“Reconnaître Jésus dans les frères et sœurs que nous rencontrons sur le chemin de la vie”. Le pape François à l’Angélus : “peut-être avons-nous édulcoré l’Évangile”

«Nous ne devons pas poursuivre Dieu dans des rêves et des images de grandeur et de puissance, mais nous devons le reconnaître dans l’humanité de Jésus et, par conséquent, dans celle des frères et sœurs que nous rencontrons sur le chemin de la vie ». Le pape François a souhaité se souvenir de lui lors de la catéchèse qui a précédé l’Angélus place Saint-Pierre à Rome.

«Dieu s’est fait chair et sang – a-t-il répété – il s’est abaissé pour devenir un homme comme nous, il s’est humilié jusqu’à assumer nos souffrances et nos péchés, et nous demande de le chercher, donc, non en dehors de la vie et l’histoire, mais dans la relation avec le Christ et avec les frères ». Selon le Pape, « aujourd’hui encore, la révélation de Dieu dans l’humanité de Jésus peut faire scandale et n’est pas facile à accepter».

«Chers frères – a-t-il ajouté – ne soyons pas surpris si Jésus nous met en crise. En effet, inquiétons-nous s’il ne nous met pas en crise, car peut-être avons-nous édulcoré son message». «Chers frères et sœurs, bonjour ! L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui – a commencé le Pape Bergoglio – nous montre la réaction de la foule et des disciples au discours de Jésus après le miracle des pains. Jésus nous a invités à interpréter ce signe et à croire en lui, qui est le vrai pain descendu du ciel, le pain de vie ; et révélé que le pain qu’il donnera, c’est sa chair et son sang. Ces mots sonnent durs et incompréhensibles aux oreilles du peuple, à tel point qu’à partir de ce moment, dit l’Évangile, beaucoup de ses disciples reculent, c’est-à-dire qu’ils cessent de suivre le Maître. Alors Jésus demande aux Douze : « Veux-tu partir toi aussi?»,

Et Pierre, au nom de tout le groupe, confirme sa décision de rester avec lui en disant ainsi: «Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle et nous avons su et cru que tu es le Saint de Dieu’. C’est une belle confession de foi».

«Arrêtons-nous brièvement – suggéra le Pontife – sur l’attitude de ceux qui se retirent et retournent, et décident de ne plus suivre Jésus. D’où vient cette incrédulité? Quelle est la raison de ce refus? Les paroles de Jésus suscitent un grand scandale : il dit que Dieu a choisi de se manifester et de réaliser le salut dans la faiblesse de la chair humaine. Le mystère de l’incarnation. Et l’incarnation de Dieu est ce qui fait scandale et représente pour ces gens – mais souvent aussi pour nous – un obstacle. En effet, Jésus affirme que le vrai pain du salut, qui transmet la vie éternelle, est sa propre chair; que pour entrer en communion avec Dieu, avant d’observer les lois ou de satisfaire les préceptes religieux, il faut vivre une relation réelle et concrète avec lui l’humanité de Jésus et, par conséquent, dans celle des frères et sœurs que nous rencontrons sur le chemin de la vie. Dieu s’est fait chair et quand on dit cela dans le Credo, le jour de Noël, de l’Annonciation, on s’agenouille pour adorer ce mystère de l’Incarnation. Dieu s’est fait chair et sang : il s’est abaissé jusqu’à devenir un homme comme nous, il s’est humilié jusqu’à prendre en charge nos souffrances et nos péchés, et nous demande de le chercher, donc, non en dehors de la vie et de l’histoire, mais dans la relation avec le Christ et avec les frères. Cherchez-le dans la vie dans l’histoire, dans notre vision quotidienne. Et c’est le chemin : la relation avec le Christ et les frères».

«Encore aujourd’hui – a poursuivi François – la révélation de Dieu dans l’humanité de Jésus peut faire scandale et n’est pas facile à accepter. C’est ce que saint Paul appelle la folie de l’Évangile face à ceux qui recherchent les miracles ou la sagesse mondaine. Et ce « scandale » est bien représenté par le sacrement de l’Eucharistie : quel sens peut-il avoir, aux yeux du monde, de s’agenouiller devant un morceau de pain ? Pourquoi devrions-nous manger ce pain assidûment? Le monde est scandalisé».

«Face au geste prodigieux de Jésus qui nourrit des milliers de personnes avec cinq pains et deux poissons, tout le monde l’acclame et veut le faire triompher, le faire roi. Mais lorsqu’il explique lui-même que ce geste est signe de son sacrifice, c’est-à-dire du don de sa vie, de sa chair et de son sang, et que quiconque veut le suivre doit l’assimiler, son humanité donnée pour Dieu et pour d’autres, alors ils n’aiment pas ça, et ce Jésus nous met en crise. En effet, inquiétons-nous s’il ne nous met pas en crise, car peut-être avons-nous édulcoré son message ! Et nous demandons la grâce de nous laisser provoquer et convertir par ses « paroles de vie éternelle».

«Marie Très Sainte, qui a porté le Fils Jésus dans la chair et s’est jointe à son sacrifice, aide-nous à toujours témoigner de notre foi par la vie concrète», a conclu le Pape avant de saluer les groupes de fidèles présents, en particulier les jeunes, dont certains? arrivé à pied à Rome par la Via Francigena. Le Pape a adressé ses encouragements à tous à marcher sur le chemin de l’Évangile.