“Si nous avions de la mémoire, nous saurions que la guerre, avant qu’elle n’atteigne le front, doit être arrêtée dans les cœurs. La haine, avant qu’il ne soit trop tard, doit être éradiquée des cœurs. Et pour cela, il faut du dialogue, de la négociation, de l’écoute, de la diplomatie et de la créativité, une politique clairvoyante capable de construire un nouveau système de coexistence qui ne soit plus basé sur les armes, sur la puissance des armes, sur la dissuasion. Toute guerre représente non seulement une défaite de la politique mais aussi une reddition honteuse face aux forces du mal”, écrit le pape François dans l’introduction de l’essai “Contre la guerre”. Le courage de construire la paix » (Solferino – Libreria Editrice Vaticana), dès demain dans les librairies et les kiosques à journaux avec le Corriere della Sera.
“La paix de Jésus ne domine pas les autres, ce n’est jamais une paix armée, jamais!”, prévient le Pape, qui dans l’audience générale d’aujourd’hui a de nouveau évoqué la guerre en Ukraine. “Les armes de l’Evangile sont la prière, la tendresse, le pardon et l’amour gratuit du prochain, l’amour de tout prochain”, répète le Pape: “C’est ainsi que la paix de Dieu est apportée au monde”.
“C’est pourquoi l’agression armée de nos jours, comme toute guerre, représente un outrage à Dieu, une trahison blasphématoire du Seigneur de Pâques, préférant à son doux visage celui du faux dieu de ce monde”, l’avertissement pour le conflit en acte : “La guerre est toujours une action humaine pour conduire à l’idolâtrie du pouvoir”, ajoute Francesco au pied levé.
“C’est la tromperie qui se répète dans l’histoire, la tentation d’une fausse paix, basée sur le pouvoir, qui conduit ensuite à la haine et à la trahison de Dieu. Et tant d’amertume dans l’âme”, souligne le pape, commentant “une grande histoire de Dostoïevski », la Légende du Grand Inquisiteur, définie comme « toujours d’actualité ». A la fin des Frères Karamazov, il cite François dans la catéchèse, « on dit de Jésus qui, après plusieurs siècles, revient sur la Terre. Il est immédiatement accueilli par la foule en liesse, qui le reconnaît et l’acclame : “Ah tu es de retour, viens avec nous !”. Mais ensuite, il est arrêté par l’inquisiteur, qui représente la logique mondaine. Ce dernier l’interroge et le critique férocement. La dernière raison du reproche est que le Christ, bien qu’il le puisse, n’a jamais voulu devenir César, le plus grand roi de ce monde, préférant laisser l’homme libre plutôt que de l’assujettir et de résoudre ses problèmes par la force. Il aurait pu établir la paix dans le monde, plier le cœur libre mais précaire de l’homme en vertu d’une puissance supérieure, mais il ne l’a pas voulu, il a respecté notre liberté”. “Toi – dit l’Inquisiteur à Jésus -, en acceptant le monde et la pourpre des Césars, tu aurais fondé le royaume universel et donné la paix universelle”, la citation du Pape : “et avec une phrase cinglante il conclut : ‘S’il y a quelqu’un qui méritait notre mise plus que tout, c’est Toi’. A la fin, l’Inquisiteur voudrait que Jésus « lui dise quelque chose, peut-être même quelque chose d’amer, de terrible ». Mais le Christ réagit par un geste doux et concret : ‘s’approche de lui en silence, et l’embrasse doucement sur les vieilles lèvres exsangues'”.jìī A la fin de l’audience générale, le pape est ensuite revenu sur la tragédie de l’Ukraine. “Cette année, vous célébrerez la Semaine sainte et Pâques d’une manière particulière : avec de nombreux invités ukrainiens”, a-t-il déclaré aux pèlerins polonais, à la fin de l’audience d’aujourd’hui.
“Pâques est une fête de famille et vous, en leur ouvrant vos maisons, êtes devenus leur famille”, l’hommage de François : “Même si la plupart d’entre eux fêteront ces fêtes une semaine plus tard, selon la tradition orientale, déjà désormais tous contempler ensemble le Crucifix et attendre la résurrection du Christ et la paix en Ukraine”.