être accueillants envers les autres et vigilants sur nous-mêmes”.

 

Sante Cavalleri

Sur les photos : “Angels Unware” le monument créé par le sculpteur canadien Timothy Schmalz, qu’à l’occasion de la Journée mondiale des migrants 2019 le pape François a voulu sur la place Saint-Pierre, installé dans le cimetière de la basilique. Il est fait de bronze et d’argile et représente un groupe de migrants de différentes périodes historiques, tous grandeur nature, et debout sur un radeau, le visage éprouvé par la souffrance, pour rappeler à chacun “le défi évangélique de l’accueil”.