«La liberté de se déplacer, de vivre et de travailler dans différents États membres est une liberté chère au cœur des Européens. Elle est l’une des plus grandes réussites de l’UE ». C’est par ces mots que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, décrit et salue l’espace Schengen, la zone unique sans contrôles aux frontières. Le plus grand espace de libre circulation au monde que la Commission, par le biais d’une nouvelle stratégie adoptée le 2 juin dernier, se propose de rendre plus fort et résilient.
Né il y a 36 ans, au moment où cinq États membres de l’UE ont décidé de supprimer les contrôles aux frontières qui les séparaient, l’espace Schengen compte aujourd’hui plus de 420 millions de personnes dans 26 pays, c’est-à-dire tous les pays européens à l’exception de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Croatie, de Chypre et de l’Irlande. Il inclut aussi quatre pays non membres de l’UE: l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. L’abolition des frontières se base sur le principe, à sauvegarder et à renforcer, de la libre circulation des personnes, des marchandises et des services, sans les limitations imposées par les contrôles frontaliers. Cet avantage se révèle d’une importance cruciale en particulier pour les 1,7 millions de personnes qui résident dans un pays Schengen et travaillent dans un autre. De la grande liberté accordée par cet espace jouissent aussi les 3,5 millions de personnes qui, chaque jour, traversent les frontières des États Schengen.
«Grâce à la stratégie présentée aujourd’hui, nous serons plus forts vis-à-vis de l’extérieur pour être plus libres à l’intérieur », ainsi Ylva Johansson, commissaire aux affaires intérieures, décrit le nouveau but de l’Union. Plus précisément, la stratégie prévoit la mise en œuvre de systèmes informatiques de pointe qui « amélioreront la gestion des frontières extérieures, tandis que la coopération policière intensifiée et la gestion commune de la migration aideront à renforcer l’espace Schengen sans vérifications aux frontières ».
« Diverses crises et problèmes nous ont montré que nous ne pouvons pas considérer l’espace Schengen comme acquis », déclare la Présidente de la Commission. La stratégie de l’Union vise donc à faire en sorte que Schengen puisse « résister à l’épreuve du temps, qui garantira la libre circulation des personnes, des marchandises et des services en toutes circonstances, pour reconstruire nos économies et pour qu’ensemble, nous sortions plus forts de cette épreuve ». Afin d’atteindre ce but, l’UE se propose avant tout d’assurer une gestion efficace de ses frontières extérieures, objectif qui comprend la proposition visant à dématérialiser les demandes de visa et les documents de voyage, ainsi que la mise en place du contingent permanent du corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, en plus de la gestion plus efficace des migrants non autorisés à franchir les frontières à travers l’application du nouveau pacte sur la migration et l’asile. En même temps et sur le plan interne, une coopération renforcée parmi les États membres dans la lutte contre les menaces pour la sécurité apparait nécessaire afin de compenser l’absence de contrôles aux frontières intérieures. Parmi les objectifs de la stratégie, figure aussi la volonté d’élargir l’espace Schengen aux États membres de l’UE qui n’en font pas encore partie, parce que – comme l’a affirmé Margaritis Schinas, vice-président chargé de la promotion de notre mode de vie européen – « Schengen n’est pas complet sans l’ensemble de nos États membres. Un espace Schengen plus inclusif sera un espace Schengen plus fort et plus sûr ».
Arianna Barile