Tunisie. OVERSEAS, une success story de coopération qui fait la différence (Fulvio Beltrami)

La Tunisie, à bien des égards pays ami et frère de l’Italie, où les jeunes ont remplacé le «American Style » par le « Italian Style » dans leurs aspirations immergées dans une réalité où coexistent laïcité et Islam, modernité et traditions anciennes ; traverse l’un des pires moments de son histoire, après la prometteuse Thawrat Alyasamin (la Révolution du Jasmin) de 2010 – 2011. La première des révolutions arabes que a malheureusement déraillé dans des impasses.

Démocratie en crise sévère, difficultés de relance industrielle et économique, inflation, grèves, migration des jeunes : la Tunisie semble au bord du chaos. La trajectoire de la dette de 46,7% du PIB en 2013 à 79,4% en 2022 est jugée insoutenable sans un programme de réformes structurelles, ce que le Président Kaïs Saïed ne peut pas faire, conscient qu’il affamerait des millions de ses concitoyens qui vivent eux-mêmes des subventions de l’État. C’est pourquoi il a récemment refusé le prêt du Fonds Monétaire International qui n’était rien d’autre qu’un Cadeau empoisonné.

Si d’une part le phénomène de migration des jeunes (notamment vers l’Italie et l’Europe) s’amplifie, il est également vrai que de nombreux jeunes de la “Génération Jasmin” restent dans leur pays pour lutter ensemble pour un avenir meilleur. Aujourd’hui plus que jamais, la Tunisie a besoin d’une véritable solidarité et d’actions concrètes de la part de la communauté internationale et surtout de l’Italie. Tout Italiens qui ont été en Tunisie savent à quel point ce pays et ses merveilleux habitants nous ressemblent.

L’un des secteurs d’emploi les plus importants pour les jeunes (souvent combiné avec le tourisme) est l’artisanat. L’artisanat tunisien n’a pas d’égal dans le monde tant la poésie de l’islam, le sens artistique qui caractérisait le pays jusqu’à l’époque de Carthage et la modernité s’entremêlent donnant vie à des objets d’une rare beauté jusque dans les ustensiles domestiques les plus simples à usage quotidien. Malheureusement, malgré les efforts louables du Gouvernement, le secteur de l’artisanat est menacé par la conjonction économique négative qui s’est produite immédiatement après la pandémie, qui est associée à des phénomènes préexistants qui sont maintenant en augmentation : contrefaçon, contrebande, raréfaction des ressources et entreprises qui ils doivent encore se remettre des blocages sanitaires.

Nous avons eu l’honneur d’analyser une initiative de solidarité spécifiquement destinée à l’artisanat tunisien menée par l’ONG italienne OVERSEAS, de Spilamberto, Modène fondée en 1971 qui opère en Tunisie depuis 2011, contribuant à répandre le parfum du Jasmin de l’Espoir. Dans le pays frère d’outre-Méditerranée, OVERSEAS développe depuis 12 ans des projets de coopération financés par des bailleurs publics, des entités privées et sur autofinancement. L’une des principales forces de cette ONG italienne est la présence continue de personnel italien au lieu du roulement habituel des travailleurs humanitaires, et sa capacité à créer de l’empathie et des synergies avec les bénéficiaires, considérée non pas comme un moyen muet pour obtenir des fonds pour des projets monumentaux, mais le but ultime de l’existence de OVERSEAS dans le pays, permettant ainsi de réaliser des rêves qui sont d’abord ceux de nos frères tunisiens.

En suivant l’histoire de cette ONG de Spilamberto, on ne peut que constater un chemin lent, équilibré, raisonné, efficace et tenace pour créer de réelles opportunités d’emploi pour les jeunes dans le secteur de l’artisanat visant à la formation technique et, surtout, au développement de débouchés commerciaux qui permettent aux jeunes Tunisiens d’apporter leur pain quotidien sur la table, d’être des citoyens autonomes et fiers et de sortir de la pauvreté sans avoir à emprunter le triste chemin de l’exil économique en Europe qui se termine trop souvent en tragédie.

Ces résultats ont été obtenus grâce à un lent chemin d’engagement entamé en 2020 qui s’est avéré fructueux grâce à la capacité de l’ONG à résoudre le maillon faible de tout projet de développement : la pérennité économique des interventions de micro-financement et la création d’entreprise et de travail à travers un réseau commercial solide et efficace.

Grâce à l’engagement constant et au professionnalisme des collaborateurs italiens et tunisiens, OVERSEAS a réussi à inclure les artisans en herbe et aussi ceux qui exercent ce noble métier depuis un certain temps, dans un système de soutien et de formation continus visant à l’amélioration constante de la qualité des produits afin de les revendre sur le marché national et étranger, d’augmenter les revenus et d’améliorer le niveau de vie des jeunes tunisiens, dont de nombreuses filles.

A cet effet, une marque commerciale bien reconnaissable a été créée : « ENA » (qui en arabe tunisien signifie « Moi ») est devenue en peu de temps une réalité établie et reconnue sur le marché de l’artisanat tunisien, pour le sérieux, la qualité et l’innovation des produits artisanaux. Caractéristiques, combiné à un travail commercial et marketing incessant, que a permis aux artisans tunisiens affiliés aux activités de OVERSEAS de vendre et d’exporter leurs produits en Italie, en France, en Autriche, en Allemagne, en Grèce et au Royaume-Uni, réalisant quelques dizaines de milliers d’euros en chiffre d’affaires qui en trois ans ils sont devenus des volumes et des chiffres d’affaires significatifs et projetés vers une croissance exponentielle à deux chiffres.

Ces objectifs importants ont été atteints grâce au projet AritHub promu par OVERSEAS fin 2022 et rendu possible grâce aux contributions de la Région Émilie-Romagne et de la Fondation Modène, deux importants bailleurs de fonds sensibles à une coopération ciblée, non dispersive et concrète, qui ont permis aux jeunes artisans (non bénéficiaires mais principaux acteurs économiques) de pouvoir vivre dignement de leur travail, exprimant pleinement leur créativité et leur goût esthétique et artistique.

Maintenant, dans une prochaine étape, un pôle multiservices est en cours de finalisation qui permettra aux artisans de planifier sérieusement leurs activités, réalisant d’importantes économies d’échelle, notamment sur l’approvisionnement en matières premières, et surtout donnera accès aux marchés internationaux, permettant aux artisans de surmonter facilement les diverses limitations techniques, économiques et bureaucratiques liées à l’exportation de produits vers des marchés complexes comme celui de l’Europe.

En plus d’une gestion sérieuse, prudente et dynamique, une grande partie de ce succès est due au partenaire stratégique avec la Coopérative italienne de commerce équitable OLTREMARE Soc Coop. qui fut le premier à permettre à ces artisans d’ouvrir une brèche vers de nouveaux marchés internationaux.

Grâce au soutien économique de la Région Émilie-Romagne et de la Fondation Modène, le nouveau pôle multiservices et la marque déposée pourront également compléter un processus de certification et de reconnaissance du commerce équitable qui permettra l’ouverture d’autres espaces commerciaux importants où jusqu’à présent les produits artisanaux de ArtiHub étaient présents de manière très limitée ; permettant ainsi aux artisans impliqués d’obtenir une amélioration réelle et durable des conditions économiques et de vie que d’autres projets de coopération ont rarement permis, des grandes Réussites qui font don à une petite ONG, qui souvent travailler dans le silence, de pouvoir jouir de grandes satisfactions.

Fulvio Beltrami