“Ouvrez vos maisons, vos presbytères et vos palais, il y a de la place et des ressources. Si les monastères et les maisons religieuses accueillaient au moins une personne ou une famille, il ne resterait plus personne à Lesbos.” Voilà l’appel lancé par le cardinal Konrad Krajewski, l’aumônier du Pape, depuis l’aéroport de Fiumicino à Rome.
Comme le rapporte l’agence Sir, ce mercredi 4 décembre au matin, 33 réfugiés de différentes nationalités (Afghanistan, Cameroun et Togo) y ont atterri grâce à des couloirs humanitaires mis en place entre les îles grecques de Lesbos et Samos, et l’Italie.
Créer des couloirs et des ponts
“Nous devons commencer par nous-même, par soi-même, comme l’a fait le Saint-Père. Et ensuite, par les cardinaux et les évêques : ouvrons nos maisons, nos espaces, nos centres religieux, nos paroisses. Nous en avons les moyens. Le Saint-Père veut une Église pauvre : voilà la possibilité d’être vraiment pauvre. Quand nous partageons, nous devenons véritablement riches et tout nous sera rendu”, a déclaré le prélat arrivé avec les réfugiés de Lesbos.
“Le Pape est celui qui crée des ponts et aujourd’hui nous avons créé ce premier pont, avec le couloir humanitaire, et c’est complètement évangélique”, s’est réjoui le cardinal. “Je remercie le gouvernement italien, qui a permis de mettre en place ce couloir et le gouvernement grec, qui a fait en sorte de surmonter tous les problèmes bureaucratiques et a payé tous les billets d’avion des réfugiés”.
« Il n’y a plus d’espérance »
“J’ai vu des situations terribles dans les camps de l’île de Lesbos : quinze mille personnes dans des espaces serrés, sans lumière. Certes, le gouvernement grec fait son possible, mais il n’est pas préparé. Lesbos est une petite île et les réfugiés sont très nombreux. Vider ces camps, que le Pape appelle des ‘camps de concentration’, ça veut dire aussi aider le peuple grec et les réfugiés qui sont là. Vu les conditions dans lesquelles ils sont aujourd’hui, il n’y a plus d’espérance à Lesbos. Avec des gens de bonne volonté, nous pouvons multiplier les couloirs humanitaires. Ce serait déjà notre miracle. L’Avent nous dit ‘Réveillez-vous !’ : c’est ce que nous dit aussi, à tous, ce premier couloir humanitaire. Le nouveau cardinal du Luxembourg nous en donne l’exemple : il y a deux semaines, il a fait venir deux personnes de Lesbos, à sa charge. Il a partagé avec eux sa maison et maintenant ils vivent ensemble.”
Vider Lesbos
“La communauté Sant’Egidio et le cardinal Krajewski, qui représente la charité du Pape, ont ouvert ce pont parce que c’est un regard tourné vers l’Asie, l’Orient, les Afghans et la Méditerranée. Il faut vider Lesbos. La démarche a commencé avec le voyage du Pape en 2016, et continue avec les Couloirs aujourd’hui. Ils ne peuvent plus vivre et attendre des mois ainsi dans ces conditions terribles. J’ai vu les jeunes de Lesbos, la drogue qui circule. On ne peut pas vivre sans espérance”, a affirmé Andrea Riccardi, le fondateur de la Communauté Sant’Egidio.
Ce 4 décembre, “quelques réfugiés sont arrivés et c’est un signe d’espérance. Mais c’est aussi le signe d’espoir de partager des couloirs humanitaires au niveau européen, ce que souhaite Sant’Egidio”, a conclu Andrea Riccardi, qui accueillait les 33 premiers réfugiés de Lesbos arrivés grâce à ce couloir humanitaire avec la Grèce.